About digital economy and its impact on the society
La chronique de Sébastien PRUDENT.
Samedi 4 octobre 2014, le Conseil National du Numérique1 (CNNum pour les initiés) lançait au Numa à Paris sa grande concertation sur le Numérique. Avec la transition énergétique, la transition numérique est un des grands axes de renouveau de notre société (comme nous l’évoquions dans un article précédent sur « La révolution des contenus »), nous tenions donc à être là et à participer à la réflexion commune.
Le lieu du lancement de cette concertation n’est pas anodin, il est en effet le siège de l’association du même nom (Numa) qui fédère en Ile de France l’écosystème du numérique et se positionne comme catalyseur de projets et de start-ups dans ce domaine. L’événement consistait en une série de discours et de tables rondes sur le sujet transverse de la transformation numérique ; y étaient conviés professionnels et citoyens. On retrouvait parmi les intervenants des parlementaires, des membres du gouvernement (Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du Numérique, Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat chargé de la Réforme de l’Etat et à la Simplification et Manuel Valls, Premier Ministre) et des intervenants majeurs du numérique qu’ils soient du secteur privé ou public (Stéphane Distinguin, président de Cap Digital, David Monteau, directeur de la mission French Tech, Henri Verdier, directeur de la mission Etalab et administrateur général des données, Benoit Thieulin, président du CNNum, etc.).
Mais pourquoi organiser une telle concertation ?
La loi pour la confiance dans l’économie numérique de 2004 sert encore de cadre juridique dans le domaine, or on s’accordera à dire qu’en 10 ans le contexte a énormément changé (émergence du cloud, du big data, des objets connectés, d’affaires telles l’affaire Snowden…). Il s’agit donc aujourd’hui de mettre à jour ce socle réglementaire.
Par ailleurs, les enjeux liés au numérique sont multiples et conséquents. Aujourd’hui la dite économie numérique est évaluée à plus de 110 Mds d’euros (chiffres de 2010), soit 5% du PIB français et les analystes estiment à 100Mds d’euros le potentiel de PIB supplémentaire sur ce volet d’ici à 2020, soit 5 points de croissance. Pour ce faire il s’agit de rattraper un retard pris par nos entreprises dans la « digitalisation » de leurs activités (relation client, vente en ligne, etc.). Le constat est frappant : 62% des citoyens français achètent sur Internet, mais seulement 11% des commerçants nationaux vendent par ce canal. Il en résulte que les entreprises qui sont performantes dans cette dimension numérique connaissent 6 fois plus de croissance que les autres. Qui plus est, la transition va s’accélérer et les modèles économiques seront amenés à changer considérablement. Pour exemple, on peut citer l’émergence des objets connectés, ces derniers vont conduire nos industriels à devenir des fournisseurs de services en plus d’être des fabricants de matériel. Il s’agit là d’une des transformations majeures induite par le numérique.
Les opportunités sont également nombreuses du côté de la modernisation de l’Etat… ou de la « transformation de l’Etat » comme le précise Thierry Mandon. Ce dernier a, durant son intervention, présenté de premières actions concrètes. Par exemple, le décret du 1er août 2014 entérine la création du Système d’Information Unique de l’Etat, cette mutualisation interministérielle devrait conduire à plus d’interopérabilité des données, des coûts optimisés et des services optimaux. On peut également citer l’instauration par décret du partenariat d’innovation pour favoriser l’accès des TPE/PME à la commande publique, en particulier les entreprises innovantes manquant de premières références telles les start-ups. Le numérique est au cœur de la transformation de l’Etat, ce que résume très joliment M. Mandon : « Sur nos badges aujourd’hui il est indiqué ‘Citoyen numérique’, mais si on les retourne on lit numérique citoyen, et je suis en effet convaincu que le numérique peut être l’outil d’une nouvelle citoyenneté ! ». On ne peut qu’abonder en son sens, qui plus est au vu de l’initiative récente dans le domaine de la culture avec le budget collaboratif de la ville de Paris, bel exemple de démocratie 2.0.
Mais la réflexion doit aussi porter sur les risques inhérents à l’adoption et à la pénétration croissante du numérique dans la société. Les questions de liberté et de sécurité sur les réseaux sont nombreuses, il s’agit donc de rappeler les droits fondamentaux du citoyen dans ce nouveau contexte et de définir les moyens de contrôle collectifs et individuels. On pense bien entendu aux problématiques liées au stockage et à l’utilisation des données personnelles, mais plus largement il est important de prendre conscience du bien commun que représente l’Internet et des menaces qui pèsent sur lui. Nombreux sont ceux (Etats ou multinationales – nul besoin de les citer) qui veulent gouverner sur la toile et une vision citoyenne doit émerger sur ce point pour être portée dans les plus hautes instances internationales.
La transformation est extrêmement profonde et il est donc capital que les Français en prennent conscience, se positionnent et contribuent. C’est l’objectif de cette concertation numérique qui doit permettre en se nourrissant des propositions faites par tous de définir une nouvelle feuille de route pour la France. Il faudra donc collectivement répondre à cette question centrale que rappelait Benoit Thieulin : « dans quelle société numérique voulons-nous vivre ? »
#contribuez à l’ambition numérique de la France !
4 grands thèmes sont proposés et tout le monde est invité à répondre :
1. Croissance, innovation, disruption
2. Loyauté dans l’environnement numérique
3. La transformation numérique de l’action publique
4. La société face à la métamorphose numérique
Il s’agit là d’un grand défi auquel la France doit faire face. Nous nous devons d’être créatifs, innovants (« trouver les coups d’après » comme le disait un intervenant) et rassembleurs. Il faut que ces évolutions soient une bonne nouvelle pour tous, la société numérique ne doit pas être le lieu d’une fracture numérique.
La concertation s’étalera sur 4 à 5 mois, nous vous invitons à tous y participer sur http://contribuez.cnnumerique.fr/ et si quelques termes ou expressions telles « la disruption » ou encore « la loyauté dans l’environnement numérique » peuvent vous sembler abscons ou galvaudés, ne vous arrêtez pas sur ce point et faites leur part de toutes vos bonnes idées !
Sébastien Prudent
1 Le Conseil National du Numérique est une commission consultative indépendante créée en 2011 et ayant pour mission de formuler et rendre publics des avis et recommandations sur toute question relative à l’impact du numérique sur la société et sur l’économie. http://www.cnnumerique.fr/
WUKALI 05/10/2014