A famous French brigand acting during the Regency period in France


Gilles Henry raconte l’histoire de Cartouche, le plus célèbre bandit de l’Ancien Régime.
Le 28 novembre 1721, Louis Dominique Garthausen dit l’enfant, dit Cartouche, était roué place de grève à Paris. Il avait été arrêté grâce à la trahison d’un de ses complices moins de deux mois auparavant, n’avait rien reconnu en subissant la question, mais devant l’échafaud, la veille, il avait donné une longue liste de ses affidés. De fait, après son supplice ce ne sont pas moins de 161 personnes qui seront exécutées (dont son épouse) et 59 condamnés par contumace.

Cartouche, voilà un nom qui a traversé l’histoire, qui est entré dans la longue liste des plus illustres auteurs de faits divers. Car il n’était qu’un voleur, un assassin sans pitié, mais qui a su dés son époque cultiver son image. Nous sommes sous la Régence, « l’élite » politique est corrompue, avec Law l’argent semble facile, des fortunes se créent en quelques jours et disparaissent encore plus vite. Après les longues années de rigueur morale qui ont marqué la fin du règne de Louis XIV, on assiste à une libéralisation des mœurs, à un vrai changement de société qui, de fait, trouvera son aboutissement à la Révolution.

Cartouche est un fils de son époque : ses parents sont domestiques, il travaille jeune (valet, chocolatier etc) mais surtout comme ses frères et sœurs, très vite il est « coupe bourse », voleur. Né en 1693 ou 1695, sa carrière est fulgurante puisqu’il a moins de 30 ans quand il est exécuté.

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On aurait aimé une explication sur les circonstances, sur la personnalité de Cartouche pour comprendre comment, si jeune, dans cette société là, il a pu devenir un chef de bande si important. Cette explication, on ne la trouve pas dans le dernier livre de Gilles Henry. Tout au plus trouve-t-on page 222 ce début d’explication : « L’expérience de Law a déclenché un bouleversement qu’un personnage comme Cartouche illustre à sa manière, avec les aspirations refoulées du peuple de Paris et de la France entière. » On aurait aimé une vraie analyse au lieu de longues digressions totalement inutiles sur le devenir de l’Abbé de Saint Albin (fils illégitime du Régent), la vie de la famille de Luzerne pour laquelle travaillait le père de Cartouche, où les habitants de telle ou telle rue de Paris. Ces développements peuvent trouver leurs place si ils expliquent la personnalité de Cartouche, mais c’est loin d’être le cas, ils ont leur place dans une thèse mais là, ils font plus « remplissage » que tout autre chose.

Gilles Henry entre les chapitres intercale les « écrits » de Thomas-Simon Gueullette sur Cartouche. Thomas-Simon Gueullette, substitut du procureur royal a connu son heure de gloire surtout grâce à ses contes (Les mille et un quarts-d’heure, Les nouveaux contes de fées) et à son théâtre (La confiance des cocus, Arlequin Pluton) qui le moins que l’on puisse dire ne sont pas passés à la postérité. J’ai mis des parenthéses à écrits, car indéniablement l’auteur les a souvent réécrits, au vu du style, voire même à des références que Gueullette auraient eu du mal à faire comme les photographies de Nadar. De fait on a plus l’impression qu’il a gardé de ces écrits tout ce qui pouvait faire du remplissage comme la généalogie d’un commissaire de Police ou de tel ou tel personnage rencontrant Cartouche.


Le vingtième siècle a aussi célébré Cartouche, ici incarné par Jean-Paul Belmondo dans un film grand public de Philippe de Broca (1962).

A la fin du livre, on ne sait pas plus qu’avant sa lecture qui était Cartouche, qu’elles furent ses motivations. Tout au plus comprenons-nous que de son vivant il avait une vraie renommée (au moins deux pièces de théâtre lui furent consacrées) sans que l’on comprenne pourquoi lui et pas un autre « hors la loi » comme il y en avait tant à Paris à cette époque. Cartouche n’était qu’un chef de bande qui est passé à la postérité. Deux siècles après, on aurait parler d’«apache» et Marie Antoinette Néron (épouse de Cartouche) serait Casque d’Or. Cartouche, c’est en quelque sorte le Mesrine de la Régence. En France on a toujours aimé les bandits, les assassins ; les faits divers ont toujours connu un grand succès.

Cartouche n’était que l’auteur d’une longue liste de faits divers à base de vols et d’assassinats, rien de plus. Soit il fut le roi du pavé de Paris, mais guère plus de deux ans. On aurait aimé savoir pourquoi la postérité a entretenu sa mémoire. Ce n’est pas dans ce livre que l’on trouvera la réponse à cette question.
Félix Delmas


Cartouche, Roi du pavé de Paris

Gilles Henry

Éditions du rocher. 21€


WUKALI 23/02/2015


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