CT scan of 1,000-year-old Buddha statue reveal mummified remains of meditating monk Liuquan
Quelle ne fut pas la surprise de l’équipe scientifique du Drents Museum de la ville d’Assen aux Pays-Bas, quand ils découvrirent à l’intérieur d’une statue d’un Bouddha envoyée récemment de Chine pour examen et qu’un gasto entérologue et un radiologue soumettaient à des techniques d’imagerie médicale (tomodensitométrie assistée-CT scan- et endoscopie. centre médical Meander), la momie complète d’un moine chinois dont la mort remonte au 12ème siècle. Les statues de Bouddhas contenant des restes momifiés sont rarissimes et c’est la première fois qu’une telle statue sort de Chine. Les chercheurs hollandais ne pensaient y trouver que de faibles reliques. Pour mener à bien cet examen délicat et rare (il le serait à moins !), il a fallu mettre au point et adapter un endoscope spécifique. Le Netherlands Time relate cette découverte.
Des échantillons de substances non identifiées furent extraits de la cage thoracique et abdominale vide d’organes ce qui constituait en soi une énorme interrogation. Des test ADN vont être diligentés. La plus grande surprise qui stupéfia les chercheurs fut la découverte à l’intérieur de l’espace thoracique vide de rouleaux de papier recouverts d’idéogrammes chinois très anciens.
Cette statue de Bouddha va faire l’objet d’une toute prochaine exposition au musée national d’Histoire naturelle de Budapest jusqu’au mois de mai 2015.
Selon les spécialistes de la Chine ancienne tel le professeur Erik Brujin qui supervise l’examen scientifique, il semblerait que le moine ait appartenu à l’école bouddhiste de méditation Liuquan. Plus étrange encore, voire gore, on aurait affaire là à un exemple d’auto momification.
Les moines s’adonnant en effet sur une durée de quelques années à des pratiques rituelliques de contrôle de soi et qui aboutissaient à un processus de momification naturelle cheminant lentement vers la mort. À cette fin voulue, pendant les mille premiers jours de leur ascèse ils cessaient de se nourrir n’acceptant que de s’alimenter de noix, de graines et de baies, et accomplissant des efforts physiques intenses afin de se débarrasser de toute graisse superflue. Puis dans les 1000 jours suivants ils n’acceptaient pour régime alimentaire strict que des écorces et des racines. Avant l’issue fatale ils buvaient de grandes quantités de thés vénéneux et toxiques obtenus à partir de la sève de l’arbre urushi ( RhusVerniciflua) qui pousse sur les contreforts de l’Himalaya, mais que l’on rencontre aussi au Japon, en Chine, en Corée, à Taiwan, au Vietnam, en Birmanie, au Cambodge, comme dans le royaume du Buthan ( la noix de cajou ainsi que la pistache appartiennent à la même classe botanique). L’absorption de ce thé toxique provoque des vomissements et entraîne une rapide perte de poids. En outre, ce thé sert aussi de répulsif contre les parasites et protège ainsi la dépouille l’empêchant ainsi de devenir la proie des vers et des bactéries qui auraient tôt fait de faire disparaître toute trace tissulaire après la mort.
Au bout de six ans environ de cette stupéfiante descente vers le néant, le moine se prépare à mourir. À cette fin tel un foetus opposé, il se claquemure dans une tombe dont les limites ne sont pas plus grandes que son propre corps et entre alors en méditation assis jusque dans le moment ultime dans la position du lotus qu’il ne quittera plus. Seul un roseau lui apporte dans les ténèbres l’air nécessaire à sa respiration. Il signale au monde extérieure qu’il est toujours en vie en agitant une petite clochette. Quand la clochette ne tinte plus, on retire alors le roseau et le tombeau est scellé pour une période de deuil rituellique de mille jours.
Une fois ce deuil achevé, la tombe est alors ouverte afin de constater si la momification a bien pris, si tel est le cas, le moine est élevé au rang de Bouddha et sa dépouille est retirée et installée dans le temple où elle est soumise à adorations. Si le sort a été contraire, le moine est réinstallé dans sa tombe, honoré pour sa force d’âme, mais ne fera pas l’objet d’un culte
Cette pratique de thanatopraxie n’est pas exclusive de la Chine, elle a aussi été beaucoup utilisée au Japon ou elle a duré jusqu’à son interdiction au 19ème siècle ( les moines momifiés de Yamagata. Sokushinbutsu (即身仏). Très récemment encore, on a découvert de telles momies en Sibérie.
Pierre-Alain Lévy
Illustration de l’entête: la statue du Bouddha à gauche, et son image sous scan CT à droite laissant apparaître le squelette.
WUKALI 24/02/2015