From radical mafias to terrorism


La Documentation Française vient de publier un numéro spécial consacré à la radicalisation violente, un sujet qui fait plus que jamais actualité depuis les attentats de janvier. Ce dossier a été présenté lors d’une conférence qui s’est tenue dans la librairie du quai Voltaire par Monsieur Cyrille Schott, préfet de région, directeur de l’Institut national des hautes études sur la sécurité et de la justice (INHESJ) et par Monsieur Manuel Palacion, rédacteur en chef des Cahiers de la sécurité et de la justice.

Pourquoi décide-t-on, à un moment donné, de recourir à une forme de violence politique radicale ? Qu’est-ce qui détermine les passages à l’acte de violence ? Comment un groupe social entier va-t-il utiliser les rapports de force pour tenter de répondre à ses fins ? Pourquoi une partie de la jeunesse peut-elle être tentée de recourir à la lutte armée ? C’est ce à quoi tentent de répondre les chercheurs, les universitaires, les hauts fonctionnaires mais aussi les acteurs opérationnels, au contact des réalités de terrain de ces violences radicales et qui se livrent dans ces Cahiers au décryptage de la violence radicale.

L’objectif de la revue est de mobiliser un certain nombre de connaissances concernant les questions de sécurité intérieure. L’idée du numéro a été pensée avant même les attentats de Charlie Hebdo et s’inscrit donc pleinement dans l’actualité, sans pour autant se circonscrire au phénomène du radicalisme islamique. La revue donne une typologie des différentes formes de violences collectives, les violences collectives ou idéologiques. Toutes les formes de radications ne sont pas violentes : la radicalisation peut aussi passer par les idées, les pratiques culturelles ou celles du quotidien. Il y a aussi la violence identitaire, le groupe qui se constitue « contre », comme celles des Sinkheads ou des Hooligans : « j’affirme ma manière d’être par la violence ». Le phénomène n’est pas récent.

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Pour expliquer de façon purement causale la chute dans la violence, les éléments politiques – la complexité du système géopolitique – sociaux et religieux se croisent, ainsi que des parcours individuels souvent marqués (c’est le cas pour la France) par des ruptures familiales et sociales, sans pour autant tomber dans un déterminisme absolu. La revue pose également la question des réseaux : celui de la prison évidemment où vont se croiser et s’échanger les doctrines, et celle d’internet. La toile est devenue un vecteur incontournable, extrêmement efficace de la propagande. Sur les jeunes en colère contre la société, le rôle de l’Internet et de l’image jouent un rôle fondamental. La revue pose aussi une analyse comparative : la France n’est pas la seule touchée par le phénomène. Comment cela se passe-t-il dans les pays comme le Royaume-Uni qui se revendique d’un modèle communautaire ? Car un même phénomène peut avoir des raisons d’être différentes. Et pour finir, quelles réponses peut-on y apporter ? Le phénomène est compliqué, y répondre également : les réponses éducatives, comme la répression sont des manières d’y répondre parmi bien d’autres. Et la question de la surveillance n’est pas simple, comme en ont témoigné les nombreuses protestations de la société civile lors du vote de la loi sur le renseignement.

Ambroise A. Evano


La Radicalisation violente

Cahiers de la sécurité et de la justice. La Documentation Française. 17€60


WUKALI 23/06/2015

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