A talkative and brilliant showman on stage with jazz
Théâtre, cinéma, et enfin la musique ! Elle est entrée par la petite porte. Est restée trop longtemps dans les coulisses. Pas fait pour la musique Jacques Gamblin ? Que l’on ne nous raconte pas d’histoire !
Au contraire, si, on adore qu’il nous la raconte son histoire. C’était au Grand Théâtre de Provence (GTP) le 6 novembre dernier à Aix. La musique, elle se faufile et glisse sur scène joyeusement, et dès les premières notes on vibre, on s’enthousiasme. Il nous embarque dans son passé. Il est question de ses premiers pas, ses balbutiements au piano, à la guitare, à la batterie… jubilatoire, même si l’on souffre avec lui.
Il nous parle encore de ses amours dans un texte au rythme fou. Le comédien se met en scène et nous livre ses aventures, nous fait des confidences, avec des musiciens formidables, des amis, des complices. L’acteur musicien est aux anges : le Jazz l’attrape, le happe, et si on se pose la question « Qu’est ce que le djazz fait à sa djambe ? » la réponse est aisée : Du bien, assurément. « «Je veux vous dire ce que la musique me fait, et ce que ma djambe me fait, puis, par résonnance, à ma hanche, à mes tripes et ainsi de suite en passant par le cœur jusqu’à la tête et non l’inverse !» commentera Jacques Gamblin. C’est physique, organique, pulsionnel et ça s’improvise entre les lignes. Alors sa djambe gigote… et plus encore. Un grand moment du spectacle !
Ça swingue fort quand il revisite la naissance du Bip bop, ou quand il s’interroge sur la perception du son. Et nous de franchir avec lui le mur du même nom. Les musiciens sont des vrais partenaires. Mais Jacques Gamblin est lui aussi, un musicien doté d’un incroyable sens des nuances. Pour preuve, il sait parler, on le savait ; jouer, ce n’est pas nouveau non plus ; et on découvre avec ravissement qu’il maitrise le slam, joue avec le funk, le groove, le bop et le blues. Il sait créer des refrains énigmatiques, des textes narratifs accrochés aux notes de musique – On ne comprend pas toujours tout ce qu’il nous dit, certes, la cadence est rythmée et il serait bon de réécouter ses mots tant le phrasé est singulier, mais qu’importe. L’essentiel est ailleurs, dans cette audacieuse et irrésistible envie de dire la musique et la jouer en même temps.
«Chaque soir, il faut repartir de rien, et monter, monter le long de cette corde tendue entre les dieux et les hommes que l’on appelle la musique et qui promet à celui qui l’emprunte de connaître l’illumination d’un soir !» confie Laurent de Wilde, à la direction musicale de ce Jazz à sept. On songe à Jacques Gamblin de « Pédale douce », le film qui le révélait véritablement au grand public. On se souvient de l’acteur grimé en homme d’affaire homosexuel et stripteaseur, un rôle qui lui valut une nomination pour le César du meilleur second rôle masculin. Mais si l’acteur sait faire rire, il ne se cantonne pas à la comédie. « Au cœur du mensonge » de Chabrol, « Les Enfants du marais », de Becker, ou encore « Laissez-passer », de Bertrand Tavernier, un premier rôle très remarqué qui lui permettra de décrocher le Prix d’interprétation masculine au festival de Berlin en 2002. On n’oublie davantage « Mademoiselle », où il est tout simplement magnifique aux côtés de Sandrine Bonnaire. Un drame sentimental qui donne une belle intensité à la légèreté. Un film qui fait la part belle aux petits bonheurs de la vie, qui durent parfois peu mais qui marquent à jamais ! On le touche du doigt le bonheur dans ces moments précieux du spectacle qui n’auront duré qu’une heure trente certes, mais dont on gardera le souvenir pour toujours ! «L’illumination d’un soir», disait Laurent de Wilde.
Pétra Wauters
Jacques Gamblin
Qu’est-ce que le D’jazz fait à ma djambe ?
Textes de Jacques Gamblin
Compositions, arrangements et direction musicale, Laurent de Wilde
Interprète Jacques Gamblin
Piano Laurent de Wilde
Contrebasse Jérôme Regard
Batterie Donald Kontomanou
Trompette Alex Tassel
Saxophone Guillaume Naturel
Platines DJ alea
Le prochain spectacle s’intitule :
1 heure 23″ 14′ et 7 centièmes
WUKALI 07/11/2015
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