Photography, a tool to personal investigation


Chefdeville est un être à la dérive : ce photographe exigeant, doté d’un caractère que certains jugent « difficile » a connu son heure de gloire, mais il est victime d’un syndrome de Korsakoff (carence en vitamine B1 entraînant des oublis) du à son alcoolisme profond, ce qui ne l’empêche pas de boire énormément malgré le traitement pour le sevrage qu’il suit. Être à la dérive, seul depuis que son épouse lui interdit de voir ses deux filles, il traîne son mal-être de bar en bar entre deux hospitalisations.

Un jour, au fond de son portefeuille, il trouve un photomaton au dos duquel est inscrit un prénom (Emma) et l’adresse d’une ancienne boite de nuit. Il part à la recherche de cette inconnue pour retrouver une partie de son passé effacée de sa mémoire. Sur son chemin il fera sortir de l’oubli la tragique histoire de Joseph Bismuth et de son modèle Sarah, rencontrera son ancien agent, Zimmerman, un truand amateur de photographie et surtout Ombeline qu’il souhaite qu’elle devienne l ‘égérie de son nouveau film (en super 8 et non en numérique) devant, théoriquement, être un hommage à Nicéphore Niepce mais qui n’a rien à voir avec l’inventeur de la photographie, mais bien plus à sa quête actuelle.
Petit à petit les synapses de son cerveau malade se remettent en place, et notre héros retrouve progressivement la mémoire : soit son enquête était pour le moins « dirigée » par un être intéresse non par lui mais par son œuvre, mais il trouve l’amour et renoue avec son talent passé.

Voilà en quelque sorte le synopsis de ce livre écrit par un amateur et fin connaisseur de la photographie et de ses artistes. Chefdeville, cet alcoolique chronique boit pour mieux fuir la réalité mais surtout entretenir ses rêves, ses aspirations déçues.

Olécio partenaire de Wukali

L’Amour en super 8 est un livre sur une certaine bohème, non celle des artistes méconnus, mais celle de ceux qui connurent le succès et en furent détruits. Si l’angle d’approche est original (les effets du syndrome de Korsakoff), si le style de Chefdeville est clair, incisif, le résultat n’est pas totalement à la hauteur de ce qu’il devrait être, il y a comme une sorte de manque de « liant » entre les chapitres, souvent des suites de scènes dont certaines ne s’inscrivent pas parfaitement dans l ‘ensemble, d’où parfois, des difficultés à en retrouver l’unité même. Mais ce peut être un parti pris de l’auteur pour mieux montrer les effets de la maladie dans la vie de son personnage, et donc ce qui gêne le modeste lecteur que je suis, peut donc être considéré comme la vraie plus value du livre.

Émile Cougut


L’Amour en super 8
Chefdeville

éditions Le Dilettante.17€50


WUKALI 16/03/2016
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