An award-winning author pondering over the theme of responsibility, death or life

L’extraordinaire livre de[** Pietro Degli Antoni*], Bloc 11, publié en collection de poche. Nous connaissons l’extraordinaire pièce de théâtre d’[**Emmanuel Roblès*] : Montserrat, voire le roman de [**Frédéric Dard*] : Le sang est plus épais que l’eau (et oui Frédéric Dard n’a pas écrit que des romans policiers en plus des San-Antonio), on connaît le théme : le chef d’un réseau de partisans doit se dénoncer sinon les prisonniers seront fusillés un par un. De là s’ensuit des études psychologiques poussées montrant bien des aspect de la nature humaine face à la mort.

[**Piero Degli Antoni*] revisite ce théme dans[** Bloc 11 *] et il le revisite bien, très bien : à [**Auschwitz*] a eu lieu une évasion, dix détenus sont désignés pour être passés par les armes en représailles, mais au dernier moment, le commandant du camps Karl Breitner, les fait enfermer dans la buanderie. Ils ont la nuit pour désigner celui qui devra mourir, les autres seront graciés. A eux en quelque sorte de désigner le bouc émissaire. Très vite, deux d’entre eux sortent et sont remplacés par un Paul, officier SS qui a désobéi et par une femme, Myriam. Il y a là Moshe qui se livre à tous les trafics à partir d’objets qu’il récupère au Kanada, lieu où sont entreposé tous les objets confisqués aux arrivants, Berkovitz, un richissime homme d’affaires qui a prêté des sommes importantes aux industriels allemands, Jan, un musulman, c’est à dire un homme à l’article de la mort, Jiri, un homosexuel, Élias un rabbin, l’époux de Myriam qui n’a pas voulu que fuit sa fille Ida comme Moshe s’était proposé de faire alors qu’ils étaient encore dans le ghetto de Varsovie, Otto, un politique, un communiste, chef du réseau de résistance du camp, Jacek ancien footballeur, un Kapo, Alexey, l’assistant du chef du baraquement. Tous se révèlent avoir fait dans le passé des actions qui sont loin de les honorer, sauf peut-être Jan et Myriam qui eux sont prêts à se sacrifier pour le groupe, l’un parce qu’il sait qu’il va mourir de toute façon, l’autre car depuis la disparition de sa fille, elle n’a plus aucune raison de vivre, même l’amour sincère que lui porte Moshe et qu’elle partage. Mais les autres veulent vivre, tous ont une plus ou moins bonne raison de vouloir vivre comme Berkovitz qui veut se servir de son argent en Suisse pour combattre les nazis ou Otto qui doit s’évader cette même nuit pour faciliter l’avance ds troupes soviétiques.

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En même temps, Breitner apprend à son fils Félix à jouer aux échecs, développant toute une théorie guerrière de ce jeu, fait de technique, de psychologie et de très peu de chance et de hasard, et le nom qu’il donne, à la demande de son fils, à certaines pièces du jeu n’est autre que celles des prisonniers de la buanderie.

Comment faire pour ne pas faire de choix ? Comment désigner un être humain pour qu’il soit tué ? Comment surtout faire en sorte que se soient eux collectivement qui gagnent et non le commandant sadique ?

Et 50 ans après à New York un inconnu frappe à la porte du logement où vivent Moshe et Myriam…

Piero Degli Antoni décrit parfaitement chaque personnalité avec ses bons et ses mauvais côtés, cherchant partout, dans les moindres détails l’humanité de chacun et à travers eux de l’espèce humaine : « Ici, le temps d’une nuit, nous avons l’occasion de redevenir des hommes. Tous égaux. Et on va partager ce pain ». La rédemption à travers le partage du pain, tout parallèle avec le christianisme ou la religion juive doit être fait ! Tous sont lucides, et si un se met en quelque sorte à rêver, un de ces compagnons le remmène toujours à la réalité. Lucidité ou contre-sens historique, Moshe en 1944 perçoit déjà que les révisionnistes existeront dès la sortie de la guerre.

Même dans la pire des horreurs, même dans l’inimaginable, tant qu’il y a de la vie, l’homme existe et, la plus part du temps, pas toujours, semble nous dire Piero Degli Antoni, se sont ses meilleurs aspects qui finissent par apparaître.

[**Bloc 11*] est roman émouvant, puissant qui nous fait espérer que même dans le noir absolu, nous saurons trouver la lumière qui nous guidera hors de notre cachot.

[**Émile Cougut*]|right>


Bloc 11
Piero Degli Antoni

Édition de l’Archipel Poche. 6€80


WUKALI 01/10/2016
*Courrier des lecteurs *] : [redaction@wukali.com

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