A brilliant essay about a monk who lived during the Carolingian epoch (9th century), discussions about theology

[**Gottschalk*] (le serviteur de Dieu) ou Godescalc d’Orbais, fils de comte Berno, noble saxon christianisé dont le peule a été christianisé par l’action de [**Saint Ambroise*] et surtout par les armées de [**Charlemagne*], est un moine du IX siècle (805-868 ou 869). Il rentre au couvent comme oblat, c’est à dire que ses parents le donne à l’église alors qu’il n’est qu’un enfant. Au monastère il s’instruit et découvre l’œuvre de [**Saint Augustin*] dont la théorie de la prédestination et du libre arbitre. Ses écrits et sa démarche (il demande à un tribunal ecclésiastique le droit de retourner dans la vie civile) lui vaudront les foudres de l’église : il sera condamné, obligé de brûler une partie de son œuvre. Il a pour principaux adversaires [**Raban Maur,*] abbé de Fulda, disciple d'[**Alcuin*] et conseiller de[** Louis I le Pieux*], puis [**Hincarm*], évêque de Reims qui est l’auteur de pas moins trois traités sur la prédestination écrits avant tout pour répondre aux théories de Godescalc et surtout les récuser.

De fait, Godescalc développe une théorie « révolutionnaire » pour son époque autour du concept de prédestination : Dieu est le seul maître du destin de tous les hommes, peu importe qu’il nous ait placés dans la catégorie des élus ou des damnés ; il en résulte qu’aucun pouvoir humain ne peut s’imposer aux hommes et leur dicter leur conduite. Ses thèses resurgiront plus de mille ans après avec [**Spinoza*], la réforme protestante autour de[** Luther*] et surtout [**Calvin*], ou plus récemment chez [**Foucault*] et bien des théologiens catholiques.

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[**Ariel Suhamy*] signe un livre qui entremêle brillamment la théologie, l’histoire, voire le roman et nous dessine une époque bien éloignée de la nôtre dans son fonctionnement et sa culture. Il est certain que sans ses efforts pédagogiques, il eut été parfois difficile de comprendre pourquoi ses contemporains s’insurgeaient contre sa pensée. Enfin, pas tous, car ce qui est déroutant pour un homme occidental du XXIème siècle est l’importance du religieux dans la vie quotidienne et surtout politique du début de l’empire carolingien. Le souverain participe aux synodes, aux conciles, allant même parfois, comme Charlemagne a intervenir directement, à imposer des actes liturgiques. Entre deux des fils de Louis I le Pieux : l’empereur[** Lothaire*] et [**Charles le Gros*], roi de la Francia occidentalia, la religion est un vrai instrument politique entre leur main. Et si certains de ces puissants « protègent » Godescalc, d’autres le combattent car perçoivent à travers lui la remise en cause de leur pouvoir
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Certes, ce livre n’est pas toujours facile à lire quand l’auteur aborde les subtilités théologiques résultant de la pensée de Saint Augustin autour de la simple et de la double prédestination, mais même le non sachant arrive à en percevoir les contours. En revanche, sa description de la société carolingienne, l’importance de la parole donnée, son fonctionnement, le rôle de l’église aussi bien séculière que régulière est particulièrement intéressante et nous permet de mieux comprendre son évolution d’un état de fait très « centralisé » vers le système féodal dont elle porte tous les prémices.

[**Félix Delmas*]|right>


Godescalc Le moine du destin
Ariel Suhamy

Alma éditeur. 22€


WUKALI 01/10/2016
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