Epicentrum of an artistic revolution
[**Mexique 1900-1950: Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clémente Orozco et les avant-gardes*], tel est l’intitulé de l’exposition à découvrir jusqu’au 23 janvier 2017 au Grand Palais.
Cette exposition sur l’art du Mexique rassemble plus de 200 oeuvres picturales, des peintures murales, des dessins, des sculptures, des gravures et photographies et des vidéos provenant de collections mexicaines, de collections internationales ou de fonds privés.
Elle divisée en quatre parties : l’art avant la Révolution, le Mexique et la Révolution, les autres visages de l’école mexicaine et hybridations : rencontre de deux mondes.
A découvrir. Dépaysement garanti, même si l’art du Mexique au XXe siècle est étroitement connecté aux avant-gardes internationales, nous sommes parfois un peu perdus. Il nous faut des repères que cette exposition nous offre.
C’est à la fois singulier et puissant. Comment peut-il en être autrement avec des artistes tels que [**Diego Ribera, Frida Khalo, José Clemente Orozco, David Alfaro Siqueiros*] et d’autres encore, pour la plupart moins connus du grand public, et c’est bien dommage. Voilà une belle occasion rencontrer des artistes mexicains d’envergure qui ont vécu dans cette période majeure de l’histoire artistique nationale. L’occasion encore de voyager à travers les différents courants picturaux qui ont marqué le pays.
Au tournant du XXé siècle, symbolisme et décadentisme trouvent au Mexique des expressions fascinantes comme le célèbre tableau d’[**Angel Zarraga*], La femme et le Pantin (1909). Parmi les artistes mexicain en contact avec l’avant-garde parisienne, l’un des plus connus d’entre eux est sans nul doute [**Diego Rivera*].
Il fait partie des « trois grands », «los Tres Grandes» , avec [**José Clemente Orozco*] et [**David Alfaro Siqueiros*]. Cette expo rend aussi un bel hommage à [**Frida Kahlo*]. Certains ont gardé en mémoire « Frida », le film sorti en 2003, dans lequel on découvre l’artiste, interprétée par Salma Hayek, son mari Diego Riviera, joué par Alfred Molina. Leurs styles, si différents, bousculent et parfois dérangent.
Diego y Frida ou Retrato doble Diego y yo, une huile de 1944 nous montre tout ce qui unit le couple, mais aussi tout ce qui les sépare. Diego esquisse un sourire forcé, tandis que Frida fixe avec gravité le spectateur. Frida utilise deux éléments que l’on retrouve fréquemment dans son œuvre, le soleil et la lune, symbole du masculin et du féminin, mais aussi deux astres qui se complètent, mais dont l’union est impossible, l’un chassant l’autre.
L’exposition nous fait découvrir d’autres femmes fortes.
« L’arbre Frida Kahlo ne doit pas cacher la forêt de personnalités extraordinaires, comme [**Nahui Olin*],[** Rosa Rolanda*], ou les photographes [**Tina Modotti*] et [**Lola Alvarez*] Bravo » nous dit-on. Assurément le chemin parcouru fut long et parfois semé d’embûches pour ces artistes. On songe à [**Leonora Carrington*], issue d’une riche famille anglaise, qui finit par être acceptée dans le cercle des surréalistes – bien qu’elle soit une femme – et qui, après Londres et Paris, s’installera au Mexique en 1943. [**Marie Izquierdo*] (1902 – 1955) fut quant à elle la première a exposer ses œuvres hors du Mexique. On peut découvrir un étrange autoportrait de ce peintre, qui se met en scène dans une attitude de femme puissante.
On découvre ainsi comment la révolution mexicaine a pu influencer ces artistes. Le muralisme et le graphisme ont permis toutes les audaces et Rivera de montrer la voie. Lui qui découvrira les courants d’avant-garde en Europe, comme le postimpressionnisme et le cubiste, les réinterprétera dans un langage qui rappellera ses origines mexicaines. L’artiste, pourtant consacré de son vivant, y compris aux Etats Unis, verra bon nombres de ses fresques censurées et parfois même détruites car Rivera était pour beaucoup trop engagé dans les combats politiques de son époque.
La création artistique des années qui ont suivi la révolution revêt un caractère idéologique mais cela ne se fera pas sans souffrances. On entre dans cette bataille idéologique au fil des salles. David Alfaro Siqueiros un des activistes communistes les plus virulents aura à plusieurs reprises à rendre des comptes aux autorités. Impressionnant son Autoportrait « le Grand Colonel » de 1945. Dans un tout autre style, et sans équivoque, l’œuvre de [**Wolfgang Paalen*], Le génie de l’espèce (os formant un pistolet de 1938.
La troisième partie de l’exposition est particulièrement intéressante. Elle permet de découvrir des artistes se présentant comme des alternatives aux discours idéologiques de cette époque grâce à des œuvres telles que les masques hallucinants de [**Germán Cueto*], considéré comme l’un des sculpteurs les plus audacieux de l’avant-garde mexicaine, ou encore les portraits de [**Robert Montenegro*], un des pionniers de l’art contemporain, ami de Diego Rivera et qui s’est exprimé avec bonheur aux travers de supports très différents. On découvrira encore une autre facette de Gerardo Murillo « Dr. Atl » qui sont ses abstractions colorées, sans oublier encore une autre révélation , [**Rufino Tamayo*] aux œuvres puissantes, l’héritage de l’art précolombien et la peinture moderne occidentale, et les nombreux tableaux exposés au Grand Palais témoignent de son ouverture d’esprit et de son génie.
La quatrième partie, Rencontre de deux mondes : Hybridation ou comment l’art mexicain a pu s’épanouir aux Etats Unis. Depuis le début du XXe siècle, la présence d’artistes mexicains aux [**États-Unis*], a joué un rôle primordial pour les mouvements d’avant-garde de grandes villes comme [**New York*]. On songe à [**Marius de Zayas, Miguel Covarrubias*] ou encore aux grands muralistes. Inversement, du fait de la notoriété acquise par les artistes mexicains à l’étranger au début du XXe siècle, [**Mexico*] devint une destination privilégiée pour de nombreux artistes étrangers à la recherche de nouvelles cultures, s’intéressant notamment aux arts précolombiens ou aux rites liés à la mort. Mexique, terre d’exil, mais pas seulement. Une terre de rencontres, d’expériences, de collaborations avec des artistes mexicains. Des liens privilégiés se tissent entre le mouvement surréaliste et le Mexique. [**Carlos Mérida, José Horna, Leonora Carrington*] ou encore [**Alice Rahon*] s’installent à Mexico pour poursuivre ses échanges fructueux marquant le point de départ d’une nouvelle étape sur le devant de la scène artistique.
L’exposition ouvre un nouveau volet et se termine avec [**Mathias Goeritz*], un artiste allemand qui a trouvé refuge au Mexique en 1949, ou encore de [**Gabriel Orozco*], (né en 1962 au Mexique) qui vit entre le Mexique, les États-Unis et la France et qui avoue volontiers être sans « atelier fixe ». C’est un artiste contemporain incontournable qui nous fait quitter les années 50 et nous fait faire un bond en avant avec : « Havre Caumartin », des « frottages » pris dans le métro parisien, une œuvre datant de 1999.
**Exposition*] [Mexique 1900-1950: Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clémente Orozco et les avant-gardes
Grand Palais. Paris. jusqu’au 15 janvier 2017
ouverture : tous les jours de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h. Fermé tous les mardis et le 25 décembre. Fermé à 18h les 24 et 31 décembre
Commissaire [**Augustín Arteaga*]
scénographie [**Atelier Jodar Architecture*]
Cette exposition est organisée par la RMN-Grand Palais et la Secretaría de Cultura, Instituto Nacional de Bellas Artes, Museo Nacional de Arte, Mexico
WUKALI 06/10/2016
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