They joined the Red army to fly and fight against the nazi Luftwaffe, most died in mission
Le sous-titre nous informe du contenu de ce livre : les aviatrices soviétiques contre les as de la Luftwaffe. On connaissait bien l’histoire de l’escadrille Normandie-Niemen, mais bien moins, en France, l’histoire des aviatrices soviétiques, alors qu’en [**Russie*], elles sont encore des exemples, des véritables héroïnes dont la mémoire est encore honorée. La plupart sont mortes pour défendre leur pays ; bien sûr, elles étaient embrigadées idéologiquement par une propagande très prégnante, mais ce sont les circonstances, leurs réactions, leur dévouement, leur talent qui firent qu’elles sortirent de l’anonymat.
Les circonstances se résument à l’invasion de la Russie par les troupes allemandes en [**1941*], l’effondrement de l’armée rouge, les allemands aux portes de [**Leningrad*] et surtout de [**Moscou*]. Une femme, [**Maria Raskova*] (Раско́ва Мари́на Миха́йловна), aviatrice soviétique déjà célèbre décide de créer la première unité combattante de l’armée de l’air : les 586, 587 et 588 régiments. [**Macha, Lilia, Vera, Katia, Galia*] et tant d’autres s’enrôlent. Certaines avaient déjà volé, travaillé dans des aéro-clubs, d’autres rêvaient de voler, d’autres avaient des connaissances techniques leur permettant de devenir mécaniciennes.
C’est l’histoire de ces dizaines de jeunes filles, dont les plus âgées n’ont pas encore 30 ans que nous compte[** Liouba Vinogradova*]. Pour ce faire elle a accompli un véritable travail d’enquêteur, d’historienne, à partir des archives mais aussi des témoignages des survivantes ou de personnes qui les ont connues, qui ont combattu avec elles.
L’auteur nous peint la personnalité, les rêves, les envies de chacune. Leurs doutes aussi et surtout tous les obstacles qu’elles rencontrèrent pour pouvoir non seulement avoir un avion mais surtout pouvoir combattre. Car nous sommes en 1941 et les préjugés, souvent condescendants de leur hiérarchie, masculine, sont forts, même dans la patrie du socialisme ! Et pourtant, à force de volonté, à force d’énergie, elles font la démonstration qu’elles sont aussi « performantes » que les hommes, qu’elles aussi n’hésitent pas à mourir pour libérer leur pays.
Liouba Vinogradova nous décrit la vie sur le front de l’est, la terrible [**bataille de Stalingrad*] où plus d’une perdit la vie, la vie quotidienne dans les centres d’entrainement, les relations parfois difficiles entre les pilotes hommes ; la vie de ces jeunes femmes qui essaient de rester féminines dans un univers qui, le moins que l’on puisse dire, ne pousse pas à développer ce caractère de leur personnalité. Elle décrit les privations, les rapports souvent difficiles entre les pilotes et les mécaniciens, les attentes, l’adrénaline des combats, l’absurdité de certaines morts, le matériel, surtout au début, totalement obsolète qui laisse peu de chance face aux avions allemands et à des pilotes bien entrainés aux combats aériens. Et pourtant, malgré un très lourd tribu, petit à petit, « l’espoir changea de camps, le combat changea d’âme ».
Le livre s’achève le 30 juillet 1943 quand[** Lydia Litviak*] (Лидия Владимировна Литвяк) ne rentre pas d’une mission. De fait, c’est son histoire à elle, jeune fille issue d’un milieu modeste, pilote de génie, rebelle, assez indisciplinée, qui sert de fil conducteur à ce livre. Et son histoire est d’autant plus forte que l’on n’a jamais identifié son corps, que comme son père avait été victime de la répression stalinienne, sa mémoire a été salie. Officiellement elle est toujours portée disparue et longtemps certains ont fait courir la rumeur qu’elle était une espionne au service des nazis, alors qu’elle a un des plus beau « palmarès » de l’aviation soviétique.
Au milieu de ce livre se trouvent des photos, des jeunes filles pleines de santé, pleines de vie, qui sont au tout début de leur vie d’adulte, certaines très belles. Et quand on a achevé ce livre, il faut les revoir et ce dire que pour la plus part, un an après que ces photos furent prises, elles étaient mortes.
Comme dit le poète : « quelle saloperie la guerre ». Et nous en avons encore plus conscience quand le quotidien des « soldats de base » nous est décrit. C’étaient des femmes qui ont fait le sacrifice de leur vie pour que leurs familles, leurs amis, leur patrie, les générations futures que peu d’entre elles connaîtront, ne vivent pas sous la coupe d’une idéologie mortifère. Elles étaient russes, communistes certes, nous ne pouvons qu’honorer leur mémoire en se demandant si nous aurions eu le courage et l’abnégation dont elles firent montre.
[**Les combattantes
Liouba Vinogradova*]
éditions Héloïse d’ Ormesson.25€
*Courrier des lecteurs *] : [redaction@wukali.com
WUKALI 21/11/2016