Philippe Decressac a famous photograph of nature and for sure a strong defender of earth preservation and conservation of environment
– [**Philippe Decressac, la parution de vos photographies de paysages et animalières dans la collection« Terres Authentiques» éditée par TohuBohu constitue sans nul doute un événement éditorial en cette fin d’année 2016, trois albums sous coffret consacrés au Québec, à l’Islande et à la Laponie. Comment êtes vous devenu ce preneur de paysages et de beautés naturelles qui parcourt le monde ?*]
– [**Fixer des animaux ou photographier des paysages dans des conditions physiques et climatiques contrastées nécessite un matériel sophistiqué, d’autant plus quand les conditions de prise de vue sont difficiles et sous des climats peu amènes, quels type de boitiers et quels supports argentiques ou numériques privilégiez-vous ?*]
La transition vers le numérique s’est faite progressivement. Tout aussi intéressé par le matériel photographique que par la photo elle-même j’ai acquis dès la fin du « siècle dernier » les premiers boîtiers numériques. C’était cher et peu probant à l’époque mais la révolution était en marche et rien ne l’arrêterait. C’est vers 2005 que j’ai complètement basculé et je n’ai conservé du matériel argentique que pour le noir et blanc. Et lorsque la maison[** Leica*] a sorti en 2012 son[** Monochrom*], un boîtier numérique qui ne produit que des fichiers en noir et blanc, mon vieux[** Rolleiflex*] a rejoint les Leica de la série M3 à M6 dans la vitrine de collection. Je les chouchoute tout de même au cas où la nostalgie leur ferait reprendre du service.
– [**Le numérique a-t-il constitué pour vous une rupture, une révolution avec vos pratiques antérieures ?*]
Le numérique n’a pas profondément changé mes méthodes de travail, sauf pour la photo sous-marine. Pouvoir en effet disposer en plongée d’un nombre de prises de vues quasi illimité alors que l’on était bloqué à 36 vues en argentique change radicalement l’approche et donne un confort extraordinaire. Mais pour le reste j’essaie de faire dès la prise de vue des photos bien exposées en paramètrant mes boîtiers selon le sujet à traiter et mes goûts du jour. Je double evidemment en raw dans l’hypothèse d’un jpeg intéressant mais accidentellement mal exposé. Pour la photo de nature pour laquelle je recherche la fidélité par rapport au sujet traité, le raw dans ma pratique photographique n’est pas une finalité mais une roue de secours. Je trouve, par ailleurs, le post-traitement ennuyeux et je préfère passer le maximum de temps sur le terrain. Je limite ce post-traitement dans la pratique au recadrage, très confortable en animalier, surtout pour les petits sujets comme les oiseaux. En paysage je pousse parfois un peu les curseurs quand la lumière naturelle est vraiment trop plate mais rien de plus.
– [**On vous imagine comme un baroudeur de la photo à travers le monde, un globe trotter new-look, qu’en est-il réellement ?*]
La publication de photos, les expositions ou les concours ne m’ont jamais attiré. Le partage avec ma famille et mes amis me suffisait largement et mon épouse [**Anne*] a toujours été ma meilleure critique. Ma vie « médiatique » en tant que photographe s’est limitée au don de quelques clichés pour illustrer des revues scientifiques. Il est vrai que mon métier m’exposait déjà beaucoup et la photo était en quelque sorte mon jardin secret. C’est seulement à la fin des années 2000 que j’ai songé à la publication de livres de photos. En fait pour plusieurs raisons. Ma carrière professionnelle opérationnelle s’achevait au profit d’activités de conseil laissant une plus grande disponibilité. J’avais eu la chance de pouvoir parcourir les plus grands sanctuaires animaliers terrestres et sous-marins de la planète et cette chance me donnait quelque part une obligation de témoigner. De manière plus existentielle j’ai pensé que la publication de livres laisserait une trace plus durable que celle de ma vie professionnelle. J’avoue enfin que j’ai un petit sujet avec le numérique. C’est un support extraordinaire pour le partage et il offre de surcroît un rendu très flatteur des photos. Mais pour moi le seul vrai support pour la photographie est le papier et, par ailleurs, rien n’est plus sacré que le livre.
– [**Parlez-nous de vos livres ! *]
Je me suis« fait la main» en 2011 avec un premier livre sur les [**Étangs de Ville-d’Avray*] que je photographie depuis 35 ans à toutes les saisons. Un microcosme de verdure remarquablement préservé en région parisienne abritant une faune diversifiée. Encouragé par le succès surprenant d’une si petite « niche » photographique j’ai publié l’année suivante un livre sur[** Belle-Ile en Mer*]. Je photographie ce paradis breton depuis plus de 20 ans, vu du ciel, de la terre, de la mer et sous la mer. La aussi l’accueil a été très positif et le livre est aujourd’hui presque épuisé.
J’ai donc engagé en 2013 une publication beaucoup plus ambitieuse:« [**Couleurs*]». Il s’agit d’un livre exclusivement animalier de près de 300 pages présentant les faunes les plus diversifiées avec une approche chromatique. Le livre est ,en effet, chapitré selon la charte RVB et les couleurs complémentaires. Sur les mêmes pages peuvent ainsi se côtoyer du fait de leurs similitudes chromatiques un insecte amazonien, un mammifère africain, un oiseau arctique ou un poisson indonésien.
En 2014 j’ai publié« [**Paysages*]». Ce livre présente sur un grand format les paysages les plus caractéristiques de notre planète. Il débute avec le blanc de l'[**Artique*], se poursuit avec les pastels [**européens*], les jaunes de l'[**Atlas*], les verts [**tropicaux*], les rouges [**namibiens*] et se conclut avec les blancs de l'[**Antartique*]. J’aurais dû être plus ambitieux sur le nombre de tirages car nous étions en situation de pénurie 3 mois après le lancement. La publication de livres n’est vraiment pas une science exacte !
– [**Vous êtes cependant revenu une fois au noir et blanc, non ? *]
Oui effectivement, en 2015 j’ai fait «une parenthèse» en noir et blanc avec le livre «[**Pierre Noire, Pierre Blanche*]». Cet ouvrage réalisé intégralement au Leica Monochrom est un récit photographique à la rencontre de la roche originelle et de sa transformation progressive en témoin de l’histoire humaine.
– [**Vous n’avez pas hésité par ailleurs à faire récemment de la photographie sous-marine, sacré défi, bravo !*]
Merci, oui début 2016 retour à l’animalier et aux couleurs flamboyantes avec la publication de «[** Portraits sous-marins*]», un ouvrage volumineux de près de 400 pages sur la faune corallienne et surtout un témoignage. Plus de 50% des massifs coralliens que j’ai parcourus en 30 ans ont aujourd’hui disparu et le reste aura totalement disparu avant tente ans, faute de mesures drastiques. On ne le dira jamais assez !
C’est mon grand bonheur, en effet en cette fin d’année 2016 j’ouvre une nouvelle collection,«[** Terres authentiques»*], avec un premier coffret comprenant le [**Québec,*] l'[**Islande*] et la [**Laponie*]. Si tout se passe bien il sera suivi par la [**Mongolie*], la [**Namibie*], la [**Patagonie*] et les [**pays celtes*]. Ces territoires, dont certains sont encore très sauvages, sont authentiques non par l’exclusion de l’homme mais par sa présence respectueuse et sa capacité à vivre en harmonie avec un héritage inestimable. Ce n’est donc pas seulement un cri d’alarme mais aussi une raison d’espérer !
[**Philippe Decressac. Carnets Photographiques
Collection Terres Authentiques
Trois livres sous coffret: Québec, Islande et Laponie*]
éditions TohuBohu. 39€
*Contact *] : [redaction@wukali.com
WUKALI 23/11/2016