A French photographer in Hong Kong, an exhibition of pictures of an amazing beauty !
Le photographe, l’artiste que nous présentons dans notre rubrique du mois, [**Olivier Barbaud*] vit et est installé à[** Hong-Kong*] depuis plusieurs dizaines d’années. Comment l’avons nous découvert, c ‘est en soi toute une aventure et c’est aussi quelque part la métaphore de notre civilisation mondialisée et de la puissance ainsi que du rayonnement d’internet. Cela mérite d’être conté!
Tout s’est opéré en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, pour reprendre la formule consacrée. Voici le déroulé des faits : un courriel arrive sur mon ordinateur, j’en prends connaissance à la seconde, un court texte d’un photographe qui se présente accompagné de 4 photographies, belles, denses, mystérieuses, d’évidence elles ont été prises en Chine, on y voit des gens au travail, des livreurs, des artisans, un monde moderne qui s’oppose à un monde traditionnel, bref une polysémie et une esthétique qui me plaisent bien. Immédiatement je réponds à ce courriel et propose à l’expéditeur d’exposer dans WUKALI. Il me répond pareillement par e-mail moins de 5 minutes plus tard intéressé par ma proposition, j’essaie de lui téléphoner, la communication n’aboutit pas, qu’importe on utilisera Skype ! J’ai en ligne Olivier Barbaud, c ‘est lui qui m’a contacté, la communication est longue, parfaitement claire, dense, l’échange est passionnant et amical, je découvre un personnage intéressant, cultivé, installé et travaillant à Hong Kong depuis près de vingt ans, on discute pendant près d’une heure, on échange longuement. Quel bonheur aussi de découvrir que [**WUKALI*] est lu et connu jusqu’en Chine… !
Olivier Barbaud est un médiateur, un passeur d’images, né à [**Marseille*] au sein d’une famille d’artistes – sa mère est peintre et son père photographe- il se nourrit durant toute son enfance de magazines photographiques qui abondent dans l’atelier paternel, il étudie les arts plastiques à l’École des Beaux-Arts de [**Grenoble*], puis voyage et s’installe au bout du monde en[* Chine*] ou plutôt à[** Hong Kong*]. [*香港*] , une ville très particulière, une concession octroyée aux Anglais en [**1842*] et rétrocédée à Pékin en [**1997*]. Olivier Barbaud découvre un pays en mutation, en gestation, binaire, multiforme où le passé se confronte au temps moderne, dans l’indifférence des habitants qui ne voient pas se déliter sous leurs yeux les témoignages humains, culturels ou architecturaux d’un temps passé. L’oeil, le regard photographique d’Olivier Barbaud a conscience de tout cela, il enregistre dans ses boîtiers, dans ses appareils, ces moments de transition, ces juxtapositions d’images afin que selon ses mots « Hong Kong ne perde pas ses marques». Il photographie les artisans de rue, les serruriers, les restaurateurs, les venelles et leurs habitants, la jeunesse et l’enfance, les architectures, les chats, les ombrelles et les parapluies (une nécessité pur se protéger tant de la pluie violente que l’été des brûlures du soleil!), toute une population en activité, nuit et jour, car on ne compte pas son temps dans cette partie du monde!
Il aime se promener dans la ville dont les bâtiments s’élèvent vers le ciel à défaut d’avoir pu couvrir un espace territorial réduit du fait même de son histoire. La ville en soi n’est pas très grande, on est très loin de ces mégalopoles chinoises tentaculaires et sans âme. Hong Kong est de la taille d’une ville comme Grenoble ou Nantes, on peut à pied traverser la ville du nord au sud en moins d’une heure. Les Français ont supplanté les Anglais dans le territoire, ils forment même la première communauté d’expatriés, 3.000 à 4.000 en 1990, la communauté française de Hong Kong est forte aujourd’hui de 25.000 personnes ! Il parcourt l’Asie prépare des expositions, il bourlingue.
Olivier Barbaud aime Hong Kong, c’est un lieu inspirant, il travaille la photographie à la manière d’un sculpteur, d’un modeleur, » je considère la photographie comme un lieu de recherches, nous a-t-il confié, un laboratoire d’images ( il tient beaucoup à cette expression), je propose et les gens découvrent, c’est comme un brouillon, une terre glaise, je la manie, je la mélange, je la pétris, c’est une matière palpable, je la travaille comme un plasticien tout en respectant le travail photographique. Je suis très pointilleux dans mon travail, je juxtapose sans apporter de modifications. J’aime explorer différentes pistes, différents styles. »
«En réalité, je fais de l’écriture visuelle, une sorte de composition graphique et de couleurs, chaque série de photos je l’associe à une chanson, c est une forme plastique qui dépasse le papier glacé, c’est intemporel çà vit, cà jaunit, çà craque!».
[**Olivier Barbaud*] aime à se ressourcer, quelques fois il marche longuement pour aller voir un arbre, un ficus, où les Chinois par tradition accrochent des mandarines sur lesquels ils ont écrit un voeu. Aujourd’hui les mandarines sont en plastique ! Olivier a appris le cantonais qu’il parle aujourd’hui couramment, il connait bien les[** Chinois*] pour le meilleur et pour le pire… Il a travaillé comme plasticien dans des usines de fabrication de jouets et ici les 35 heures font sourire. Il donne aussi des cours de français et d’anglais, le temps, la montre là-bas en Chine, perd ses limites !. Ah [**Paris*] en fait rêver plus d’un et pas seulement pour un sac [**Louis Vuitton*] ! Ëtre un européen à Hong Kong vous laisse parfois de longs moments de solitude!
Nous évoquons la «révolution des parapluies» de 2014 à Hong Kong qui a fait flop (Voir dans la case «Recherche», écrire: «Hong Kong», pour trouver les articles). Il parle de la Chine, il parle de l’intérieur d’un pays qu’il connait bien et sa parole mérite d’être écoutée et entendue ! Je regarde à distance ses photographies, ce petit peuple de Hong Kong, ces univers qui se croisent ou se percutent, entre silence et trépidations et où les chats comme toujours mystérieux et hautains nous observent et nous jugent…
*Contact *] : [redaction@wukali.com
WUKALI 10/02/2017