A real crime in France just after the war. Sex, passion, love, moral, crime and justice, an intricated mixture !
Voilà une exofiction (biologique romancée) que publient les éditions [**French pulp*] d’un auteur, le regretté [**Serge Jacquemard*] qui fut un bon auteur de roman policier.
[**Pauline Dubuisson*] voilà un nom qui aujourd’hui n’interpelle plus, et pourtant ! De fait, qu’est-ce que l’affaire Pauline Dubuisson ? Un simple fait-divers qui a énormément marqué la France de l’après-guerre. Un simple fait divers comme les médias nous en abreuvent chaque jour. Des faits-divers même à cette époque il y en avait beaucoup, d’ailleurs dès que la presse populaire vit le jour au XIX siècle, les ventes se faisaient avant tout à partir des faits-divers tous plus sordides les uns que les autres. Alors pourquoi celui-ci sort-il du lot ? Pourquoi [**Henri-Georges Clouzot*] en a-t-il fait un film (La Vérité) avec [**Brigitte Bardot*] et [**Sammy Frey*] ? [**Mauriac*] a bien eu la même démarche à partir d’un fait divers bordelais en écrivant Thérèse Desqueyrou. Et que dire de l’affaire [**Marie Besnard*] qui n’est rien de plus qu’un fait-divers à [**Loudun*] dont on parle encore aujourd’hui. Bien sûr Pauline Dubuisson est moins célébre et quelque peu oubliée, mais elle représente beaucoup, elle est le symbole d’une époque.
Cette époque c’est celle de la[** France*] d’après-guerre, une France qui a du mal à oublier, mais qui est aussi honteuse, où les résistants de la dernière heure crient plus fort que les vrais, ou certains essaient de se faire pardonner leur lâcheté durant l’Occupation. C’est une époque aux mentalités très différentes de la nôtre. La femme avait encore le statut de mineur que lui conférait le code Napoléon et elle avait un rôle social bien défini : se marier et élever les enfants. La bonne ménagère que l’on voit encore sur les publicités de l’époque. Et on a tendance à oublier le poids de l’éducation, de la religion et des « qu’en-dira-t-on ».
Être la seule fille d’une fratrie de quatre à [**Dunkerque*], élevée dans une famille protestante où il ne faut surtout pas montrer ses sentiments, où il est quasiment impossible de communiquer avec ses parents, ce n’était pas facile, même si son père lui montra des trésors d’empathie. Les Allemands gagnent la guerre, avec son éducation qui lui dit de mépriser les faibles et de n’avoir du respect que pour les forts, normal que Pauline soit attirée par eux. Et en plus quand on est sensuelle, à la limite, parfois dépassée de la nymphomanie, on couche! Et Pauline couche, couche avec n’importe qui, jeune, vieux, elle aime le plaisir sexuel et elle ne se gène pas. Pourtant, elle n’a que 13ans au début de la guerre.
Bien sûr à la Libération, elle est tondue, violée par des « résistants », condamnée à mort et sauvée au dernier moment par son père.
Pauline est intelligente, très intelligente et elle fait partie de ces rares jeunes femmes à cette époque qui peuvent poursuivre des études supérieures. Elle poursuit donc des études de médecine à la faculté de[** Lille*]. Là, elle rencontre Félix, un jeune étudiant de [**Saint Omer*] qui tombe follement amoureux d’elle. Mais Pauline passe son temps à le tromper, à l’humilier. Le jeune homme, après bien des souffrances finit par rompre et part poursuivre ses études à Paris. Là il rencontre Monique et ils se fiancent. 18 mois ont passé, Pauline est de plus en plus désorientée et déçue de sa vie, elle veut renouer avec Félix car elle le croit toujours amoureux. Elle se rend à [**Paris*] et devant le refus du jeune homme de renouer avec elle, en janvier 1951, elle le tue et tente de se suicider.
Son jugement est un procès à charge, ni le procureur, ni le président, ni le terrible Maître [**Maurice Garçon*] ne la croient et font d’elle le portrait d’une vicieuse égoïste, manipulatrice, calculatrice. Il faudra tout le talent de Maître [**Paul Baudet*], son avocat pour qu’elle ne soit que condamnée à perpétuité et non à la guillotine comme requis par le procureur. Elle restera 8 ans en prison, reprendra ses études en changeant de prénom, partira au [**Maroc*] craignant d’être reconnue où elle fait preuve d’un grand dévouement pour les enfants dans un dispensaire. Mais son passé est son passé, et celui-ci finit par la rattraper quand elle doit expliquer à l’homme qui vient de la demander en mariage qu’elle est Pauline Dubuisson.
Qui était Pauline Dubuisson : une égocentrique, une femme très libérée à une époque ou cela était inconcevable, une calculatrice implacable ? A-t-elle prémédité de tuer Félix ? Ses tentatives de suicide (4 avant le procès) sont elles véritables ou des mises en scènes ? Plus d’un pense encore que c’était sa vraie personnalité.
Pauline Dubuisson est-elle victime de son milieu social, de son époque ? N’était-elle pas profondément dépressive ? N’était-elle pas pleine d’une réelle empathie ? Ce qu’elle fit pour ses anciennes codétenues et aux petits Marocains semble le prouver. Et surtout et avant tout n’aimait-elle pas Félix, du moins à sa façon et pas à celle que tout un chacun attendrait d’une jeune fille de bonne famille ?
La vérité se trouve au milieu de toutes les réponses que l’on peut donner à ces questions. Ce qui est certain c’est que Pauline Dubuisson a énormément souffert durant toute sa vie.
Comme l’écrit le grand poète[** Hafiz*] dans son recueil les Ghazels : « en pleine angoisse, ne perds jamais l’espoir car la moelle exquise se dissimule dans l’os le plus dur » .Mais un jour Pauline Dubuisson n’arriva pas à trouver l’exquise moelle.
[**L’affaire Pauline Dubuisson
Serge Jacquemard*]
éditions French Pulp.18€99
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WUKALI 26/02/2017