About all the boring complainers, a psychonalysis study
Qui ne connaît pas le petit poussin noir, un morceau de coquille sur la tête, à qui il arrive mille avanies et qui achève chacune de ses histoires par la fameuse phrase : « c’est vraiment trop injuste ». Le psychanalyste analyse ce syndrome et apporte des pistes pour essayer de devenir moins râleur. Il part d’un constat que chacun peut tout faire : tous les êtres humains sont plus ou moins râleurs. Nous avons tous en nous plus ou moins consciemment des ressentis négatifs, des sensations d’injustice, parfois même nous sommes victimes de faits qui se sont passés avant même notre naissance et cependant ont guidé l’éducation que nous donnèrent nos parents. Mais la grande majorité des personnes ne sont pas continuellement dans le négatif, dans le fatalisme, dans la récrimination, alors que le Caliméro lui n’arrête pas de geindre, de se plaindre, parfois jusqu’à dérégler ses équilibres physiques.
De nombreuses études ont parfaitement démontré le lien qui existe entre le fonctionnement du psychisme et la survenance des maladies. Relisons le regretté [**Léon Schwartzenberg*]. Non seulement les victimes du syndrome Caliméro se détruisent, mais en plus ils peuvent détruire leur entourage, voire pour le moins les lasser. Car dans le meilleur des cas la personne qui passe son temps à se plaindre, qui ne dispense qu’une vision négative de sa vie en particulier et de la Vie en général, finit par lasser, les interlocuteurs se « ferment », deviennent de moins en moins empathiques et souvent finissent par partir. Et bien sûr de telles réactions ne font que renforcer le syndrome. Une sorte de cercle vicieux. En plus, et c’est aussi la finesse de l’analyse de Saverio Tomassella, ce que certains ressentent comme étant injuste ne l’est pas pour un autre. L’injustice est une notion culturelle et propre à chacun, d’où la difficulté de pouvoir instaurer un vrai dialogue autour du fait « injuste » et des conséquence qu’il peut avoir.
[**Saverio Tomassella*] est psychanalyste aussi nous présente-t-il comme traitement une démarche autour de l’analyse, voir de la psychothérapie. L’aide d’un tiers qui permet de détecter en nous les maux cachés, les souffrances qui n’ont pu être entendues et qu’il est nécessaire de surmonter pour retrouver un sens positif à la vie. Il conseille aussi une sorte d’auto-analyse avec la rédaction quotidienne sur un cahier de tous les mots que l’on ressent, leurs causes ; mais aussi tous les bons moments de la journée. Progressivement, mais n’est-ce pas la base de la démarche freudienne, les non-dits, les blessures cachées remontent et peuvent être cicatrisées. Certains détracteurs diront qu’il y a rien de neuf sous le soleil, que la recette est vieille non comme le monde mais comme [**Freud*], force est de constater qu’elle a obtenu des résultats non négligeables.
Là ou je pourrais mettre un petit bémol, ou plus exactement un petit regret, c’est que Saverio Tomassella n’analyse pas les « vrai-faux » Caliméro. Il y a des personnes qui « jouent » sur leur syndrome (plus ou moins réel) Caliméro mais dont la sincérité prête à discussion, puisque leur but est trouver une victime à détruire. Combien de manipulateurs pervers ont pour « paravent » un syndrome Caliméro. Plus que ne semble le sous-entendre l’auteur. En tout cas des manipulateurs pervers j’en ai et j’en croise encore (j’ai appris à les reconnaître à mes dépends) et tous, pour se faire plaindre ont les symptômes du syndrome de Caliméro tel que le décrit Saverio Tomassella. Mais c’est juste une petite réflexion après la lecture de ce livre très bien écrit, sans grandes digressions écrites dans un charabia technique, qui aborde un mal être, un mal vivre qui touche bien des personnes. Un livre qui nous invite à avoir plus d’empathie, de compréhension vis-à-vis des râleurs professionnels.
[**Le syndrome Caliméro
Saverio Tomassella*]
éditions Albin Michel. 19€
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WUKALI 16/03/2017