Africa and its magical inspiration
À travers une cinquantaine de tableaux et d’aquarelles, l’exposition « Mangroves et forêts nuages d’Afrique » plonge dans l’univers fantasmagorique de l’artiste marseillais [**Pierre Graziani*].
Une troisième exposition d’art contemporain en quelques mois. Trois artistes se sont succédé au Musée Granet, exposant chacun à leur manière leur rapport à la nature. Rapport à la nature locale, avec [**Olivier Bernex*], inspiré par le massif du Garlaban, près de Marseille, avec [**Henri Cueco*], décédé le 13 mars dernier, qui a fait tout un travail autour de[** Cézanne*], en quelque sorte son œuvre-testament, et enfin avec [**Pierre Graziani*], né à Marseille en 1932, très attaché à son territoire mais qui nous parle dans l’exposition qui lui est consacrée, d’une nature beaucoup plus lointaine, l’Afrique. Paysages, motifs interprétés, revus, réinventés, ré- imaginés aussi, mais toujours à partir de ses sensations premières, de cette impression que l’artiste ressent devant ces mangroves, ces forêts africaines qu’il aime tant. Heureusement, Pierre Graziani en est revenu. Des forêts dans lesquelles il aime se perdre, plonger, s’immerger, commente [**Bruno Ely*], le Conservateur du Musée Granet le jour du vernissage.
Il souligne le travail formidable d’[**Aurélie Clémente-Ruiz*], la commissaire d’exposition, qui a su si justement immerger le public dans la peinture de Pierre Graziani. « Dès que nous rentrons dans ces salles, nous sommes littéralement environnés ; nous nous retrouvons à l’intérieur même de ces forêts, de ces mangroves, avec tous les mystères qui émergent de ces couleurs , de ces formes que l’artiste a su saisir. C’est une œuvre qui ne ressemble a aucune autre. Dans ce travail, la lumière, l’ombre et l’obscurité se disputent en permanence. La lumière est particulière, elle appartient à une démarche très personnelle, de ce contact permanent avec son motif ; il va travailler très concrètement en réalisant des croquis et des études sur les lieux même et il développera ses motifs dans son atelier, souvent à ciel ouvert, dans la nature qui l’environne, pour justement essayer de retrouver les dimensions parfois écrasantes, souvent très imposantes, de cette nature qu’il a choisie. »
Le conservateur parle encore de l’intérêt du Musée Granet pour l’art contemporain. « En son temps Cézanne, a été un peintre contemporain. On n’a pas su l’écouter, on n’a pas su le regarder. Il faut impérativement aujourd’hui avoir cette curiosité, cette ouverture d’esprit, et être capable de s’ouvrir à l’art de notre temps ».
Il remercie encore la Fondation Total qui soutient ce projet : « C’est sans doute le mécène le plus fidèle du musée Granet depuis 2006, depuis la réouverture du musée et notamment pour Cézanne en 2006 , Picasso Cézanne en 2009, pour « le Grand Atelier du midi » (Marseille Provence capitale de la culture) en 2013, et tout récemment en 2016, pour l’exposition « Camoin dans sa lumière ». Plus que jamais la Culture a besoin de soutiens, a besoin d’être portée, par nos institutions, par nos collectivités, et puis aussi par la société civile, et la société au sens large. Le mécénat est essentiel, déterminant pour nous ».
Après avoir appartenu au groupe surréaliste d’[**André Breton*] dans les années 1950, Pierre Graziani continue sa carrière à Paris, à New York et en Corse, avant de découvrir l’Afrique en 1980. Ses tableaux seront d’abord influencés par le Sahara algérien. Puis, au cours de ses nombreux voyages, il découvre notamment le Mali, le Kenya, le Burundi, le Cameroun, avant de poser définitivement ses valises au Gabon, en 1983. Il vit aujourd’hui entre Paris et le Gabon. Il y repartait du reste dès le lendemain du vernissage.
L’artiste s’est dit surpris par l’exposition, heureux de redécouvrir la forêt avec laquelle il croyait vivre et qu’il croyait si bien connaître. «J’ai vu ici d’autres horizons, d’autres lumières». Il espère que cette forêt va l’accompagner encore, et reconnaît avec humilité et humour qu’elle ne lui appartient pas. «Elle va voyager, et je la suivrais toujours» . Son amour pour le continent africain s’exprime à travers ses œuvres colorées où la nature, luxuriante, leur donne une dimension spirituelle et parfois fantomatique. « C’est un artiste multiforme », confie d’Aurélie Clémente-Ruiz, il peint, il écrit, c’est un poète. Il y a, à travers ses toiles, toute la Mangrove, toute l’Afrique et toute la lumière de ce beau continent africain qui éclaire le musée Granet. Pierre Graziani est né à Marseille, donc baigné de lumière dès sa plus tendre enfance, et c’est ce que l’on retrouve ici, la lumière, la couleur, la nature.
Quand on demande à la jeune femme comment s’est fait le choix des tableaux exposés elle avoue qu’il a fallu « sacrifier » certaines œuvres également très belles. «Pierre Graziani a tellement peint, il a tellement d’œuvres, des centaines dans son atelier, et uniquement sur la Mangrove ! Il a d’autres périodes. Quelques mois de réflexions ont été nécessaires pour y arriver et je ne me suis concentrée que sur les Mangroves et forêts nuages d’Afrique. J’ai rencontré Pierre Graziani il y a un peu moins de deux ans, il m’a ouvert les portes de son atelier et laissé carte blanche.»
[**L’idée de cette exposition est d’emmener le visiteur en voyage*].
Cette exposition transporte l’imaginaire du visiteur dans une végétation exubérante où les forces brutes du continent africain apparaissent. On se retrouve par moment au bord d’un espace mystique, d’une nature originelle, et on plonge littéralement dans cet univers. Le peintre peint en extérieur, voilà qui fait une grande différence dans les sensations retranscrites. On se laisse attraper, on est immergé, voilà un mot qui est revenu souvent, car il est si juste et c’est cette immersion qui provoque de belles émotions enveloppantes. Des teintes sourdes, parfois lumineuses ou plus terreuses, forment des paysages où la nature reprend ses droits. Loin de la présence des hommes, ces mangroves abritent des esprits qui s’expriment aussi dans les tableaux de Pierre Graziani. C’est une plongée dans une nature primitive et sensuelle, où la matière même de la peinture incarne les motifs. Quelques citations de l’artiste viennent enrichir le propos. Elle complètent, expliquent joliment le travail pictural de l’artiste. Couleurs, lumière, lyrisme se retrouve aussi dans sa plume !
[Exposition Pierre Graziani.
Mangroves et forêts, nuages d’Afrique
Musée Granet. Aix en Provence->http://www.museegranet-aixenprovence.fr/expositions/prochainement/mangroves-et-forets-nuages-dafrique.html]
A découvrir jusqu’au 16 avril 2017
Du mardi au dimanche de 12h à 18h. Fermeture hebdomadaire le lundi.