When a choregrapher knows how to speak to children


Le spectacle d’[**Arthur Perole*], Rock’n chair, s’est joué du 5 au 8 avril 2017 au Pavillon noir d’[**Aix en Provence*]. Les jeunes spectateurs (à partir de 8 ans) ont appréhendé de manière ludique et interactive la fabrication d’un spectacle. Et les parents aussi, étaient ravis !
Et si la danse était un jeu d’enfant ? Et si la danse était un jeu de société ? Un jeu avec des cartes à jouer, des consignes, des cartes à danser ? Un jeu de hasard aussi parfois ? C’est à qui le tour, qui doit piocher ? Chic, un joker !

Après avoir créé en 2010 la Cie F, [**Arthur Perole*], danseur chorégraphe qui commence à se faire un nom dans le milieu de danse contemporaine, est parti en tournée dans des écoles à la rencontre du jeune public. Des enfants du primaire et des collégiens qui, pour la plupart, ne rentraient pas vraiment « dans la danse » et se posaient beaucoup de questions. Ils lui avouaient ne pas tout comprendre, ne pas avoir les clés, et ne pas pouvoir émettre d’avis. Qu’à cela ne tienne, le chorégraphe allait trouver la solution. S’ils ne vont pas vers la danse, la danse ira à eux ! Pour cela, il fallait questionner le regard du spectateur, le regard des enfants, les amener à émettre un jugement qui leur est propre. Il crée donc une pièce autour du jeu, qui met en évidence tout ce que la danse possède pour pouvoir s’écrire.

Olécio partenaire de Wukali

[**- La boîte à outils de la danse*]

Entre alors en scène une boite à outils magique, qui a un beau rôle à jouer, au même titre que les spectateurs et les danseurs, sans oublier la musique. Un choix de musique qui étonne parfois un peu, au regard d’un très jeune public. Des enregistrements live des Doors, d’un lyrisme souvent intense. L’ambiance est à la frénésie, quelque peu surchauffée.

Toujours est il que Rock’n chair va pouvoir se construire, se danser, et les enfants auront leur mot à dire. Sur la case départ, les 4 danseurs attendent le signal. Dans un premier temps, chacun son tour attendra que son triangle, son rond, ou encore son carré de sa couleur s’allume sur un panneau d’affichage, pour danser sur scène.. Parfois, ils sont plusieurs à être « appelés ». La chorégraphie prend forme. Il y a au départ une réflexion, une poésie, une esthétique joliment définies, et avec l’entrée en scène de cette boite pioche, des éléments de la danse vont venir se greffer. Des notions d’espaces, de rythmes, de rapports aux autres, de rapport au sol, (les plateaux de jeu changeront aussi plusieurs fois jusqu’à proposer une version blanche, neutre et vierge, pour plus de liberté). Voilà de quoi créer des émotions et une dramaturgie différentes. Une question est posée à un enfant, sur telle phrase ou telle phrase chorégraphique :
« Cette séquence, je la joue seul ou à deux, à trois, à quatre ? », «Je la joue ici ou là-bas ? Dans la partie bleue ou dans le rond ?», « Je danse lentement, rapidement, ou de façon saccadée ?». Des questions sur la nature des mouvements, le mode des déplacements, le tempo, le tracé, sont lues à voix haute, afin que le public découvre les nouvelles consignes.

Le théâtre a son script. Sans lui, il n’y a pas de pièce. Idem pour la danse. la partition chorégraphique c’est comme une partition de musique, mais sur laquelle on écrit la danse, en relation à l’espace et aux mouvements. Ces grilles de lectures sont précieuses car elles permettent de découvrir tout le matériel chorégraphique. Concepts que les danseurs connaissent bien et que le jeune public aura découverts. Ces représentations «Rock’n chair» lui auront permis, dans le même temps, de « fabriquer » son regard, de construire le spectacle, et, bien évidemment, de passer un formidable moment, divertissant et original. Bravo encore à [**Pauline Bigot, Steven Hervouet, Joachim Maudet*], et [**Arthur Pérole*] !

[**Pétra Wauters*]


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WUKALI 11/04/2017

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