An invitation to poetry
[**Vladimir Skoda*] est un artiste français né à [**Prague*] en 1942, dont les œuvres sont présentes dans les collections des plus grands musées. Pour deux mois, une dizaine de ses sculptures investissent les jardins et la cour d’honneur du centre Caumont, Centre d’Art aixois, un hôtel particulier à deux pas du Cours Mirabeau. L’hôtel de Caumont fut édifié au début du XVIIIème siècle. Il accueillera dans les années soixante le conservatoire de musique de la ville. Acheté et rénové quelques mois après par « Culturespaces », il est devenu un somptueux site culturel et sans doute l’un des plus beaux hôtels particuliers d'[**Aix-en-Provence*].
[**Une magnifique renaissance*]
L’Hôtel de Caumont fut inauguré en 2015 et depuis, dans ses salons raffinés, on partage l’art avec passion. Cette initiative de faire dialoguer l’art contemporain avec le patrimoine suscite toujours de belles réactions de la part du public. Les œuvres de Vladimir Skoda, ainsi installées entre cour et jardin, s’adaptent joliment à l’esprit des lieux.
Lorsqu’il exerçait son métier de tourneur-fraiseur, les maths et la représentation des volumes dans l’espace faisaient déjà partie de sa vie. Il a gardé de cette époque rigueur, habileté, patience, concentration et sans doute cela l’aura beaucoup aidé à se lancer dans l’aventure artistique. Après l’apprentissage du dessin, de la peinture, de la sculpture, Vladimir Skoda devient pensionnaire à la villa Médicis entre 1973 et 1975. « Grâce à César ! » Nous confie t-il. « C’est grâce à lui que je me suis retrouvé à Rome ». J’étais proche de lui. J’étais un de ses étudiants et nous avons partagé des moments inoubliables ! Il aimait bien me taquiner et m’appelait « Grand Tchèque », ou « Grand barbu », mais ne m’appelait jamais par mon nom ou mon prénom ! »
[**César*] appréciait le travail de Vladimir Skoda avec l’acier, puis les champs d’expérimentation se sont élargis à l’acier forgé, la ferronnerie. « Ce travail ne me suffisait plus », avoue l’artiste, qui s’est intéressé rapidement à la matière. L’acier que l’on chauffe, qui devient blanc, puis jaune, rouge… « À l’époque je travaillais aussi sur la transformation d’une forme à une autre forme, sans perte de matière et l’acier seul m’a permis de réaliser cela. Au fur et à mesure, je me suis rendu compte que, lorsque vous regardez l’acier devenu blanc, vous ne voyez plus la forme. Or, travailler sur la forme, c’est déjà la voir. J’ai donc cherché des solutions. »
La sphère devient l’un de ses sujets de recherche prédominants pour développer aussi la multiplicité des relations entre l’intérieur et l’extérieur de la matière, entre l’espace du spectateur et celui de l’œuvre. « J’ai souhaité des sphères de plus en plus précises, et ainsi travaillées, elles étaient de plus en plus polies et elles commençaient à réfléchir, à la manière d’un miroir » Amusé, il précise :« Des gens me soupçonnent d’être un homme qui aime bien se regarder dans la glace ! Honnêtement, ce n’est pas mon problème ! C’est plutôt la notion d’espace qui m’intéresse !»
De là, des variations sont nées, et la lumière aussi de prendre sa place lorsque la matière s’efface. Le public est « ébloui » par les œuvres, attiré par les surfaces réfléchissantes, miroitantes. On songe notamment à une série de quatre miroirs de format ovale, intitulée Distorsionvision (Trou noir-trou blanc, 1992). Sur le mur de végétation, suivant notre point de vue, ils réfléchissent la superbe façade de l’Hôtel de Caumont. Ainsi déformée par la courbe de l’œuvre, elle devient floue, puis se précise de nouveau, et cette perception changeante apporte une dimension nouvelle à l’œuvre ainsi qu’à ce joyau architectural…
Dans les jardins, les pointes en acier intitulées Une seule direction ? (2004 – 2009) fendent l’espace et désignent les hauteurs infinies du cosmos. Elles communient et dialoguent entre elles dans une belle mise en espace, pensée par l’artiste lui-même. « Devant la géométrie des lieux de ce jardin à la française, où tout est organisé, j’ai eu cette idée de rompre cette organisation. Je ne voulais pas que la présentation soit elle-même répétitive ».
De la sphère à la … sphère.
Les sphères sont à la fois denses et légères, intemporelles : Sphère de ciel – ciel de sphères, ou encore Horizon des événements. «M’éloigner de la sphère n’est pas facile. Je ne peux pas passer à une autre forme aussi librement. La sphère est toujours là !»
Le public ne s’en plaindra pas, car elle s’enrichit du mouvement. « La sphère monte, visuellement, ce sont des œuvres plus récentes, dans lesquelles j’introduis des spirales » explique l’artiste.
Un voyage vers les étoiles !? Vladimir Skoda s’est toujours nourri de sciences. « Un ami astrophysicien m’a rédigé un texte magnifique dans mon catalogue. Je suis inspiré par tout ce qui touche aux sciences, la cosmologie, l’astrophysique… »
Les sciences, des matières compliquées ? Pas du tout ! Avec Vladimir Skoda, elles deviennent poétiques et sont d’une belle évidence.
Vladimir Skoda est présent dans les musées prestigieux : (Centre Pompidou à Paris, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Galerie nationale de Prague, Gemäldegalerie Neue Meister de Dresde), ainsi que dans de nombreuses collections publiques et privées en France, en Belgique, en Allemagne et en République tchèque.
Cette exposition à l’Hôtel de Caumont est organisée avec le concours de la galerie Catherine Issert.
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WUKALI 13/04/2017