New acquisitions for Musée Granet within the Planque Collection


– [**«L’œil de Planque», Hollan – Garache*]

Solliciter des artistes vivants que le collectionneur [**Jean Planque*] aurait aimé voir exposés avec sa fabuleuse collection, voilà une mission que tient à cœur le Conservateur de la Collection Planque, [**Florian Rodari*]. Au deuxième étage de la Chapelle du XVIIeme siècle joliment rénovée, extension du Musée Granet inaugurée en 2013, sont exposées les œuvres d’[**Alexandre Hollan*] et [**Claude Garache*]. Tous deux ont effectué de généreuses donations à la Fondation Planque, dont ils admirent l’ensemble des tableaux réunis par le collectionneur suisse.

Le premier a connu Jean Planque, le second n’a pas eu cette chance, mais à découvrir son œuvre, on ne doute pas un instant qu’il aurait été lui aussi approché par l’exigeant collectionneur. « L’œil de Planque » savait où poser son regard expert. « Il n’est pas question de se substituer à l’œil de Planque », précise Florian Rodari. « Des artistes viennent enrichir la collection, nous achetons une œuvre et nous avons eu le plaisir de recevoir en retour des donations de compositions, de dessins ou peintures, que Jean Planque n’aurait pas désavoués ».

Olécio partenaire de Wukali

[**- Alexandre Hollan*]
Jean Planque, décédé en août 1998, à 88 ans, a découvert l’œuvre d’Alexandre Hollan chez des amis. Il ne connaissait pas son nom, ni son histoire. Un coup de cœur. Il s’est tout de suite intéressé à ce peintre originaire de [**Budapest*]. « Il s’est précipité à la galerie qui l’exposait, alors que l’artiste était en train de décrocher ses œuvres», confie le Conservateur de la collection Planque. C’est du reste le dernier artiste que Jean Planque ait acheté. Il a acquis la dernière aquarelle encore à la vente. |left>

Selon Jean Planque, il y a des tableaux qui restent désespérément « en surface », et d’autres qui sont « habités » et qui ne peuvent se satisfaire d’un regard rapide. C’est le cas de l’œuvre d’Alexandre Hollan. Florian Rodari poursuit : Jean Planque m’a dit après l’avoir rencontré, « Tu dois absolument suivre cet artiste. C’est quelqu’un d’important ». Alexandre Hollan a offert une dizaine d’œuvres en 2008. Aujourd’hui, une nouvelle donation permet de disposer d‘une trentaine de ses œuvres. Le thème principal, l’arbre. Une évidence. « L’arbre s’est imposé à moi depuis pas ma plus tendre enfance », confie Alexandre Hollan. C’est un être vivant, et l’expérience que je mène est toujours nouvelle. C’est pour cela qu’il y a une très grande diversité d’approches. L’arbre n’est jamais le même. En tant que motif, il est extrêmement important pour moi d’être « devant » lui.

L’artiste a ce besoin impérieux de peindre en extérieur. Des exécutions parfois rapides au pinceau, d’autres plus lentes, quelques fois au fusain ou encore au crayon, il étudie sans relâche, se penche longuement sur le même motif, « capte cette force venue de la terre », délimite la structure de l’arbre, définit son espace, ou encore sa lumière, découvrant sans cesse de nouveaux chemins à explorer. Une fusion entre le peintre et son modèle s’établit, profonde, intense. «Dans les années 80, j’ai acheté un mazet, une petite construction en pierre installée dans les vignes, près de Gignac, à quelques kilomètres de Montpellier. Je vis donc quatre à cinq mois dans la nature, entourée d’arbres». Alexandre Hollan séjourne aussi à Paris. Dans son atelier, il réalise des œuvres différentes, d’autres sujets, des Vies silencieuses, des natures mortes tranquilles, paisibles, tout aussi riches et profondes. «Je les réalise généralement en hiver». Mais « L’appel de la forêt » ne le quittera pas. L’arbre mystérieux offre un univers de sensations que l’artiste partage avec nous.

[**- Claude Garache*]

Silencieuses figures, le mystère et l’émotion s’invitent aussi dans les toiles de Claude Garache. « Je travaille sur le corps féminin, depuis des décennies ». confie l’artiste. Je l’ai abordé comme la chose la plus belle, la plus inspirante qui soit. Je n’avais pas de « projet », je pensais glisser vers d’autres études, mais cela ne s’est pas fait, ce thème est infini et je pense que cela sera comme ça jusqu’à la fin de vie » confie le peintre, amusé. On s’étonne des lectures très différentes que l’on peut faire de ses corps féminins. On ne s’arrête pas au premier regard. L’artiste en convient : «En effet, les choses peuvent se révéler au bout d’un certain temps. On ne les voit pas tout de suite. C’est volontaire, je ne veux pas notamment que le visage prédomine. C’est généralement une attraction, une tendance naturelle d’explorer le visage. Je veux qu’il soit important, mais pas plus important que le reste du corps». Une impression d’unité se dégage dès que l’on pénètre dans son espace d’exposition. |left>

La couleur rouge nous attrape, elle vibre, jaillit, mais sans violence. Garache a son rouge, comme Klein possède son bleu. Un rouge sang, sans effusion de sang. « Ce n’est pas un choix, elle s’est imposée avec la présence du corps. Il ne faut pas chercher une symbolique ». Des nuances infinies, subtiles, mouvantes. « Ferretine », « Bessillon », « Obasine », « Questine », des noms séduisants, donnés à postériori à ces œuvres, après la « naissance ». L’artiste travaille avec des modèles vivants. Les poses sont étudiées longuement, avec la plus grande attention, mais il y a des dérives de la pose initiale. Le peintre s’adapte et la peinture d’évoluer.|center>

Rappelons que les joyaux de la collection Planque sont en dépôt dans la Chapelle jusqu’en 2025 (convention signée en 2010 pour 15 années) Mais peut être s’installera t-elle plus longtemps, car elle s’y sent bien, et le public toujours plus nombreux en témoigne.

La leçon de **Cézanne*], père de l’art moderne, c’est aussi celle de la contemporanéité, confie [**Bruno Ely*], à la direction du[ Musée Granet. « Cette présence de l’artiste vivant, c’est important pour nous. Si dans la période qui va de 1890 à 1906, date de la mort de Cézanne, on avait fait attention à cet artiste vivant, cet artiste contemporain, on n’aurait pas connu le désastre de cette absence chronique et terrible de Cézanne à Aix pendant toutes ces décennies. L’ouverture à l’art contemporain est une nécessité», précise encore Bruno Ely.

La[** Fondation Jean et Suzanne Planque*] est constituée de quelque 300 peintures, dessins et sculptures depuis les impressionnistes et post-impressionnistes ([**Cézanne, Monet, Van Gogh, Degas*]) jusqu’aux artistes majeurs du XXe siècle tels [**Bonnard, Picasso, Braque, Léger, de Staël*] ou [**Dubuffet*]. Ils sont rejoints par[** Hollan*] et [**Garache*], artistes que Planque aurait accueillis à bras ouverts.

[**Pétra Wauters*]|right>


[**Musée Granet. Aix-en-Provence*]
La collection Planque XXe siècle s’enrichit: Alexandre Hollan, Claude Garache, jusqu’à fin mars 2018.


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WUKALI 20/05/2017
Illustration de l’entête: Alexandre Hollan, Le Chêne volant – Fusain, 50 X 65 cm (don de l’artiste) © ADAGP, Paris 2017

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