A chiseled exhibition in Amsterdam, an artist of the Renaissance period, a scientific too !
A l’occasion de la grande Foire internationale d’art et d’antiquités de[** Maastricht*] ([**TEFA*]), qui se déroule actuellement du 10 au 19 mars, le[** Rijksmuseum*] d’Amsterdam présente une fabuleuse exposition de planches d’Histoire naturelle commandées au XVIème siècle pour l’empereur Rodolphe II et réalisées par Anselme de Boodt.
[**Rodolphe II*] ( né à Vienne en1552 et mort à Prague en 1612) était le fils de [**Maximilien II*] et petit-fils de [**Charles Quint*]. Grand amateur d’art, il fut le mécène de nombreux artistes tels [**Arcimboldo, Bartholomeus Spranger, Le Caravage*], comme des savants, l’astronome [**Johannes Kepler*] ou le médecin allemand [**Michael Maier*]. Son cabinet de curiosités très célèbre à l’époque était déjà un musée avant la lettre.[** Prague*] où il avait fixé sa Cour, était un des épicentres non seulement du Saint-Empire romain germanique mais de l’Europe et de l’humanisme de ce temps.
[**Anselme de Boodt (1550-1626)*], est un humaniste affirmé, un esprit curieux, il est aussi, au risque d’être anachronique dans l’expression, un «européen» parfait ! En effet il étudia les arts à l’université de[** Louvain*], le droit canonique et le droit civil à l’ université d'[**Orléans*] et il séjourna même à [**Padoue*]. S’il s’intéresse à la botanique, il est aussi essentiellement passionné de minéralogie, à la Cour de Rodolphe, il sera aussi son médecin.
C’est non seulement chez de Boodt un véritable regard scientifique qui opère sur le sujet (on serait tenté de rapprocher cette analyse picturale et la parfaite, rigoureuse, voire scientifique représentation du sujet du traitement que[** Dürer*], quelques dizaines d’années auparavant, pouvait avoir dans l’exécution des ses dessins ou de sa peinture). C’est aussi une émotion artistique, un raffinement figuratif, parfois même un clin d’oeil dans la parfaite représentation colorée du motif. De Boodt a produit un très grand nombre de ces planches dont beaucoup sont annotées et signées de la main de l’artiste. Au demeurant il veillait, quand l’exécution était confiée à un collaborateur d’atelier ou à d’autres de ses collègues, ce qui pouvait arriver à cette époque, à la justesse du trait et à la perfection du coloris, il avait l’oeil à tout en parfait maître qu’il sut être.
Hélas, hélas, hélas, déjà (comme toujours au demeurant ! ), le rapport entre l’argent et la valeur des oeuvres et l’art, disons-le tout net, existait en ce temps d’empire… À la mort de Rodolphe en 1612, les artistes firent valoir leurs droits sur ce qu’ils avaient produit et adressèrent leurs factures au Chancelier et autres ministres de la Cour ! Comme bien d’autres, de Boodt fut de ceux-çi ! Et ce furent des sommes impressionnantes qui furent réclamées…en vain!
Las, comme soeur Anne qui ne voyait rien venir, dépité de n’être point payé, de n’être point non plus remboursé de ses multiples frais, notre artiste décida de prendre ses cliques et ses claques, de quitter [**Prague*] aux cent clochers et de retourner s’installer dans sa [**Bruges*] natale près de ses canaux, la ville est prospère et il y fait bon vivre. C’est ainsi que ses 750 pastels réalisés entre 1596 et 1610 migrèrent des bords du Danube aux Flandres, dans les malles de l’artiste. Dès lors, ils restèrent dans le patrimoine de la famille De Boodt pendant deux siècles.
Cette exposition est magnifique, on est confondu non seulement par tant de beauté, mais aussi par le parfait état de chacune de ces planches tant la couleur est vive et lumineuse.
Notons, car il convient de le signaler, que cette exposition a été rendue possible grâce à la décision d’un collectionneur privé qui a acheté ces albums et offre pour un temps indéterminé au Rijksmuseum le privilège de présenter au public ce trésor artistique.
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WUKALI 29/07/2017. (Précédemment publié le 18/03/2017)