A photography studio where fame becomes consistent
Lorsque la crise mondiale de [**1929*] atteignit la France, réduisant dramatiquement le train de vie de nombreux particuliers (aussi aisés qu’ils fussent), le secteur du luxe fut frappé de plein fouet, notamment celui de la photographie qui perdit beaucoup de ses clients car ces derniers renoncèrent à leurs services tant le coût en était très élevé
Elle était née à Paris de parents britanniques juifs. Vers 1930, elle officie en tant que vendeuse aux Studios Piaz et Manuel frères. En 1933, elle installe son atelier-photo au 11 bis rue Christophe-Colomb, à Paris(8ème), avant de s’associer en 1934 avec les frères [**Jean*] et [**Jacques Lacroix*], deux patrons de presse ne connaissant rien à ce métier, et [**Robert Ricci*], le fils de la créatrice de mode [**Nina Ricci*]. Ce fut l’acte de naissance du célébrissime « Studio Harcourt ». En 1938, le studio Harcourt s’installe dans un hôtel particulier où se précipite le tout-Paris des arts, de la culture, de la politique et du show-biz.
Elle ne reviendra à Paris qu’en 1945, où elle divorcera immédiatement de Jacques Lacroix. Elle quittera le studio Harcourt en abandonnant le métier, en 1968. Une de ses réalisations les plus connues est son portrait d’[**Édith Piaf*] de 1946.
La marque du Studio Harcourt, ce sont les portraits en noir et blanc de personnalités du spectacle, comme de la politique ou de la vie culturelle. Cet « atelier de portraits d’art » réalisa des images pour la presse, d’où venaient ses sponsors.
Pour les clients du temps, la « patte » Harcourt était synonyme de luxe et de glamour, à la manière d’Hollywood…
Pendant l’Occupation, la prospérité des affaires Harcourt fut extraordinaire car les Allemands vont « défiler » au Studio : jusqu’à quarante par jour si l’on en croit les souvenirs de Raymond Voinquel… On y boit du champagne, on y écoute des orchestres…
Après différents déménagements, le studio Harcourt se trouve aujourd’hui au 6 de la rue Lorta, dans le seizième arrondissement. Harcourt est titulaire du label « Entreprise du patrimoine vivant », à l’instar de Baccarat, Chanel ou Hermès…
Raymond Voinquel ( 1911-1994), photographe de cinéma (« Le Jour se lève », « Les Portes de la nuit », « L’Aigle à deux têtes »), collabora au Studio Harcourt entre 1940 et 1944. Le nu masculin le passionnait : en 1940 il a le projet d’illustrer «Narcisse», un poème de[** Paul Valéry*]. En 1941, il photographia des sportifs en action au stade de Bordeaux. [**Louis Jourdan*] et [**Jean Marais*] poseront nus pour lui, tandis qu’il rend hommage à [**Michel-Ange*] par d’autres photographies de nus masculins. En 1962, il illustre « Les Amants de Teruel »… C’était un inventeur, surtout pour l’utilisation de l’éclairage comme déjà expliqué.
L’Italien [**Aldo Rossano Graziati*] (1905-1953), qui signait G.R.ALDO, fut l’un des collaborateurs les plus doués qui œuvrèrent au studio Harcourt. Arrivé en France à l’âge de 18 ans, vers 1925 il sera un des « boys » de [**Mistinguett*], dont il réalisera de nombreux portraits par la suite. Son sens inné des cadrages précis et de l’utilisation des noirs et des blancs sera un apport, sur les plateaux de cinéma d’abord ( « Les Visiteurs du soir » de[** Carné*] en 1942, « L’Éternel retour » de [**Delannoy*] en 1943, « La Belle et la bête » de[** Cocteau*] en 1945), puis sur ceux de photographies : par l’intermédiaire de Raymond Voinquel, il entre au studio Harcourt en 1942. Il y travaillera jusqu’en 1947, avant de rejoindre [**Antonioni,*] puis [**Visconti*], en Italie, au titre de directeur de la photographie.
Mais le style Harcourt, si soigneusement codifié, persiste avec une dizaine de photographes attitrés. Et les acteurs, les artistes, les écrivains, les sportifs d’aujourd’hui continuent à se faire photographier au studio… Qui est accessible à tout-un-chacun, moyennant finance bien entendu, mais une légende cela se paye…
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WUKALI 09/09/2017
Illustration de l’entête: Michèle Morgan