A famous male nude in the Greek Early Classical period exposed in The Louvre museum

L’art grec a connu un long développement s’étendant sur plus de quinze siècles, depuis l’époque minoenne et les palais crétois. On le divise en quatre périodes : les débuts (du minoen à l’âge du fer), l’archaïsme, le classicisme et l’époque hellénistique. Ces quatre périodes ont produit des chefs d’œuvre, d’aspects très variés.

Au début de la période archaïque, les artistes grecs trouvèrent leur inspiration chez les sculpteurs de l’Égypte pharaonique. Ces derniers avaient créé un style de représentation humaine immuable : personnage de face, les deux bras le long du corps, les jambes esquissant un pas de marche et axe de frontalité. C’est de là que partirent les recherches grecques.

Olécio partenaire de Wukali

Nous allons observer celui connu sous l’intitulé : « le torse de Milet  ». Cet exceptionnel fragment sculptural en marbre de Paros, d’une hauteur de 132 cm, figure un torse d’homme. Il est conservé au musée du Louvre. Il fut découvert en 1872, par l’archéologue[** Payet*], dans les ruines du théâtre romain de Milet, ville florissante d’Asie mineure à l’époque hellénistique.|left>

Ce torse a été créé vers 480-470. Il fut « adapté » au deuxième siècle avant notre ère afin d’être utilisé comme élément scénique dans le théâtre romain. C’est une statue réalisée en taille directe* comme le prouvent les traces d’outillage sur la surface du marbre et son modelé vigoureux.

Il se situe dans la lignée des « Kouroï  archaïques »(statues de jeunes hommes nus) mais avec des aspects différents issus d’un autre temps : ceux des débuts du classicisme grec. La puissance qu’il dégage, son anatomie mieux mise en évidence bien qu’encore imparfaite, un début de marche, du à un frémissement du hanchement, indiquant que la rigidité du « kouros archaïque » a cédé la place à une esquisse du mouvement, en sont les principales caractéristiques.

En opposition avec ces nouveautés incontestables, on y trouve certains traits typiques de l’archaïsme: la position frontale, le fait qu’il soit debout et nu, la cambrure exagérée des reins, la raideur de l’attitude, la jambe gauche très légèrement avancée et les boucles de poils du pubis sommairement réunies en une forme irréaliste.

Sa carrure est celle d’un gymnaste olympique d’une virilité affirmée. La largeur de ses épaules est supérieure à celle des hanches, ce qui est le privilège d’un athlète. On devine les muscles puissants du cou, surmontant d’impressionnantes clavicules. Ses proportions sont celles d’un adepte du bodybuilding avant la lettre. Une bosse en bas de l’omoplate droit impliquait un bras tendu tout en accentuant l’asymétrie des muscles du torse. Un bourrelet se voit au niveau de chacune des hanches, ils sont approximativement égaux mais, de dos, celui de droite est plus marqué. Le corps commence à prendre appui sur la jambe droite alors que la gauche esquisse un mouvement vers l’avant. L’ondulation de la colonne vertébrale est apparente, celle des pectoraux et des muscles de l’abdomen également mais à un degré moindre. |right>

Le torse commence à exister dans son espace environnant, qu’il marque de sa présence par un début de prise de possession. Le plus grand réalisme du dos, du fessier et des omoplates sont les indications d’un passage à une vérité expressive supérieure.
On remarquera le trou rectangulaire au milieu de la fesse droite, qui est le résultat d’un travail humain volontaire : celui de l’adaptation de l’objet sur une scène de théâtre.
C’est une œuvre capitale d’une époque de transition, celle du « style sévère », car archétypale. Aucune autre œuvre archaïque de ce niveau n’est parvenue jusqu’à nous, ce qui souligne son importance mais, intrinsèquement, ses qualités multiples explicitées ici sont réelles et reconnues par les conservateurs de musées comme par les amateurs éclairés et, surtout, par le grand public. C’est le triomphe posthume d’un artiste qui nous est demeuré inconnu…

[**Jacques Tcharny*]|right>


Contact : redaction@wukali.com
WUKALI 06/09/2017


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