the Nazi escape to South America
Voici le second chapitre de notre grande enquête sur la traque des nazis, le premier déjà publié dans Wukali, La traque des nazis, la fuite de Bormann , en voici la suite: Les Nazis en Amérique du Sud
– [**La traque des nazis, la fuite de Bormann
– Les Nazis en Amérique du Sud
– Les accointances nazis de Péron
– Le plan des Nazis en Argentine, fuite et mort de Bormann
– La mort d’Hitler*]
[**2- Les Nazis en Amérique du Sud*]
** A- Les réseaux d’exfiltrations nazis
Le soutien de l’église catholique (4) leur était indispensable: sans les réseaux de passeurs, constitués par elle dans le Tyrol, se faufiler en Italie eut été mission impossible. Par les alpes autrichiennes et le sud du Tyrol, ils étaient accompagnés jusqu’au port de Gênes et de là, vers l’Espagne et l’Amérique du sud, voire directement vers le Nouveau monde.
La situation du Tyrol en 1945, après la capitulation du 8 mai, était très particulière du fait que les Russes avaient conquis Vienne et la partie est de l’Autriche, tandis que le Tyrol, Innsbruck et l’ouest du pays était occupé par les occidentaux. L’administration quadripartite n’avait pas encore été mise en place, s’en suivit un flottement légal qui fit que, pendant le reste de l’année, l’absence de statut juridique du Tyrol transforma les habitants en apatrides. Les nazis ont profité de ce vide politico-juridique pour se faire donner des identités tyroliennes, avec la complicité des maires et autres édiles communaux, tous plus nazis les uns que les autres dans cette région profondément hitlérienne.
A Gênes (4), le viatique et les billets étaient fournis par le [**SS Walter Rauff*], qui avait écumé, insatiable, l’Europe centrale avec ses chambres à gaz roulantes. En 1949, jugeant sa mission terminée, il s’installa dans le sud du Chili, où il devint un homme d’affaires brillant et où il mourut en 1984.
L’évêque autrichien[** Alois Hudal*] (4), nazi farouche, et le curé croate [**Krunoslav Draganovic*], responsable de milliers de déportations, furent les chefs des réseaux d’exfiltration. Hudal apposait le blanc-seing du [**Vatican*] sur les demandes de passeports adressés à la Croix-Rouge, qui n’allait pas mettre en doute le témoignage de « bonne foi » d’un si éminent serviteur du Pape… En réalité, tout le monde fermait les yeux… Le prélat autrichien discutait directement avec le président argentin [**Juan Peron*], admirateur inconditionnel d’Hitler, et obtenait autant de visas que nécessaires pour les Allemands en fuite ; tandis que le Croate fit fortune en fabricant des faux-papiers en masse. Le[** Vatican*] savait parfaitement de quoi il retournait : [**Pie XII*] fit même un don de 30000 lires à Hudal en 1949 (7).
Le Vatican pratiqua cette « politique ouverte aux nazis » à grande échelle. A petite échelle, d’autres ont agi: que l’on se souvienne que les services spéciaux américains permirent à [**Klaus Barbie*] de fuir vers la Bolivie en 1951 ou que les Russes « récupérèrent » quelques gestapistes utiles.
**B- L’émigration allemande en Amérique du Sud
Avant de nous intéresser à la manière dont ces nazis réussirent à gagner le Nouveau monde, il nous faut parler de l’émigration germanique vers le sud de ce continent. En effet jouir de la protection du dictateur argentin Perón permettait de couler des jours paisibles, mais s’organiser une nouvelle vie, prendre un nouveau départ, nécessitait des « infrastructures » psychologiques et matérielles que l’Argentine ne possédait pas. Il leur fallait donc avoir des connexions là-bas. Ils les trouvèrent au cœur des émigrants allemands, très nombreux alors et souvent installés à demeure depuis longtemps.
Pour donner une idée de la réussite de ces Allemands d’Amérique du sud, il suffit de dire qu’un certain [**Alfredo Stroessner*], fils d’un brasseur bavarois, devint président-dictateur du Paraguay et qu’un dénommé [**Hugo Banzer*], issu d’un immigrant, devint président-dictateur de Bolivie. Tous deux étaient des nazis convaincus.
Vers la fin du dix-neuvième siècle, une crise économique, aux origines multiples, encouragea maints sujets (et non des citoyens) de l’Empire Allemand, le Deuxième Reich, à émigrer. Certains partirent vers les États-Unis alors que d’autres choisirent l’Amérique du sud et, en priorité, l'[**Argentine*], qui offrait de vastes perspectives pour qui était prêt à se retrousser les manches et avait quelques idées. Beaucoup d’entre eux firent fortune. Certains devinrent carrément millionnaires.
Ces gens, naturellement sûrs d’eux et de leur supériorité sur tout ce qui n’était pas allemand, vivaient essentiellement à l’intérieur de leur communauté, n’utilisant l’espagnol que dans leurs rapports avec les autres : l’allemand restait leur langue maternelle. Les mariages exogamiques existaient, certes, mais étaient mal vus. Dans l’ensemble, ils préféraient s’unir de manière endogamique.
Avec le temps, les caractères spécifiques de ces gens auraient du, progressivement, s’effacer. C’est une loi de l’évolution des sociétés humaines…
Arriva alors la Première Guerre mondiale. Les émigrés allemands se montrèrent d’une solidarité absolue envers la mère patrie. Ils obtinrent de pouvoir envoyer de l’argent, des produits de première nécessité, voire des hommes pour l’armée qui devait l’emporter en trois mois. Le drame dura quatre ans et demi…
Les choses auraient pu s’apaiser mais arriva la crise mondiale dont l'[**Allemagne*], qui bénéficiait de prêts américains, fut la première victime et qui amena [**Hitler*] au pouvoir en [**1933*]. La réaction des émigrés fut quasi-unanime : ils se mirent au service de « l’ordre nouveau ».
Si la première émigration s’était, surtout, occupée de commerce et d’agriculture, la deuxième s’intéressa à l’industrie et au secteur financier. Cette fois, instruits par l’expérience, de véritables groupes de pression allemands pesèrent sur la politique de l’Argentine. Les autorités, complètement pourries de l’intérieur, laissèrent faire, voire en profitèrent largement : elles furent achetées.
Les Allemands d’Argentine, dès l’accession au pouvoir d’Hitler, accumulèrent des réserves de tous ordres : financières, aurifères, monétaires, alimentaires, immobilières, des moyens de communication ( réseaux de radios avec antennes de transmission, codes secrets, journaux…) ainsi qu’un véritable arsenal de munitions, d’armes légères et lourdes, et même de GAZ TUEUR. Le tout fabriqué dans les usines appartenant à des Allemands, que ce soit à Buenos-Aires ou ailleurs dans le pays (5).
Cette énorme mise en place ne s’arrêta pas là. De très nombreux émigrés, adhérents au parti nazi dès 1933, firent construire d’énormes caves sous leur maisons, de véritables silos souterrains où ils accumulèrent tous ces matériels, en vue de les expédier vers la mère-patrie. Les événements firent que peu de choses furent envoyées : la Royal Navy faisait bonne garde.
Après les catastrophes d’El-Alamein ( novembre 42) et de Stalingrad ( février 43), les Allemands d’Argentine, bien plus réalistes que les autorités du « Reich de mille ans » («das tausendjährige Reich»), comprirent que la défaite pointait son vilain nez. Ils se préparèrent donc au pire : l’écrasement de l’Allemagne et la nécessité, dans la mesure du possible, de prévoir l’accueil de tous « ces pauvres émigrés politiques », « authentiques réfugiés qu’il fallait secourir ».
Le [**4 juin 1944*] les Alliés prenaient [**Rome*], le 6 eut lieu le [**Débarquement de Normandie*], le 10 les Soviétiques écrasaient les Allemands du « groupe d’armées du centre », en [**Biélorussie*]. Les Germano-argentins, lucides, s’apprêtèrent à récupérer le plus grand nombre possibles de leurs compatriotes.
Peu avant la Libération de [**Paris*], le[** 25 août 1944*], eut lieu une réunion cruciale des dignitaires nazis de haut-rang à l’hôtel Maison-Rouge, à [**Strasbourg*]. C’était le [**10 août*]. Pour la première fois, on parla, officiellement, de l’évacuation des dirigeants nazis vers l’Amérique du sud, Argentine et Paraguay d’abord. Tout le monde connaissait l’opposition d'[**Hitler*], de [**Goebbels*] et de [**Bormann*] à ce projet.
Des mesures furent prises par les participants, dans le but de commencer, le plus discrètement possible, ce que les historiens ont appelé : « l’envol des faisans dorés»(2) : le départ des plus exposés dignitaires du Reich vers le paradis argentin.
Au début, ce fut du goutte-à-goutte. Puis les choses s’accélérèrent, avec un pic à la mi-avril 1945 à Berlin : de nombreux avions allemands, « camouflés » sous des couleurs castillanes fraîchement peintes, partirent vers l’Espagne, pays officiellement neutre. Tous n’arrivèrent pas à bon port…
Après la capitulation, le chaos régna en Allemagne comme en Italie, il fallut quelques temps pour stabiliser ces deux pays vaincus où tout et son contraire pouvait se produire. L’Europe était désormais coupée en deux : les occidentaux d’un côté, les soviétiques de l’autre. L’opposition, irréconciliable, entre Russes et Américains, facilita grandement la fuite des criminels de guerre. On entendit le [**Général Patton*], brillant chef militaire de l’arme blindée, dire à haute voix qu’il fallait réarmer les armées allemandes et attaquer les Russes ! Il mourut en 1946, dans un accident de voiture…
Une troisième vague d’émigration allemande, d’abord nazie mais pas uniquement, atteignit donc l’Amérique du sud, l’Argentine en tête, dans les années de l’immédiat après-guerre. Mais, aussi bizarre que cela paraisse, de nombreux Allemands, qui ne s’étaient pas trop compromis avec les autorités nazies, préférèrent l’émigration à la vie dans une Allemagne à reconstruire, même si son système démocratique était assumé et assuré.
A suivre…!
Prochain article: [**- Les accointances nazis de Péron*]
[**Mise en ligne vendredi 26 janvier 2018.*]
Illustration de l’entête: Nazis en Argentine célébrant l’anniversaire d’Hitler. ©Photo archives: Ivan Rodriguez Alauzet
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WUKALI 19/01/2018)]