Nothing else better than a car !
Dès l’introduction, [**Thomas Morales*] prévient le lecteur, il est un grand défenseur des automobiles. Il regrette l’évolution de la société qui est passé du tout automobile de l’ère pompidolienne à une condamnation de plus en plus forte. De plus, il regrette leur sophistication qui finit par «brider» le plaisir de la conduite. Et je ne parle pas de la surmultiplication des règles du code de la route, «liberticides» si nous suivons l’auteur.
Thomas Morales a été élevé dans le monde automobile, c’est sa culture, il partage la même passion que son père. Et comme tout passionné, il a une connaissance quasi encyclopédique des automobiles. Enfin, si le lecteur que je suis peut apporter une nuance (ce que je me permets de faire), je remarque que ses connaissances et ses passions ne concernent que les véhicules de l’après-seconde guerre mondiale et plus exactement ceux des années soixante, c’est-à-dire l’époque de son enfance. De temps en temps, il y a comme un relent du «vert paradis» perdu de l’enfance loué par Baudelaire.
Un auteur de cette époque aurait sûrement développé non les mêmes arguments (enfin pas tous), mais la même nostalgie par rapport aux automobiles de la première partie du XXè siècle, en critiquant essentiellement la standardisation des modèles (qui est pire à notre époque si nous suivons Thomas Morales). L’auteur oublie aussi qu’à cette époque l’automobile était un vrai fantasme pour la grande majorité de la population qui savait qu’elle n’aurait pas les moyens de s’en acheter une. L’automobile est passée d’objet de luxe à un objet utilitaire. Et cela induit une certaine standardisation des formes, des équipements ayant permis de faire d’importantes économies d’échelle. Avec l’augmentation des véhicules sur les routes, les problèmes de sécurité devinrent de plus en plus importants. Et pour assurer la sécurité « passive » des voitures, certaines formes devinrent inimaginables.
On peut le regretter, mais la voiture a changé de statut dans la société. Soit certains la condamne au nom de l’écologie (jusqu’au jour où elle ne sera plus polluante), mais elle reste un « instrument » indispensable pour le bon fonctionnement de la société moderne. Pour autant, contrairement à ce que semble déplorer Thomas Morales, il existe toujours des voitures que la grande majorité de la population ne pourra jamais acheter, c’est à dire les dizaines de modèles dont il se fait l’aède (car Thomas Morales est un vrai poète quand il décrit ces voitures de grand luxe). De fait rien n’a changé, si ce n’est que la population a troqué le cheval, le vélo, la mobylette, pour des véhicules 4 roues standardisés. L’élite financière elle pouvant acheter des modèles la faisant sortir de la masse.
Pour le reste, je n’ai pas grand chose à dire, car à titre personnel, ma voiture n’est qu’un objet utilitaire me permettant d’aller d’un endroit à un autre. Je ne suis pas un grand amateur de la conduite, leur forme me laisse assez indifférent et je me contrefiche du bruit de tel ou tel moteur. Le côté machiste de la voiture si décri (et décrié), ne fait pas partie de ma personnalité (je doute que ce soit pareil pour l’auteur). Je connais de vrais amateurs de voitures de luxe ou de grande sportive, mais eux aussi ne le font pas pour « l’ivresse de la vitesse » et surtout pas un ne partage l’opinion de Thomas Morales quand il écrit que « le sport automobile est le dernier bastion, avec l’alpinisme et la voile, où l’humanité recherche un sens à sa vie ». Eux qui ont fait des compétitions, l’on fait par plaisir mais sûrement pas pour avoir l’impression d’exister. Ils ont nettement d’autres occasions au quotidien pour ne pas avoir besoin de cette béquille.
Thomas Morales a non seulement une grande culture autour de l’automobile, mais aussi cinématographique. Et il fait un lien entre film et voiture. Indéniablement un film lui plaît que par rapport à la voiture que l’on voit : la DS des «Valseuses», le cabriolet alpha de «L’aventure c’est l’aventure» ou la Peugeot 404 des «Tontons flingueurs». J’avoue ne pas avoir prêté attention à la voiture de [**Lino Ventura*] alors que je connais les dialogue par cœur. Je doute que «Le Guépard» de [**Visconti*] fasse partie des films préférés de Thomas Morales.
Quoiqu’il en soit, l’éloge de la voiture est un cri d’amour pour l’automobile de notre enfance, un espoir d’évolution autre que l’actuelle. C’est touchant par bien des aspects. Et en plus les ignares comme moi apprennent beaucoup sur les voitures.
[**Éloge de la voiture
Thomas Morales*]
éditions du Rocher. 18€90
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WUKALI Article mis en ligne le 18/09/2018)]