American writers in Paris under applause and cheers


Le[** festival America*] de Vincennes vient de se terminer, mais il représente un incroyable rendez-vous pour écouter les écrivains les plus représentatifs de la littérature américaine.

Une lumière tamisée éclaire délicatement la salle bondée du Centre Culturel Georges Pompidou de Vincennes, dans l’attente de leur arrivée. Le vacarme du public réchauffe le lieu jusqu’au moment où soudain, tout d’un coup, un silence inexplicable tourne l’attention du parterre d’un côté du grand hall. [**François Busnel*] apparaît suivi de [**John Irving*]. Les deux s’étreignent chaleureusement, en échangeant des phrases qui semblent préluder une amitié et une affection qui va au-delà du rapport habituel entre intervieweur et écrivain. Ils montent avec enthousiasme sur l’estrade et commencent ainsi la soirée dédiée au grand écrivain américain.

[**John Irving*] commence à parler et il rappelle un personnage de son livre intitulé  » Un mariage poids moyen” dans lequel un des protagonistes est un professeur de lutte greco- romaine. Auparavant et pendant une longue période de sa vie, Irving exerçait l’activité de lutteur. Aujourd’hui encore, malgré ses 74 ans très bien portés, il a gardé cette même attitude : le regard fier et droit, l’élocution fluide, les idées bien claires même en expliquant des sujets parfois pas vraiment intuitifs, les bras forts et partiellement tatoués. Aux questions de François Busnel, il répond de manière claire et concise, sans hésitation. Il rappelle la période au début de sa carrière lorsqu’il gagnait sa vie comme professeur d’anglais en ajoutant que même si ses livres n’avaient pas été populaires, il aurait continué à écrire. Il parle de l’adaptation cinématographique de [**“ Le monde selon Garp”*] à laquel il ne participait pas pour la rédaction du scénario, car son point de vue sur la représentation des personnages du livre et celui du réalisateur divergeaient considérablement. François Busnel profite de ce moment pour annoncer à la surprise générale qu’Irving a déjà écrit le scénario d’une série télévisée inspirée par le livre éponyme ( Le monde selon Garp) dont la date précise de sortie n’est toujours pas dévoilée. Toutefois une chose est certaine : cette fois-là, les éléments essentiels de l’œuvre littéraire seront exprimés sûrement selon la vision de l’écrivain, qui l’a écrite par lui-même ! Évidemment dans une rencontre de ce genre, une référence à l’[**administration Trump*] était inévitable. Irving exprime avec franchise son opinion sur l’actuel Président américain, qui, malgré sa politique discutable, soit trop maladroit pour devenir un dictateur ! Néanmoins, il faut être attentif aux totalitarismes et au manque de respect vis à vis des minorités. Irving dit qu’aux[** USA*], pendant les années où l’administration Trump sera présente, on assistera à une régression des droits des minorités de genre, pourtant il ne faut pas hésiter à se battre pour protéger tous les droits des citoyens. La rencontre avec John Irving se termine en laissant place à la projection du film tiré du livre éponyme. Il est évident que le public, après avoir eu connaissance des projets de l’auteur, a hâte de voir la réprésentation cinématographique, et faire une comparaison des deux oeuvres.|right>

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Le[** festival America de Vincennes*] est devenu au fil des années une étape fixe pour les amants de la littérature américaine. L’organisation mise en place dans toute la ville en fait un événement exceptionnel. Architecturé de manière impeccable dans les moindres détails, avec un grand nombre de bénévoles disponibles et courtois, le festival a aussi offert, cet année, un visuel intéressant sur la littérature du Canada, hôte d’honneur, en permettant au public de connaître des écrivains moins connus, mais pas moins intéressants.|right>

Dans un climat détendu et familier, nous pouvons rencontrer les écrivains invités, même en dehors des rendez-vous institutionnels. Tous sont disponibles pour échanger quelques bavardages à propos de leurs livres ou sur la littérature. L’élément qui frappe le plus est que dans les débats, différents sujets émergent concernant les minorités en général – les minorités sexuels en particulier- les droits du plus faible ou encore le respect du rôle fondamental de la démocratie. Des idées nobles et soutenues, devenues de plus en plus désuètes dans les systèmes démocratiques modernes, en considération de l’affirmation des politiques radicales et du populisme de la droite qui sont en train d’impliquer tout le monde occidental. De tels sujets ont aussi été à la base de la rencontre intitulée [**« Une soirée avec les Pulitzer » *] auxquels ont pris parti [**Michael Chabon, Jeffrey Eugenides, Richard Russo*] et [**Colson Whitehead*]. Les écrivains, tous doués d’un sens fulgurant de l’humour, bien qu’il soit difficile de le représenter à travers la traduction, ont aussi parlé de ce que le Prix Pulitzer a représenté pour eux et comment cela a changé leur vie. Dans ce cas, comme avec la rencontre avec John Irving, la discussion de sujets importants sur le contemporain a élevé le débat en introduisant des éléments intéressants de réflexion. En observant ces écrivains, tellement à l’aise entre eux et avec le public, ce n’est pas possible de ne pas réfléchir à leur rôle personnel et au poids de leur œuvre dans la littérature américaine contemporaine. Ce qui nous a frappé le plus en lisant leurs œuvres a été, en effet, la capacité narrative dépourvue d’ombres, des inventeurs de nouvelles et intéressantes histoires.

En définitif ce qui marque est leur capacité à réaliser le mantra qui devrait mettre à la base de la propre œuvre tous les intellectuels, c’est à dire, pousser la pensée du monde au devant de la scène. Au bout du compte, le paradigme des trois catégories de savants inventés par [**Alberto Arbasino*], fin intellectuel et grand connaisseur de la littérature américaine, est tout à fait devenu intemporel et extensibles à tous les autres auteurs internationaux. Seulement peu d’écrivains offre la possibilité de passer de la catégorie de «belle promesse» à «vénéré maître» (on laisse aux lecteurs le soin de vérifier la catégorie intermédiaire, peu importante ici). Bien qu’en ce qui concerne les écrivains qui ont gagné le Prix Pulitzer, tous appartiennent à cette dernière catégorie! Une question nous brûle cependant les lèvres : pourquoi un festival aussi merveilleux ne se produit pas chaque année ?

[**Silvia Ionna*]|right>


Illustration de l’entête: John Irving.


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WUKALI Article mis en ligne le 11/10/2018)]

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