A once famous sculptor favored by the administration and connoisseurs


[**Léon-Ernest Drivier*] (1878-1951), injustement négligé aujourd’hui, fut un sculpteur de talent et un illustrateur apprécié.

Fils d’un gantier grenoblois, il intègre les Beaux-arts de Paris avant d’entrer, vers 1900, chez [**Rodin.*] Il fit partie de « la bande à Schnegg » qui regroupait les collaborateurs du maître : [**Bourdelle, les frères Schnegg, Despiau, Pompon, Wlérick*]…

Après 1918 il reçut de nombreuses commandes monumentales de l’état, ou décoratives de collectionneurs privés. Sa carrière officielle sera une réussite (siège aux beaux-arts). Il connaîtra un succès étonnant en Amérique du sud : Argentine, Brésil... Beaucoup de ses œuvres sont conservées au musée de Grenoble et au musée des années 30 à Boulogne-Billancourt, mais on les rencontre un peu dans tous les musées français comme dans ceux du Nouveau Monde.

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Sa fontaine, dite des colonies, réalisée pour l’exposition coloniale de 1931 est toujours visible Porte dorée à Paris : c’est une gigantesque Athéna, de bronze doré d’où le nom de cette Porte de Paris, d’une hauteur d’une dizaine de mètres.

Il participa à l’exposition universelle de 1937, dite du Trocadéro, avec son groupe en pierre : « la joie de vivre  », que l’on peut toujours voir dans les jardins du lieu.
Vu sa formation et son premier employeur, un certain romantisme de l’expression, plus que des formes, habite sa vision de la sculpture jusqu’à la Grande Guerre. Après le retour de la paix, il évoluera vers un néoclassicisme ample sous l’influence de [**Maillol.*]
Expressivité moderne et tradition classique font bon ménage dans ses créations, qui apparaissent bien équilibrées et parfaitement maîtrisées au regard du spectateur. Cette force interne, contrôlée, sera en harmonie avec son époque et lui apportera la gloire internationale.

Son archer, inventé peu avant 1940, existe uniquement dans le bronze. C’est une sculpture de taille réduite: 51 cm de hauteur. Elle est en bronze à patine foncée nuancée vert, signée du fondeur : Alexis Rudier, à Paris. Le sujet connut un incontestable succès si l’on en juge par le nombre d’exemplaires aperçus ici ou là, notamment en salles des ventes : sans être très fréquent, on en croise une petite dizaine par an.

Le sujet est un puissant guerrier grec de l’époque archaïque : sa coiffure est caractéristique de ces temps lointains, que l’on s’en réfère à l’aurige de Delphes. Un rictus, ou une grimace d’origine respiratoire, se voit entre ses lèvres larges et serrées par l’effort. Son nez est énergique sans être proéminent. Ses yeux paraissent soutenir des paupières lourdes, tandis que ses joues se creusent du fait de la tension du tir. Il est nu mais son sexe est caché par une feuille de vigne : il ne fallait pas choquer les acheteurs. Cela étant, il est parfaitement clair que cet ornement pouvait être rendu amovible, si un client en faisait la demande.

L’homme, jeune, est agenouillé : sa jambe gauche est porteuse alors que la droite bouge au-dessus d’un pied reposant, au sol, sur les pointes des orteils. On remarquera qu’il fut nécessaire de créer une petite surélévation sous le genou porteur pour la fonte, ce qui signifie que le plâtre original en était dépourvu, au moins partiellement, et qu’il fallut « bricoler » le sujet pour le fixer.

Son puissant bras gauche, dressé dans l’air, tient un arc mais la flèche est déjà partie : le mouvement du bras droit, et de la main afférente, marque le retour en arrière du au tir. Le torse est doté d’une musculature impressionnante : c’est un athlète, invincible aux Jeux olympiques ! Tous ses membres sont tendus tels des cordes à la limite de la rupture. On ne rencontre de détente que dans le geste de recul de sa main droite. L’arc ne montre aucune corde…Ce qui rappelle un autre archer de l’époque : l’Héraclès de [**Bourdelle*].

Bingo ! Nous venons de mettre un nom sur ce magnifique bronze : c’est un Héraclès archer, dans la suite de celui de Bourdelle, qui vient de tirer ses pointes mortelles sur les horribles oiseaux carnivores du lac Stymphale, un des travaux d’Hercule. Le sujet traité par [**Drivier*] est moins archétypal et moins puissant que celui de son aîné, mais il ne manque pas d’allure : un axe de lecture verticale de l’œuvre est formé par le bras en hauteur et la jambe d’appui, auxquels répond l’arc, pas loin d’être horizontal. Le reste du corps amorce, légèrement, un mouvement de rotation à partir du bras droit qui s’apaise suite à la tension subie.

Naturellement son aspect décoratif est certain : après tout, cette sculpture est prévue pour la décoration intérieure. Sa place est sur une table ou une colonne, en exposition.
Il n’empêche que l’artiste a créé une statuette originale sur un sujet que l’on pensait inaccessible depuis le chef d’œuvre inventé par Bourdelle. Drivier a su interpréter à sa façon le mythe herculéen.

[**Jacques Tcharny*]|right>


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WUKALI Article mis en ligne le 11/10/2018)]

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