A famous daily radio show


Depuis 14 ans, [**RMC*] diffuse une émission de débats (maintenant retransmise à la télévision) en direct, et ce tous les jours à l’exception des week-end et des 25 décembre et 1 janvier. Et cette émission a finit par « trouver son public » puisque quotidiennement une moyenne de 1 million 800 000 personnes l’écoutent. Et son public donc englobe aussi bien les retraités, des étudiants, des actifs, l’épouse du président de la République que bien des sociologues et d’analystes de la population. Les [**Grandes gueules*] sont devenues une émission écoutée, appréciée et donc critiquée. Le principe est simple : deux journalistes professionnels l’animent. Ils ne sont là que pour « lancer les débats », les animer et surtout empêcher tout débordement. A leurs côtés, trois « chroniqueurs », tous issus de la « société civile », venant de milieux variés, et, c’est le moins que l’on puisse dire n’ayant pas les mêmes opinions. Les auditeurs peuvent intervenir dans ces débats pour amener leur point de vue, soit critiquer les positions d’un des intervenants.
[**Olivier Truchot*] et [**Alain Marschall*] ont réussi a créé une émission qui a sa propre âme, sa signature.

Les secrets des Grandes gueules est bien entendu un plaidoyer pro domo. Il se divise en deux parties.

La première autour d’anecdotes parfois drôles, parfois plus émouvante comme le direct qu’ils ont fait le jour de la traque des[** frères Kouachi*]. Il y a les incidents les plus marquants qui ont eu lieu : l’attitude de [**Sophie de Menthon*] lors de l’affaire [**Strauss Khan*] (elle a finit par faire deux procès à RMC qui n’ont pas abouti), les insultes de [**Gilbert Collard*] (qui fut un des chroniqueurs), les problèmes avec [**Mélanchon*] et les Insoumis.

Olécio partenaire de Wukali

On apprend les « coulisses » de l’émission, la place de plus en plus importante prise par les réseaux sociaux (Tweeter, Facebook, blog), le standard, la préparation, etc.
On insiste dans ce livre sur l’indépendance par rapport « au grand Capital  », dénoncé cycliquement par les deux extrêmes de l’échiquier politique et sur la liberté de parole dont chaque intervenant (chroniqueurs, auditeurs, invités) disposent.

Soit, il est certain que les « plateaux » sont généralement bien « dosés », on n’assiste pas à un débat unanime, c’est le moins que l’on puisse dire! Mais, les interventions des deux animateurs sont parfois assez orientées (ce qui peut fausser le débat) vers un libéralisme de bon ton. Certains chroniqueurs se comportent parfois comme les portes paroles de la pensée unique n’imaginant pas qu’il puisse y avoir d’autres solutions que celles qu’ils défendent. Et quand c’est un économiste qui assène ses vérités face à des contradicteurs qui n’ont pas son savoir, il est certain qu’il a toujours le dernier mot.

La limite de ce genre d’émission est que souvent, il y a un stock de lieux communs (sans aller jusqu’au «café du commerce») qui se déversent sur les ondes. Des fausses informations, des informations partielles, voire partiales, il y en a. Mais leurs émetteurs sont généralement de bonne foi, ils ne font que répéter que ce qu’ils ont entendu. Il faut dire que l’on ne peut pas être spécialistes dans tous les domaines abordés lors d’une émission. Et puis, les auditeurs fidèles auront remarqué que certains passent leur temps à se contredire ([**Claire O’Petit*] fut une spécialiste) : suivant le sujet ils peuvent
sincèrement dire une chose et lors d’une autre émission, sur un autre sujet, dirent tout aussi sincèrement l’inverse que précédemment. Et puis, il y a les « autistes » qui sont tellement certains de ce qu’ils pensent qu’ils disent toujours la même chose même si plusieurs intervenants leur ont démontré la fausseté de leur opinion ([**Jacques Maillot*] en est l’exemple le plus criant avec sa position sur les retraites des fonctionnaires), et ceux qui sont contre tel ou tel phénomène, personne, phénomène et qui assène avec une régularité de métronome les mêmes arguments quelque soit le contexte, comme, à force de se répéter, ils veulent se convaincre eux-mêmes : le meilleur exemple étant [**Zora Bitan.*] Cette dernière chroniqueuse est à elle seule la caricature de tous les autres, elle coupe la parole, à un petit rire satanique quand une réflexion ne lui plaît pas, sûre d’elle, pleine de certitudes, parfois condescendante, s’étant autoproclamée la seule légitime de par son passé pour parler de sujet comme la pauvreté, l’islam, l’école, elle est énervante, mais elle a sa place dans l’émission.

Cette émission est énervante c’est vrai, mais… Mais sa magie fait qu’on l’écoute, qu’elle est appréciée, qu’elle est devenue un des thermomètre de l’opinion publique. Sa force par rapport à de nombreuses émissions de débat ou dites de société, c’est qu’elle est en complet direct. Il n’y a aucun montage, aucune recherche de faire le « buzz », rien que du naturel. Et quand la parole dépasse la pensée, ce n’est pas grave, car c’est humain.

La seconde partie est une galerie de portraits : les biographies des deux animateurs, arrivés et à RMC, et dans l’émission, un peu par hasard, et le portrait des principaux chroniqueurs passés et actuels du premier [**Jacques Maillot*] à l’ancienne SDF [**Elina Dumont*] en passant par l’étudiant réactionnaire (qui fait des études d’histoire mais qui montre ses limites en ce domaine car confondant certitudes et connaissances) [**Maxime Lledo*], [**Johnny Blanc*] le fromager des Deux-Sèvres ou [**Étienne Liebig*], l’éducateur mais aussi l’auteur de roman érotique dont une vie sexuelle de Blanche Neige qui fait date.

Les Grandes gueules est une émission populaire mais sûrement pas populiste. Il y a des tombereaux de lieux communs qui sont échangés. Tout cela est vrai. Mais il n’y a aucun expert auto-proclamé, les chroniqueurs n’engagent que leur parole, n’osent que très rarement faire des analyses plus ou moins fumeuses. Il y a des émissions radio ou télévisuelles pour ça.

Un livre qui se lit plaisamment et utile pour toux ceux qui écoutent [**RMC*] pour comprendre la genèse et les coulisses d’une émission qui est en passe de devenir, sans barguigner, le symbole de la liberté d’expression.

[** Pierre de Restigné*] |right>


[**Les secrets des grandes gueules
Olivier Truchot et Alain Marschall*]
éditions de l’Archipel. 18€


[(


– Cet article vous a intéressé, vous souhaitez le partager ou en discuter avec vos amis, utilisez les icônes Facebook (J’aime) ,Tweeter, + Partager, positionnées soit sur le bord gauche de l’article soit en contrebas de la page.

– Retrouvez toutes les critiques de LIVRES parues dans WUKALI

– Peut-être même souhaiteriez pouvoir publier des articles dans Wukali, nous proposer des sujets, participer à notre équipe rédactionnelle, n’hésitez pas à nous contacter ! (even if you don’t write French but only English, we don’t mind !)

Retrouvez tous les articles parus dans toutes les rubriques de Wukali en consultant les archives selon les catégories et dans les menus déroulants situés en haut de page ou en utilisant la fenêtre «Recherche» en y indiquant un mot-clé.

Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 13/10/2018)]

Ces articles peuvent aussi vous intéresser