I love Paris in the spring time
I love Paris in the fall
I love Paris in the winter when it drizzles
I love Paris in the summer when it sizzles
(Bing Crosby)
Voici le tout nouveau «clip», l’outil de communication, la video réalisée pour le [**Centre Pompidou*] à destination des publics anglophones. Il est assorti d’un commentaire en anglais qui mettrait l’accent de [**Maurice Chevalier*] au niveau académique, ou mieux encore celui de [**Jean Lassalle*], candidat éphémère (et ariégeois) de l’élection présidentielle, dans une interview en anglais sur CNN, au rang de modèle phonétique et de prononciation. Ce commentaire, ce dialogue c’est le coeur vivant de cette video. C’est très drôle. Un sens de la dérision. Le français comme on l’aime, dans son jus et sa caricature. Un accent anglais, ou plutôt une absence d’accent, qui sent le terroir hexagonal : camembert, béret basque, litron de rouge et baguette de pain. Cette même prononciation qui amuse nos amis anglais ou américains qui nous considèrent encore pour certains comme des australopithèques facétieux, des pithécanthropes imprévisibles, ou au mieux pour de doux rêveurs attardés, mais les choses changent… ! Nos professeurs d’anglais dans nos lycées en tous cas ont du pain sur la planche, car au-delà de la pochade, la question de l’accent dans l’apprentissage de l’anglais est réelle.
Quoi qu’il en soit ce support médiatique constitue un modèle à suivre pour les écoles de commerce. C’est au demeurant un tropisme bien de mode aujourd’hui chez les agences de publicité, le second degré, et c’est un phénomène observable dans le monde entier que les grandes institutions muséales ou autres événements artistiques savent particulièrement utiliser. Nous avions en son temps présenté l’opération conduite par le Rijkmuseum à Amsterdam pour son dix millionième visiteur ou voila peu la video produite pour le prochain [festival de Pâques d’Aix en Provence 2019
->http://www.wukali.com/Aix-une-7e-edition-du-Festival-de-Paques-2019-pleine-de-promesses-3495#.W-4Qmi1cpsM]
Plus le sujet semble sérieux,« bcbg» pour faire court, plus l’outrance et la caricature servent de conducteur, pour ma part j’aime beaucoup, cela est réjouissant et souriant et positionne la culture ( mot typiquement français) dans un champ directement accessible qui porte à la joie et entraîne la sympathie. Cqfd le tour est joué, et tout le monde est gagnant ! Evidemment il y aura toujours quelques pisse-froids !
Sous-jacent à ce film, la question de l’identité, du positionnement, car la concurrence est rude en matière d’art moderne et contemporain, le Moma à New-York ou encore la Tate à Londres. [**Paris*] cependant fait son chemin et quelle apothéose en ce domaine, la collection Pinault-Paris, Bourse de Commerce qui ouvrira en 2019, la fondation Louis Vuitton, la fondation Cartier, et en plus ce centre fabuleux de Paris, ce polygone unique entre le musée d’Orsay, le Louvre, Pompidou évidemment, le musée Picasso et ces multiples autres pôles artistiques et culturels tels la Bibliothèque nationale de France- François Mitterand, la Cité des sciences, la Cité de la musique et la Philharmonie !
Dans cette video du Centre Pompidou, la scénarisation est aussi tout particulièrement amusante. La pierre philosophale pour stimuler l’intérêt des visiteurs étrangers à Paris pour découvrir les joyaux de la capitale serait cette pacotille du commerce touristique, cette réplique format miniature, qui se multiplie à la manière saint sulpicienne sur les rayonnages des boutiques spécialisées ou vendue à la sauvette dans le voisinage immédiat du Louvre, de la Tour Eiffel ou du Sacré Coeur… A cela il convient d’ajouter l’Arc de Triomphe et Notre Dame, les «Big Five» comme le dit très sérieusement un vendeur à ses clients américains, un remake des «sept soeurs» à la française. Comme le disait jadis un slogan publicitaire, «si on n ‘a pas de pétrole, on a des idées !»
Idée médiatrice et drolatique, le Centre Pompidou fait appel à une escouade de vendeurs de rue qui arpentent les zones où les touristes affluent. Des dialogues savoureux entre les marchands de pacotilles et les visiteurs, quelques airs d’accordéon pour faire «couleur locale » dans l’imaginaire d’un Paris qui n’existe plus guère sauf à revoir les très beaux films de [**Carné*], avec [**Jean Gabin*] dans le rôle du French Lover !
Eh oui, nous vivons dans un monde de la communication et le marketing triomphe à tous les étages, mondialisation oblige ! Mais au final mettre les rieurs de son côté demeure toujours une excellente tactique. Une communication directe, un objet esthétiquement médiocre mais dont la puissance de communication est tout bonnement faramineuse. Franchement qui d’entre nous n’a jamais rapporté de ses voyages, un bibelot, un cadeau de quelques roupies ou quelques cents pour l’offrir à ses voisins, ses collègues de travail ou son petit neveu, enfin quand je dis petit neveu… !
Mais soyez rassurés, longues sont les colonnes des visiteurs à faire la queue à l’entrée du musée d’art moderne lors des grandes expositions et l’essentiel n ‘est-il pas de parler du Centre Pompidou, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !
Rappelons, pour qui l’ignorerait que le poids économique direct de la culture en France représente [**44,5 milliards €*], soit 2,2 % de l’économie française (chiffre 2016), que la région francilienne a accueilli en 2017 2,9 millions de touristes dont un grand contingent américain, enfin, que l’image de la France, et c ‘est tout particulièrement patent pour les visiteurs chinois ou japonais est aussi celle d’un certain romantisme, d’une qualité de vie et de la gastronomie, de nos peintres et de nos écrivains. Il ne tient qu’à nous d’enrichir leur empathie de nos qualités créatives et de notre volonté d’excellence et de transformation. Plus près de nous en Allemagne dans les années 20 ne disait on pas : «Leben wie Gott in Frankreich» (heureux comme dieu en France) quant à [**Heinrich Heine*] il écrivait quelques années plus tôt tout simplement : «Heureux comme Heinrich Heine à Paris !».
Alors si [**Paris*] vaut bien une messe, le [**Centre Pompidou*] vaut bien aussi un gadget du commerce de masse !
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WUKALI Article mis en ligne le 16/11/2018)]