Marcel Aymé a French playwright and novelist master of light irony


[**Marcel Aymé*], un soir de St Valentin, au théâtre de la Jonquière. Présenté comme cela ça serait plutôt « mais qu’allait-il faire ? » ; le dolorisme chrétien a ses limites. Saint-Valentin bon ! Au bout de la rue de la Jonquière dans le dix-septième arrondissement à Paris, moui… Marcel Aymé ouh la!

Marcel Aymé provoque souvent un sentiment « d’attachement répulsion ». Vous savez celui qui nous envahit lorsqu’on pense à nos 15 ans. Sweat trop larges, jeans troués, baskets blanches. Bien dans sa peau, un avenir radieux. Et comme cela commence à dater, le noir et blanc prend progressivement la place du fluo qui réhaussait si bien ledit sweat. On y reviendra.

Et puis 15 ans, c’est souvent l’âge auquel d’ailleurs on a lu le « Passe-Muraille » et regardé pour la première fois « La Traversée de Paris », voire pour les plus chanceux où on a pu apprécier sur l’invitation (pressante) de son professeur de français une représentation de Clérambard à Ferrière sur Sichon un dimanche après-midi de mars. Et c’est là que l’on comprend d’où vient ce sens de la fête qui nous anime !

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Bref, au-delà de l’attachement nostalgique d’œuvres couleurs délavées, on se souvient. Les œuvres ont été imprimées, photographiées, digérées et qu’elles résonnent malgré tout dans notre quotidien. On ne guérit jamais de son enfance.

Les idées nous avaient touchés et puis il y a la langue. Une langue qui résonne et qui raisonne. Eh bien c’est bien une piqure de rappel du vaccin du sel de la vie qui nous a été administrée par la compagnie sur un Air de.

Revenons une seconde sur la rue de la Jonquière. Théâtre très sympathique, accessible, simple. A l’image du quartier qui a changé. Moins de créatures qu’il y a dix ou quinze ans et quelques bonnes adresses à découvrir, mentions spéciales pour l’épicier de Tiznit et le café du Théâtre où boire un verre avec les comédiens après la pièce. « Viens voir les Comédiens » !|right>

Des comédiens passons au « temps au temps et rien d’autre ».

La pièce. Nous ne connaissions pas le texte ; l’idée initiale est formidable et le texte regorge de formules pépites qui nous ont conduits à nous le procurer dès le lendemain.

Seconde guerre mondiale, le gouvernement de la France occupée sollicite des experts pour mettre un terme au conflit. On souhaite une solution inédite « la grosse Bertha de la Science ». Et puis une idée simple : nous avons su avancer le temps d’une heure à l’été pourquoi ne pas avancer le temps de 17 années. Un clignement d’œil nous voilà en 1959, ses promesses, sa musique, son confort.

Curieux tout de même, les personnages ont des souvenirs des années qu’ils n’ont pas vécues.

Tour de force, on y croit. Rien de plus normal que le personnage principal (une belle découverte que ce comédien) qui revient d’un voyage au Mexique se retrouve avec quatre enfants qu’il ne connait pas et douze livres écrits mais qu’il n’a que peu vendus. « L’illusion est parfaite » pour les personnages mais aussi pour les spectateurs. Avec peu de chose et beaucoup d’enthousiasme des comédiens, on y croit, on y est.
On y est bien.

Alors quand la deuxième partie de la pièce nous tombe dessus comme l’orage sur Marcel le héros le malaise commence.

A bicyclette pour visiter un ami près de Dôle, le héros tombe donc sous une pluie orageuse et dans les pommes. Reprenant conscience, il se rend compte progressivement qu’il est revenu en 1942. Sans doute que dans le Jura le Décret n’est pas passé. Mais à Paris c’est pareil et personne n’a conscience de ce qui s’est passé.
Personne ne se rend compte que son présent se conjugue au passé. Marcel lui sait qu’il est enfermé dans un présent -passé ou un passé trop présent et qu’il revit ce qu’il a déjà vécu.

« Illusion, pensais-je. La Jeunesse qui n’a rien à espérer (ou à découvrir) n’est pas la jeunesse ».

Dure vie que la vie d’un Dieu ou d’un verbe défectif pour lequel il n’y a ni lendemain ni hasards.

Petit à petit (heureusement ? oui un peu comme le coup de la couleur du sweat) Marcel oublie son passé et ses « souvenirs du présent et de l’avenir » et chaque jour « l’éloigne de l’avenir ».

Comprenez alors qu’on ne sort pas totalement indemne de l’expérience : le pouvoir de l’Etat, la science, la conscience, le temps et sa relativité.

Et puis les comédiens de la compagnie, enthousiastes et charmants courez à leur prochaine aventure !

Et enfin et surtout les mots, la langue, les formules qui trottent en tête « comme ses petites bottines ».

Mais c’est normal, après tout c’était la Saint Valentin !
De plus ou de moins qui sait ; tout simplement nous avions 17 ans. Et c’était bien !

[**Jean-René Le Meur*]|right>


[**Le Décret*]
[**Compagnie sur un air de*]
[**Théâtre de la Jonquière*]. 88 rue de La Jonquiere. 75017 Paris


[(

Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 17/03/2019

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