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Dom (de son vrai prénom Domnin) est un jeune garçon de 15 ans. Il attend sa mère partie au cap Horn depuis cinq ans sans qu’il sache pourquoi. Il vit avec son père Yriex dans un immeuble à Paris où loge le reste de sa famille : Gaston son oncle, célibataire amateur de poker et de vieux livres, Désir, sa tante « prout prout », mère de deux garçons plus qu’archi gâtés, marié avec un être plus que fallot mais qui va être un très riche héritier, Tifenn, l’autre tante, mais elle par alliance, la veuve de Yanning, le frère mort en héros lors d’un sauvetage en mer au large de Groix.
Mais une nuit, Yriex décède d’une crise cardiaque. Tout ce qu’apprend Dom c’est qu’une mystérieuse femme blonde était avec lui et a appelé le Samu avant de disparaître. Non seulement il a perdu son père, mais en plus une lettre lui fait comprendre qu’il a une sœur, Oriana, se trouvant en Argentine.
Confié par testament à Gaston, Dom est hanté par ces absents : son père, sa mère, l’inconnue, sa sœur. Il va se ressourcer chez son amie Martine, mais rien n’y fait, jusqu’à ce qu’il apprenne la vérité sur sa mère. Alors il part vers son destin avec Tifenn pour un voyage en Argentine, d’abord au Cap Horn puis au pied du Perito Moreno, cet immense glacier pour rencontrer Oriana.
Bien sûr la vérité n’est pas exactement ce qu’imaginait ce jeune garçon, tout comme elle est loin de celle qui a fondé la vie de Tifenn depuis son veuvage.
Les lecteur de Wukali savent le grand bien que je pense de[** Lorraine Fouchet*] et de son amour de l’île de Groix dont elle sait si bien chanter les beautés. Dans ce nouveau livre, Groix est moins présente, il y a toujours Locmaria et la girouette en forme de thon au clocher de l’église ou la plage des curés, mais Groix est devenue le lieu des racines, ce lieu où on revient toujours physiquement ou en pensée, ce lieu qui permet de se « ressourcer » de se reposer pour mieux affronter les durs moments de la vie. Groix est en quelque sorte un symbole, celui qui unit tous les hommes qui ont appris à l’apprécier à leur juste valeur. Et peu importe où ils se trouvent, même à l’autre bout du monde, peu importe s’ils sont vivants ou morts, Groix est toujours là pour les replacer dans la chaîne de l’humanité.
À mon avis, [**Lorraine Fouchet*] signe avec Tout ce que tu vas vivre, son meilleur livre, celui où elle exprime le plus de sensibilité, de beauté, où elle va jusqu’au fond de ses analyses sur la complexité de l’âme humaine, où elle montre parfaitement le jeu des apparences qui nous éloignent de la vérité, qui peuvent être un moteur pour continuer à vivre après une épreuve, mais qui ne sont que des mensonges qui, de fait, nous empêchent de vivre véritablement. Les certitudes peuvent tomber au moment où on s’y attend le moins et il faut choisir, vite, très vite le chemin que l’on va devoir emprunter maintenant que l’on sait.
Pour autant, un mensonge peut être aussi un moteur pour continuer à vivre, à avancer dans sa vérité. Il n’y a aucun manichéisme chez Lorraine Fouchet et c’est une de ses forces.
Roman sur la résilience, roman sur l’empathie, roman sur l’amour, roman sur la nature humaine. Et ce n’est pas parce que l’on a quinze ou quarante sept ans que les questionnements, les erreurs ne sont pas les mêmes, et on doit tous faire des choix qui vont totalement orienter notre avenir.
Et surtout, et c’est ce qui fait tout le charme et la force de la littérature autre que celle de gare, ce roman ne finit pas par une fin heureuse bien mièvre. Non, il finit par une injonction, un cri désespéré pour inciter les personnages à aller jusqu’au bout non de leurs rêves mais de leur choix, de les assumer, d’en tirer le meilleur, d’assumer. Alors, et alors seulement, ils pourront atteindre, connaître une certaine sérénité, voire des moments de bonheur. Une vraie philosophie de vie contenue dans les dernières lignes du roman : « Les hommes sont en perpétuel mouvement, ils avancent chaque jour, ils chuchotent, ils grondent, ils crient, ils hurlent, ils croient former des barrages au chagrin ou au malheur, puis un jour ils s’effondrent. Mais avant ce jour, quelle formidable force, quelle aventure magnifique! On est parfois heureux, parfois malheureux, mais on est vivant, tout le temps. Gracia a la vida! »
Un très beau livre dans lequel Lorraine Fouchet montre tout son talent.
[**Tout ce que tu vas vivre
Lorraine Fouchet*]
éditions Héloïse d’Ormesson. 20€
[(
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WUKALI Article mis en ligne le 17/03/2019
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