Mozart in mime and music


Dans le cadre du Festival de Pâques

Comment raconter [**Mozart*] sans prononcer une seule parole, sans dire un seul mot ? Quand on sait comme sa vie fut certes courte, mais tellement riche !
Elle l’a fait à sa manière, et de belle manière, [**Nola Rae*] est mime et elle était à bonne école, puisqu’elle fut une élève du grand [**Marcel Marceau*]. Tout comme lui, la britannique cisèle ses gestes, chacun de ses mouvements est éloquent, expressif, bavard.

Pourquoi faire rire avec Mozart ? Est-ce lui manquer de respect ? Assurément pas. On dit que le musicien aimait rire et son rire saccadé fut immortalisé dans l’« Amadeus » de [**Milos Forman*] interprété par [**Tom Hulce*]. D’aucuns prétendent que ce rire-là n’est qu’une rumeur. On ne l’entendra de toute façon pas. Seule la musique du compositeur est célébrée. Ce qui est sûr, c’est qu’il est permis de « fantasmer » sur la personnalité du génial compositeur, dont on dit encore qu’il était frivole, capricieux, impertinent… Ceci en revanche est démontré dans le [**Mozart Preposteroso*] de[** Nola Rae*] ( Preposteroso est excipé du mot anglais: «preposterous» qui signifie ridicule.)

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Décalé, assurément, et plein d’idées et de trouvailles. On aurait aimé une seconde partie à l’image des premiers tableaux offerts qui, piquants, alertes, drôles, s’enchaînaient avec rythme et drôlerie. Vers la fin, les figures tardent un peu à se dessiner, quelques longueurs se glissent dans le silence et la belle musique nous manque. Formidable séquence en « lever de rideau », jeux de drapés et de lumière derrière lesquels apparaît le père, des drapés qui auraient joliment inspiré le peintre [**Zurbaran*].

Mozart a écrit un jour, qu ’« il ne peut pas exprimer ses sentiments et ses pensées par des gestes et de la pantomime, qu’il n’était pas danseur. Il le pouvait grâce au sons ! »
Nola Rae a t-elle perçu une pointe de regret dans les propos de Mozart ? Ce sera donc elle qui incarnera le musicien par de la pantomime et des gestes ! Toujours est-il que c’est avec beaucoup de tendresse et d’humour que la comédienne-mime aborde le personnage.

« Parmi les grands compositeurs, Mozart est certainement le meilleur candidat pour porter un nez de clown ». dira Nola Rae. Pas seulement un nez, mais la voilà poudrée, et elle se poudre à volonté grâce à un ingénieux système relié à un miroir sur pied … peut être disponible au XVIIIème siècle ? La voilà costumée et emperruquée pour retracer la vie du musicien. Etapes par étapes, on la suit, ou plutôt, on le suit, en six tableaux. Il est tout petit, poupon de chiffon en parfaite symbiose avec son musicien de papa… déjà génial, (désopilante séquence de ce bébé précoce écrivant à la plume d’oie, ‘ah vous dirai-je maman », du fond dans son berceau. On voit la plume s’agiter. Puis l’enfant grandit, son père le montre à tous, un peu comme on présenterait à la galerie une bête de cirque. Ensemble, ils parcourent le monde. Le rapport à son père n’est pas simple. Il ne l’est pas non plus face aux princes et aux Empereurs. Il va de cour en cour, et on sait combien ça lui coutait , lui qui n’aimait pas la noblesse et n’aimait pas être privé de liberté.

De cours en palais, on suit Mozart. Tous les spectateurs, enfants en tête le suivent et beaucoup d’entres eux le découvrent pour la première fois. Et Nola Rae nous fait bien comprendre qu’à cette époque, le musicien n’est qu’un simple domestique qui dépend du bon vouloir de ses Maîtres ! On lui impose une loi : Mozart courtisan, homme du monde, c’est impensable, voire révoltant. C’est cette révolte aussi que l’on « entend » et, dans ce silence disert, cette partition silencieuse et colorée nous conduit à cette destinée tragique que nous connaissons tous. Les problèmes de santé, d’argent, et cette frénésie à composer et composer encore des œuvres majeures. Heureusement que la musique de Mozart nous rend joyeux ! C’est prouvé ! On écoute La Flûte enchantée, et le miracle se produit. Sauf qu’ici, on assiste au casting sans pitié de la voix de diva, autre séquence savoureuse du spectacle, et on a peur pour Papageno. On aime encore l’air de la comtesse des Noces de Figaro. On écoute des sonates, des symphonies, des concertos sur une bande son à vrai dire pas formidable. Difficile sans doute d’inviter des musiciens sur scène le temps de quelques extraits. Mais sans doute y a-t-elle pensé, Nola Rae. Qu’importe au final. L’histoire sans parole se clôt majestueusement et dans l’émotion… On suit Mozart qui nous quitte. Dans son ultime œuvre, le Requiem, la musique l’emporte et nous emporte avec elle, pour l’éternité.

[**Pétra Wauters*]|right>


[**Mozart Preposteroso*]
Nola Rae, mime et marionnettiste
John Mowat, mise en scène


Illustration de l’entête: photo ©Caroline Doutre


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Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 21/04/2019

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