Un roman d’Alain Bonnand. Des conversations d’ordre sexuel très calibrées
Dans ce roman d’Alain Bonnand, nous voici installés en 2006, Arthur Coquin, le héros, est marié, trois filles, il travaille au Yémen où il fait des trous pour une multinationale. Laurence, sa maîtresse, 50 ans, habite Orléans. Ils communiquent grâce à Internet.
C’est un vrai couple « pervers » au niveau sexuel : il la pousse dans les bras d’autres hommes et leurs plaisirs se situent dans les comptes-rendus de ces histoires. Arthur est-il attentif aux aspirations de Laurence ? C’est ce qu’il lui a dit, mais qu’il ne fait pas toujours bravant certains interdits qu’elle lui a mis. Laurence est-elle une nouvelle « O » soumise aux plaisirs de son seigneur et maître, ou une femme libérée qui vit pleinement sa sexualité qu’elle pimente par sa correspondance avec Arthur ? C’est au lecteur d’en décider, l’auteur le laissant seul avec ses interrogations.
N’attendez surtout aucun passage érotique, voir « cru ». Il n’y en a pas. Juste quelques allusions, très très lointaines, et tout est dit !
Voici un roman qui n’est qu’une longue suite de conversations à travers diverses messageries électroniques. 2006 n’est pas choisi par hasard, c’est le début du développement de ces nouveaux moyens de communications.
Arthur Cauquin au Yémen , est, en quelque sorte, la nouvelle version, assez lointaine toutefois, des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Avec tout ce qu’il y a de nouveau dont le style. Et dans le fond, entre une lettre écrite et un sms, il y a une perte de mots et donc de fond, de chaleur et de sensualité. Est-ce l’époque qui veut ça ? On écrit dans l’immédiateté. Avant une lettre était le résultat d’un long processus de maturation, le point d’aboutissement d’une réflexion, d’une recherche intérieure, pour essayer de communiquer, de transmettre le non-dit, le ressenti, l’invisible, voire l’inconscient. Maintenant le message n’est que la surface de l’être, sa superficialité et non sa profondeur. Alain Bonnand dans ce nouveau roman nous en apporte la preuve. Et c’est loin de réjouir les amateurs des mots, de littérature.