David Fray a joué Bach : Les Variations Goldberg BWV 988. Les Variations Goldberg ont été originalement écrites pour clavecin. Elles ont cependant été transcrites et jouées sur plusieurs instruments. Ce mercredi 12 aout 2020 à 21 h, le piano est roi et le pianiste est le prince charmant.
Est-ce que nous venons pour les variations, ou pour le pianiste ? Les deux assurément !
On ne prend pas trop de risques, on sait que David Fray les a enregistrées, et brillamment qui plus est, ces redoutables variations de Goldberg. Du « Gold en barre », si on ose dire, car il s’agit là d’une pépite, une œuvre pas commode à mémoriser, qu’il joue pourtant sans partition, et aussi une musique intraitable, difficile à interpréter.
Et il n’hésite pas le pianiste. Décidé, déterminé, même si la première de ces 30 variations se joue tout en douceur. Ne pas se fier aux apparences. Le pianiste semble décontracté, quoique ses entrées surprennent toujours. Le regard perdu « ailleurs », avec nous sans être vraiment là. La suite nous prouvera qu’il nous a déjà quittés pour Johann Sébastian Bach, assurément l’un de ses compositeurs de prédilection.
Cette première variation, il la joue son dos bien calé sur le dossier de sa chaise. Oui, pas de tabouret, le jeune homme a choisi. Et si ce pianiste est atypique, la question de chaise est vite oubliée, c’est sa musique qui nous questionne joliment.
On garde à l’esprit Glenn Gould, le point de référence de ces variations, mais si on vous disait que David Fray n’est pas loin de la perfection ? Bien sûr, c’est une question de goût et chacun juge selon l’idée que l’on se fait de l’interprétation de Bach. De plus, on sait qu’il n’y a pas deux variations de Goldberg identiques, c’est aussi ce qui est intéressant et toujours surprenant.
David Fray a trouvé son chemin, et on le suit sans peine. Il est vrai que l’on est parfois un peu surpris, ici par quelques articulations, là par quelques nuances, et si l’utilisation de la pédale n’est pour certains pas forcément dans l’esprit de l’écriture de Bach il s’agit là d’un choix entièrement dévolu à l’interprète qui, ici, l’utilise de façon intelligente.
C’est une musique à la fois contemplative, recueillie, méditative et virtuose. L’interprétation de David Fray est authentique, vraie.Il faut relever de nombreux défis dans ces variations. Déjà, Bach nous indique le chemin de la transcendance ! Il est haut, très haut ce chemin-là qui nous élève et nous conduit à la perfection. On l’emprunte avec le pianiste facilement, car c’est avec naturel qu’il aborde ce monument musical. On aime la façon qu’il a de « partir », « revenir », « descendre », « monter », la route est parcourue de nombreuses embûches, et il faut avoir la hardiesse et l’élégance de David Fray pour forcer le chemin.
Rappelez-vous, il s’agit de trouver la divine lumière, et avec ces variations ainsi jouées, on est touché au cœur. C’est une belle mise en lumière des variations de Goldberg que l’on écoute jusque dans leurs murmures, leurs silences, leur poésie, et soudain leurs danses aux accents tourbillonnants. Tourbillonnantes, virevoltantes aussi ces mains qui courent sur le clavier. Des mains qui racontent, avec élégance, mais que l’on suit parfois avec peine, tant les mouvements des doigts se font abstraits et nous échappent dans ce jeu précis sur le clavier. C’est dans ces moment-là que le pianiste quitte le dossier de sa chaise pour se rapprocher des touches, être au plus près de la musique et amorcer un véritable travail d’orfèvre.
Sublime !
Deux bis nous ont été offerts. Le premier nous a particulièrement touchés. Il s’agit de Bach/Busoni : Chorale prélude BWV 659. Le second bis est une superbe sarabande de la Partita n°2 en do mineur BWV 826. Ces bis sont encore de bons moments d’exception.
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