En cette année du bicentenaire de Napoléon Ier, que de polémiques! Que d’arguments pour ou contre les actions de Napoléon. Qui plus est, ils sont le plus souvent sans aucun rapport avec l’Histoire car il s’agit plutôt de jugements à l’emporte-pièce de faits réels, mais analysés avec notre mentalité, notre culture du XXIè siècle.
N’en déplaise à certains, la place de la femme dans la société il y a 200 ans n’était pas exactement la même qu’à notre époque. On ne peut reprocher à Napoléon de ne pas avoir su anticiper toute l’évolution de la société. Ne parlons pas du rétablissement de l’esclavage. Oui, ce fut une erreur comme il le reconnut à Saint-Hélène, mais ce fait, sorti de son contexte politique, social, économique, ne peut être jugé que moralement, avec la morale de notre époque et non avec celle du début du XIXè siècle. Et ceux qui condamnent Napoléon sans aucune voie d’appel, oublient bien sûr le Code civil, les réformes administratives, le Code pénal et j’en passe.
Alors on l’accuse d’être la cause de millions de morts à cause des guerres (et oui, il était militaire et en plus un des meilleurs stratèges de tous les temps). Mais on oublie toutes les coalitions qui ont été montées par l’Angleterre contre la France et les idéaux de liberté issus de la Révolution française. D’ailleurs, à ce niveau, il est vrai que Napoléon déclencha deux conflits : contre l’Espagne et contre la Russie, ce furent deux échecs qui causèrent sa chute.
Dans ces conditions il est nécessaire de surmonter nos a priori et d’avoir une démarche soit historique, soit judiciaire. Qui de mieux que Philippe Courroye, ancien juge d’instruction, actuel Avocat général près la Cour d’appel de Paris et grand connaisseur du premier Empire pour instruire le dossier Napoléon.
Il fonde ses réquisitions en 6 chapitres de « Napoléon, un tyran despotique ou homme d’exception ? » à « Napoléon, faussaire devant l’histoire ou légende justifiée ? » en passant par « Monarque mégalomane ou empereur héritier de la Révolution ? » ou encore « Un butor sans cœur et sans culture ou un érudit pourvu de sensibilité ? ».
A travers des anecdotes et des analyses très documentées, il dessine un portrait sans concession de l’Homme Napoléon Bonaparte qui gouverna et présida aux destinées de la France durant quinze petites années. Non seulement il la dirigea, mais il la transforma profondément à partir des fondations jetées par la Révolution et des restes de la culture de l’Ancien Régime.
Il en résulte un portrait contrasté, ainsi il ne nie pas son immense charisme alors qu’il parlait et écrivait un français peu conforme aux normes grammaticales et d’orthographe avec un fort accent trahissant ses origines corses.
Alors, à l’heure du verdict, en refermant ce livre, c’est chaque lecteur qui doit se prononcer, mais en ayant bien des éléments lui permettant de surmonter les a-priori qu’il pouvait avoir avant sa lecture.
Philippe Courroye signe ici un livre original dans sa façon d’aborder l’histoire, on serait bien heureux que d’autres suivent le chemin qu’il a tracé pour d’autres personnages ayant marqué notre histoire comme Clovis, Charlemagne ou Louis XIV. Une façon peu commune d’aborder la vie et l’œuvre de Napoléon qu’il faut avoir lu.
Accusé Napoléon, levez-vous !
L’Empereur à la barre de l’Histoire
Philippe Courroye
éditions Robert Laffont. 21€50