Où il est question du loup et de « l’invention » du chien à différentes époques (paléolithique, néolithique). Car en effet, le loup n’en finit pas d’habiter les imaginaires. En croisant la biologie, la paléontologie, l’histoire, la littérature, l’art, les contes et légendes ou encore la mythologie, cette exposition à voir à Elbeuf en élabore un portrait émancipé des préjugés.
L’exposition Histoires de loups : Portrait, mythes et symboles à la Fabrique des savoirs d’Elbeuf-sur-Seine retrace l’évolution du loup au fil du temps et son importance dans la chaîne alimentaire. Cette partie de l’exposition consacrée au portrait de l’animal vous permettra de découvrir les ancêtres du loup eurasiatique actuel (canis lupus sensu largo).
Peu d’animaux de cette taille ont pu investir autant d’écosystèmes et de géographies différents. Au sens strict, les aires de répartition des différentes populations de loups couvrent la partie nord du globe terrestre ; en revanche, il existe d’autres « loups » dans l’hémisphère sud comme le loup à crinière ou le dingo en Australie, dont la classification est discutée. Le loup (et le chien, sa forme domestique) est un canidé, au même titre que le lycaon, le coyote, le chacal, le dingo et le renard.
C’est ainsi que l’exposition Histoire de loups : Portrait, mythes et symboles retrace les relations entre les loups et l’homme à travers une présentation de son mode de vie, le fonctionnement des meutes, des expressions populaires françaises et étrangères avec le mot « loup », des loups mythiques, des représentations du loup dans l’art, la littérature, le cinéma…
Car en effet, ce canidé est un animal sociable ; il vit en meute très hiérarchisée. À la tête de celle-ci, une femelle et un mâle alpha, les seuls du groupe à se reproduire, puis un mâle béta endossant le rôle de nourrice pour les louveteaux. On dit du loup qu’il est bavard, qu’il hurle, gronde, jappe, gémit ou aboie selon les circonstances, et dès son plus jeune âge (environ 32 jours). On distingue en effet 5 types de cris : plaintes, grincements, grondements, abois et enfin hurlements.
Chacun d’eux joue un rôle plus ou moins important dans les relations entre individus ou entre meutes. Il possède un répertoire de signaux de communication très riche et la structure sociale de la meute est strictement définie et organisée. Les oreilles, très mobiles, se lèvent ou se couchent en fonction des circonstances. Baissées mais tendues sur les côtés, elles renforcent l’expression de défiance. Pointées en avant, elles marquent l’agressivité, tandis que, rejetées en arrière, elles sont escamotées en prévision d’une menace de combat. Dressées et largement déployées, elles sont une preuve d’attention et le privilège des dominants, qui montrent de cette façon que rien ne leur échappe.
Le loup chasse le petit gibier en solitaire, et le grand gibier en meute. Chassant les grands herbivores, bisons, élans, wapitis, caribous, les loups ne dédaignent ni lapins, ni rongeurs, ni même oiseaux, oeufs ou poissons. Il s’attaque à des proies de différentes tailles, mais la règle est toujours la même: déceler l’animal affaibli ou malade qui lui permettra une capture aisée. Il sert donc sans le vouloir l’intérêt des espèces qu’il chasse en éliminant les sujets les plus faibles. D’ailleurs, les indiens inuits affirment que « le loup garde le caribou en bonne santé » !
Histoire de loups :
Portrait, mythes, symboles et légendes
La relation entre l’homme et le loup remonte à plusieurs millénaires. En France, de nombreuses grottes possédant des peintures anciennes d’animaux ont été découvertes. Parmi elles, la grotte Cosquer ou la grotte de Lascaux regorgent de ces représentations.
Il y a plus de 34 000 ans, l’homme et le loup se sont rapprochés. Dès lors, est née une collaboration et une relation unique de domestication. Le loup est un mammifère parmi tant d’autres. Pourtant, il est certain que nous ne l’aimons guère. Durant des siècles, il a été considéré comme un vecteur de maladies, un nocif ou encore un concurrent. Mais cet animal est avant tout un canidé, lointain ancêtre de tous les chiens.
Dans cette perspectives, dans les mythologies grecques, romaines, égyptiennes ou encore dans les sagas scandinaves, il est considéré comme un symbole de force et d’intelligence. Dans les cultures inuite et amérindienne, le loup a une place importante et est à tel point perçu de manière positive.
Quoiqu’il en soit, le loup est lié à de nombreuses représentations qui diffèrent selon les cultures. Selon la mythologie inuite, Amarok est un loup gigantesque, mais c’est avant tout un être bienveillant qui contribue à maintenir les troupeaux de caribous en bonne santé en éliminant les plus faibles et les malades. C’est ainsi qu’une légende raconte : depuis ce jour ancien ou l’Esprit d’Amarok, l’Esprit du Loup, a envoyé ses loups dévorer les caribous faibles et malades, afin que les troupeaux puissent à nouveau prospérer, cet Esprit plane sur tout le Grand Nord. Aujourd’hui, les Inuits laissent chasser les loups en paix car ils savent que leur survie en dépend.
Le loup est un élément essentiel des plus anciennes traditions de métamorphose.
Le rapport de l’homme avec le loup est, plus qu’avec n’importe quel autre animal, très fort.
Ainsi même et dès le Ve siècle avant J.-C., Hérodote déjà parle d’hommes qui se transforment en loups pour en acquérir la force.
Cette métamorphose peut être un châtiment divin ; d’ailleurs les personnes susceptibles d’être des loups-garous étaient éliminées sans aucune forme de procès. Durant l’époque moderne, il y avait de nombreuses histoires de lycanthropie et de nombreux procès ; ces créatures sataniques se livrant à des activités nocturnes surtout durant les nuits de pleine lune.
Les loups dans les contes et fables
Les fables délivrent des morales, et les contes sont des récits d’initiation pour les plus jeunes. Beaucoup de ces récits mettent en scène des animaux anthropomorphisés. Le loup y est très présent ; il perd sa réalité animale pour devenir un personnage de fiction à qui l’on fait jouer des rôles stéréotypés et bien souvent les plus mauvais : celui de la méchanceté gratuite, de la ruse déçue, de la fourberie ou de la stupidité.
L’école enseigne les fables pédagogiques d’Ésope depuis l’Antiquité. Celles de La Fontaine sont apprises pas coeur par les écoliers, encore aujourd’hui.
Avant et aujourd’hui
La réputation du loup prend un coup à partir de la fin du Moyen Âge. C’est ainsi qu’on l’accuse de devenir anthropophage et de se délecter de la chair humaine. En effet, et à cause des guerres secouant les différentes régions, les cadavres sont laissés sur le champ de bataille, sans sépulture. Le loup en profite ainsi pour se nourrir, par facilité.
Dès lors, à partir de ce moment-là, plusieurs histoires sont montées, notamment par l’Église, et on voit son image se dégrader. Battues, empoisonnements et autres pièges se multiplient alors, d’autant plus que la chasse au loup devient lucrative. À chaque bête tuée, le chasseur reçoit une prime. Les battues vont persister. Il faut confier le soin de débarrasser le pays de ces bêtes farouches à un corps de spécialistes que la guerre où la moisson ne les détourneront pas de ce devoir. À des siècles de distance, Charlemagne, François Ier et Napoléon en sont les artisans. L’idée vint au premier, le second l’officialisa et après l’éclipse révolutionnaire, le troisième la ressuscita.
- Une belle exposition certes sur le chemin des vacances en Normandie. Peut-être eût-il été opportun d’envisager aussi, et avec lucidité, notre temps même, et de réconcilier, sur nos territoires, loin des phrases de bon ton, le loup avec ses voisins immédiats, son seul prédateur, le monde des hommes. Si cette exposition facilite notre regard, ce sera alors pari gagné.
Histoire de loups
Portraits, mythes et symboles
La Fabrique des savoirs
Elbeuf. Métropole Rouen-Normandie
Exposition jusqu’au 24 octobre 2021
Voir et revoir sur WUKALI deux dessins animés dont le loup est le héros:
Untamed ou le plaisir de la musique de jazz et de la trompette
et du merveilleux réalisateur russe Garri Bardine, Le loup gris et le Petit chaperon rouge