Le vélo, la bicyclette. Non, le Vélo. Avec une majuscule. Et si le cyclisme a inspiré à Antoine Blondin ou à Louis Nucera de magnifiques pages, rarement ou jamais un coureur cycliste professionnel ne s’était risqué à écrire un livre sur son sport, le cyclisme, considéré trop souvent comme simple – il suffit de pédaler et c’est celui qui pédale le plus vite qui gagne – voire simpliste, fait pour les simples d’esprit. Il n’y aurait pas besoin de réfléchir, seulement de pédaler.
A toutes celle et tous ceux qui pensent comme ça, il faut recommander voire imposer la lecture de « Le coureur et son ombre ». Pour leur éviter d’insulter, même sans le savoir, un sport magnifique. C’est ainsi qu’ancien coureur professionnel, passé aux études de philosophie après une carrière de dix ans et plusieurs Tours de France, devenu écrivain et journaliste, Olivier Haralambon ne donne pas à voir les coureurs ni ne commente leurs exploits. Non, il raconte depuis le peloton ce qu’est être coureur de haut niveau, celui qu’il a été et qu’il restera toujours et ce que sont ses coéquipiers, ses leaders, ses adversaires qui sont aussi ses amis.
Alors qu’est-ce que c’est ? Qui sont ces sportifs capables d’endurer tous les jours et pendant trois semaines des efforts qui mettraient dès le premier jour, la plupart d’entre nous à genoux pour longtemps ? Loin d’être simple, le cyclisme demande non seulement des efforts mais demande aussi une technique pour pouvoir pédaler pendant des heures.
Gravir un col avec des passages à 10%, le descendre à fond, ne s’improvise pas, ça s’apprend. Il faut apprendre à apprivoiser la pente et à gérer son effort. Il y a une élégance dans la position des mains sur le cintre, l’écartement des bras ou les mouvements des jambes sur le pédalier. Le peloton : un être vivant qui s’étire et se modifie sans cesse.
Tout cela, Olivier Haralambon nous le montre, nous le fait comprendre et partager. Véritable déclaration d’amour à ce sport si populaire, analyse technique et humaine de tout ce que représente un coureur cycliste et son équipe, ce livre montre de l’intérieur ce que le pratiquant occasionnel ou le coureur amateur soupçonnent mais n’ont jamais entendu ni lu. Avec des mots, des phrases qui sonnent justes, aussi justes que ces pelotons qui font rêver, Olivier Haralambon nous empêche de voir les coureurs comme les vaches voient passer le train. Et il ne sera plus possible de voir un échappé ni un groupe de poursuivants sans éprouver de la reconnaissance pour ces coureurs qui nous offrent tant de beauté dans leurs efforts.
A lire donc pendant l’hiver avant de remonter sur le vélo dès les premiers beaux jours. Et pour celles et ceux qui ne connaitront jamais l’ivresse de rouler un jour à fond et en groupe, aspiré par les costauds qui sont devant, il leur faudra encore regarder les courses d’un jour ou de trois semaines à la télé mais avec un regard neuf. Un regard vrai. Tant mieux !
Le coureur et son ombre
Olivier Haralambon
éditions Premier Parallèle.16€