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Tout, Tout savoir sur le dernier album d’Astérix: Astérix et le Griffon

par Communiqué

Souvenez-vous…

En janvier, Panoramix s’était réveillé en sursaut !
Il décidait alors de partir pour une destination lointaine aider un vieil ami.

Astérix et le Griffon
Astérix et le Griffon

Puis pendant tout l’été dernier, nous avons accompagné nos gaulois préférés dans leur grand périple pour rejoindre cette destination lointaine et venir en aide à ce mystérieux ami.

Astérix et le Griffon

Destination froid

Astérix et le Griffon

Nous retrouvons ici les totems terrifiants des Griffons plantés dans des étendues vierges, sauvages et gelées à perte de vue…
gâchées par la présence d’innombrables légionnaires romains

Par Jupiter, où sont-ils donc allés se perdre ?!?

Pour le découvrir, chaussez vos brogues molletonnées, enfilez un sayon bien chaud
et partez sur les routes avec nos héros, à la recherche du mystérieux et terrifiant Griffon !

Vous frissonnez déjà ? Eux aussi !

Olécio partenaire de Wukali

Un défi de taille pour celui qui a repris les crayons des aventures d’Astérix depuis 2013

Didier Conrad nous en dit plus :

« À chaque nouvel album, un nouveau défi ! Dans Astérix et la Transitalique (2017),
par exemple, c’était ces nombreuses planches mettant en scène des chevaux, si chers
à Albert. Pour cette 39e aventure, mon compère Jean-Yves Ferri m’a mis au défi de dessiner le froid ! Comment ne pas être monotone en proposant des paysages tout blancs ! Un véritable casse-tête et de longues nuits… blanches !

La première case de l’album où apparaît ces paysages spectaculaires a été la case la plus facile à dessiner et est un clin d’œil sympathique à la série (voir La Grande Traversée !) : elle est toute blanche, et décrit « une steppe immense et glacée que le brouillard recouvre ! » C’est après que ça se gâte !! »

Une expédition en terre… sarmate !

À l’Ouest de l’Europe, Rome et sa civilisation bien installée (même si un village gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur !). À l’Est, le Barbaricum, ce vaste territoire inconnu, sauvage et inexploré, qu’occupent des peuples aux noms étranges. Parmi eux, LES SARMATES !

Les Sarmates formaient un peuple nomade qui vivait au Nord de la mer Noire du VIIème siècle avant J.-C. jusqu’au VIème siècle de notre ère, remplaçant les Scythes en Ukraine, occupant la plaine hongroise et domi- nant toutes les steppes entre l’Oural et le Danube. Ce qui fait d’eux les ancêtres des Slaves.

Astérix et le Griffon

Qui étaient les Sarmates ?

d’après Astérix, les peuples antiques expliqués par Bernard-Pierre Molin, éditions EPA (2020)

Les Sarmates sont un peuple nomade mentionné pour la première fois au Ve siècle avant, notre ère, par Hérodote ! Peuples guerriers, excellents cavaliers, ils dominaient au début de notre ère toutes les steppes entre l’Oural et le Danube.

Déjà présents dans quelques cases de Astérix et la Transitalique en 2017 (engagé aux côtés d’autres chars dans la course), les Sarmates vivaient dans la steppe et ont combattu les Perses en s’alliant d’abord avec leurs cousins scythes. Ils ont ensuite fait une nouvelle percée pour supplanter ces derniers et dominer une partie de l’Europe centrale au IIe siècle avant notre ère. D’ailleurs, Polonais et Russes revendiquent aujourd’hui un héritage « sarmatique ».

Culturellement et linguistiquement proches des Scythes – tous parlent une langue indo-iranienne –, les Sarmates partagent également leur souci de parité. Ainsi les femmes, vêtues et armées comme les hommes, s’engagent-elles au combat avec grande détermination et fureur. Elles sont à l’origine du mythe des Amazones, tel que décrit par Hérodote.

Les Sarmates ont joué un rôle politique et militaire essentiel en Europe centrale et orientale. Ils furent aussi des acteurs importants des échanges culturels, technologiques, commerciaux et militaires. Admiratifs des techniques de guerre des Sarmates, excellents cavaliers (finalement, les Cosaques sont les héritiers de cette grande tradition de cavaliers soldats), les Romains en engageront certains comme mercenaires, et représenteront même leurs chevauchées sur la colonne Trajane, inaugurée à Rome en 113 après J.-C. Cent ans plus tard, au IIe siècle, les Sarmates des deux sexes seront soumis par les Goths mais se vengeront en soutenant les Huns lorsqu’ils débarqueront.

Trois questions à Jean-Yves Ferri, scénariste

Pourquoi avoir choisi cette
zone géographique pour le 39e album ?

Je voulais suggérer un territoire lointain, une sorte de « royaume sarmate » imaginaire, d’où le choix d’une zone située entre Russie, Mongolie et Kazakhstan. Des traces de sépultures de guerriers nomades ont été retrouvées dans ces régions de l’extrême Est de l’Europe.
Et il se trouve qu’un certain Aristée de Proconnèse, poète Grec né vers 600 avant J.-C, y a situé ses étranges récits
de voyages. Ça m’a donné l’idée de suivre ses traces et de placer là-bas mon petit peuple sarmate et son folklore de yourtes et de chamans.

Qu’est-ce qui vous a fasciné chez ce peuple ? Comment vous êtes-vous documenté ?
Il existe quelques livres sur les Sarmates (ceux de Laroslav Lebedynsky par exemple). Mais l’idée n’était pas de faire œuvre d’historien. Un peu comme
une Syldavie imaginaire, il était amusant d’inventer un territoire, avec son folklore et ses croyances. Ça rompt un peu avec la tradition d’Astérix de visiter des pays réels, et ça permet une ambiance de conte qui convient bien à la présence supposée d’un animal fantastique.

L’histoire explique pourquoi ce griffon se retrouve si loin à l’Est ! Pour la documentation, on est parti Didier et moi, sur l’ambiance hivernale dans l’Altaï, faite de steppes, de petites montagnes enneigées couvertes de forêts de mélèzes, creusées de torrents et de petits lacs.

Les films Un monde plus grand (2019) ou Le Cavalier mongol (2019) m’ont aussi aidé pour définir l’ambiance générale de l’album.

Et… notre Griffon dans tout ça ?
Le Griffon dans l’album est l’animal-totem du Chaman. Il cristallise un peu l’ignorance des Romains et la manière fantaisiste dont ils imaginent la faune dans un monde, pour eux, encore largement inexploré. Même doté d’un corps de lion et d’une tête d’aigle, le Griffonne leur parait au départ pas plus improbable que la girafe ou le rhinocéros. Mais au fur et à mesure de leur progression aux confins du Barbaricum, le doute va s’insinuer. Et s’il s’agissait vraiment d’un dieu puissant de la Nature ? Leur mentalité de conquérants va alors commencer à faiblir … Surtout qu’Astérix et Obélix (sans oublier Idéfix !) venus en renfort des Sarmates, ne vont pas leur faciliter le voyage !

Jean-Yves Ferri

Jean-Yves Ferri est né, comme Astérix, en 1959. Dès sa plus tendre enfance, passée à lire le magazine Pilote, sa vocation est née : il sera auteur de bande dessinée ! Après un passage par l’illustration, dès 1993, il sort son premier album, Les Fables Autonomes (Fluide Glacial, 2 tomes parus), avant de créer son célèbre personnage d’enquêteur rural Aimé Lacapelle (Fluide Glacial, 4 tomes parus). Sa rencontre avec Manu Larcenet en 1995 débouche sur la création de sa série phare Le Retour à la terre (Fluide Glacial, 6 tomes parus), dont le dernier titre Métamorphoses est paru en 2019. Ferri et Larcenet signeront aussi en parallèle Correspondances (Ed. Les Rêveurs 2006) et les deux tomes du Sens de la vis en 2007 et 2010 (Éd. Les Rêveurs). Ferri est également l’auteur de De Gaulle à la Plage (Dargaud) adapté en 2020 en dessin animé et diffusé sur Arte. Entre temps aussi, Ferri rencontre en 2013 un certain Didier Conrad…

Astérix et le Griffon

Le Griffon
par Hélène Bouillon, conservatrice au Louvre-Lens

A quoi ressemble un Griffon ? Où retrouve-t-on ses premières traces ?

Le Griffon est une créature mythologique entourée de mystère. Et cela fait 5000 ans que ça dure ! Il a le corps d’un lion, possède des serres, des ailes et un bec de rapace. Ses premières traces ont été découvertes en Iran, imprimées dans l’argile : des impressions de sceaux datant d’environ 3500 av. J.-C. On sait qu’elles circulent, car à peu près à la même époque, des lions ailés à tête d’aigles sont aussi représentés en Égypte.

Au IIe millénaire avant J.-C., les images du Griffon apparaissent au Levant, en Anatolie et à Chypre notamment sur des plaquettes d’ivoire sculptées décorant les trônes et les lits royaux.

À la même période, il voyage au gré des échanges commerciaux sur les bateaux cananéens (côtes palestiniennes, syriennes et libanaises), puis au Ier millénaire avant J.-C. avec les Phéniciens et Grecs, ainsi qu’aux alentours de la mer Noire où il décore les armes et le mobilier des peuples nomades comme les Scythes. Pour les Grecs, les Griffons sont les gardiens des trésors d’Apollon et de Dionysos.

À la même époque il est utilisé comme décor de palais chez les Perses achéménides. On le retrouve aussi sur les trônes et la vaisselle de luxe des Phrygiens et des Lydiens en Anatolie.

Quel est son rôle dans la mythologie, sa symbolique ?

La symbolique du Griffon a évolué au gré de ses voyages et de son adoption par des peuples aux civilisations très différentes. Il symbolise à la fois la force (son corps de lion), la vigilance (les yeux perçants de l’aigle) et la férocité (les serres et le bec pointu du rapace). Chez les Égyptiens, il symbolise le roi victorieux, les archéologues l’ont essentiellement retrouvé dans des endroits liés à la sphère royale. C’est finalement du grec que vient notre mot « Griffon » (Ve siècle av. J.-C.) qui signifie « le griffu / le crochu ».

Quant à notre Griffon Sarmate, issu de ce « Barbaricum » habité par de nombreux personnages mythiques, il est clair que cette force de la nature représente, comme pour de nombreux autres mythes, un objet de convoitise, car symbole de richesse qu’il suffit d’aller piller. Hérodote ne mentionne- t-il pas plusieurs fois une tradition selon laquelle des griffons vivent près des gisements d’or importants situés au nord de l’Europe ?

Bienvenue au village !

Décryptage

Les auteurs, en nous révélant cette magnifique case, nous proposent un premier aperçu du village sarmate.

Astérix et le Griffon

Astérix, héros de Eastern ?

De grandes étendues sauvages, des gentils qui doivent se défendre contre des méchants, des scènes d’action à couper le souffle… Pas de doute, nous sommes bien dans un Western ! Mais nos auteurs ayant malencontreusement confondu les plaines désertiques de l’Arizona avec les steppes enneigées d’Europe de l’Est, nous voici donc plutôt dans un… Eastern !

Astérix et le Griffon

Vous êtes donc devenu, le temps d’un album, un dessinateur d’Eastern ?

Exactement ! On retrouve tous les codes classiques du Western : de grands espaces, des héros venus de loin aider des innocents, des « sauvages » qui subissent l’arrivée conquérante d’une armée… mais à l’Est !

Comment dessine-t-on un Eastern ?


La recette est simple : des décors magnifiques, de l’aventure, de l’action à cheval et une nature hostile ! Ici, Astérix, s’est clairement rangé du côté des « sauvages » pour secourir au galop ses nouveaux amis et protéger leur animal totem, le Griffon. Dans la case présentée ci-dessus, tout est question de mouvement. Et un soupçon d’humour avec Obélix qui semble penser qu’il ira plus vite si les rôles cheval/cavalier sont inversés !

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans la réalisation de cette nouvelle aventure ?

Quand on parle de Western, on pense immédiatement à des immenses espaces vierges. C’est ce qui saute aux yeux en visionnant les vieux films de John Ford et autres Howard Hawkes. On est obligatoirement soufflé par ces images de nature idyllique. Un vrai challenge pour le dessinateur que je suis : comment célébrer ces films que je dévore depuis ma plus tendre enfance, comment rendre hommage à cette image iconique du cowboy poursuivant les indiens dans un décor de Grand Canyon… Mais sans Grand Canyon ! J’espère en tout cas avoir pu retranscrire sur le papier ces formidables sensations que l’on peut tous ressentir face à un Western traditionnel.

Didier Conrad est né en 1959, également comme Astérix, à Marseille. Sa première bande dessinée, Jason, est publiée en 1978. Il se lance ensuite dans l’animation des hauts de pages du magazine Spirou en compagnie du scénariste Yann, avec qui il crée par la suite la série mythique Les Innommables. Suivront de nombreuses productions pleines d’humour, notamment Bob Marone (1980), L’Avatar (1984), Le Piège Malais et Donito (de 91 à 96) avec Wilbur. En 1996, Didier Conrad s’installe à Los Angeles pour travailler sur le développement visuel et le storyboarding du long métrage d’animation La route d’Eldorado (sorti dans les salles en 2000) produit par Dreamworks SKG. Puis il reprend la BD deux ans plus tard avec la suite des Innommables et poursuit sa collaboration avec Wilbur pour Tigresse Blanche (2005- 2010), la série RAJ (2007-2010) et Marsu Kids (2011-2012). Il rencontre en 2013 un certain Jean-Yves Ferri et déménage en 2014 à Austin (Texas).

Les personnages
Les « méchants »

Ouvrir les pages d’un nouvel album d’Astérix, c’est avant tout découvrir – avec un plaisir coupable – de nouveaux personnages, toujours hauts en couleurs !

Jean-Yves Ferri et Didier Conrad nous révèlent aujourd’hui le visage des « nouveaux méchants », complètement perdus dans ces grandes étendues gelées.

Ò surprise, ils sont Romains !

Astérix et le Griffon

Dansonjus

À la tête de la colonne de Romains envoyés par César pour capturer le Griffon, le centurion Dansonjus traîne son imposante silhouette dans les steppes enneigées des Terres Sarmates. « C’est un personnage de romain un peu différent, nous dit Jean-Yves Ferri, plutôt plus râblé et plus résolu que ceux qu’on voit d’ordinaire dans la série. Dévoué à sa mission, il méprise lee barbare, mais ne voit pas que l’ignorance et la superstition sont plutôt dans son camp. »


Jolicursus

Astérix et le Griffon

Jolicursus est un venator, un gladiateur spécialisé dans le combat avec animaux. « Je voulais en faire un personnage très charismatique », commente Didier Conrad. « Pour se faire, je l’ai affublé d’une impressionnante musculature, recouverte d’une peau de tigre toute aussi impressionnante. »

Astérix et le Griffon
Terreinconnus

Terreinconnus

« On nous réclame des caricatures à chaque album ! Dans ce personnage , je suis certain que vous reconnaitrez un de nos grands écrivains hexagonaux ! », nous avertit Jean-Yves Ferri.

Terrinconus est le géographe de César.
Il est la tête pensante de cette expédition romaine, présent dans cette aventure pour l’amour de la Science.

Les différentes éditions

édition classique:
9,99 €. 48 pages. 218 x 287 mm
1er tirage : 2 millions ex.

édition Luxe
39,00 €. 128 pages. Dos carré toilé, tranchefile 365 x 260 mm
1er tirage : 13 000 ex.

Artbook
220 €. Deux livres de 104 pages (260 x 365 mm) sous coffret en plexiglas avec d’un côté, pour la 1ère fois, le découpage complet en storyboard de Jean-Yves Ferri, et de l’autre, les crayonnés et l’encrage de Didier Conrad. Pochette de 2 tirés à part, 1 signé par Didier Conrad et 1 signé par Jean-Yves Ferri
Tirage limité à 1 050 ex. numérotés

édition numérique
7€99

Les titres à l’international

Astérix et le Griffon

Tirage total: 5 millions d’exemplaires

Astérix et le Griffon en chiffres

17 : Nombre de langues dans lequel paraît l’album le 21 octobre
5 000 000 : premier tirage de Astérix et le Griffon dans le monde
6 000 000 : nombre de courriels échangés entre Didier Conrad et Jean-Yves Ferri pendant l’élaboration de l’album
9 : nombre de scènes de bagarres (chiffre à multiplier par 10 pour obtenir le nombre de baffes) 196 : nombre de litres de lait de jument fermenté bus par Obélix dans cette aventure

Les créateurs

Goscinny et Uderzo- Astérix
René Goscinny et Albert Uderzo

Nous sommes en 1959 après Jésus-Christ.
Le scénariste René Goscinny et le dessinateur Albert Uderzo sont sous pression. Ils doivent créer une série originale de bande dessinée issue de la culture française pour le premier numéro de la revue Pilote qui doit sortir quelques semaines plus tard. Dans l’appartement d’Albert Uderzo, les deux auteurs se creusent la tête, lors d’une séance de « tempête de cervelles » désormais historique :
– « Cite-moi les périodes les plus marquantes de l’Histoire de France », commence René.
– « Ben, on a la période préhistorique », tente Albert.
– « Non, déjà utilisée », rétorque son ami.
– « Alors la Gaule et les Gaulois ? »
Aussitôt, René saisit la balle au bond, et les idées fusent. « En deux heures, tout a été fait, décidé… », raconte le scénariste.
C’est ainsi que débutent Les aventures d’Astérix le 29 octobre 1959 dans le premier numéro du magazine Pilote. Bientôt, toute la Gaule est occupée par les romains, la potion magique, les jeux de mots et de sibyllines citations latines. Toute ? Oui, toute. Pour de grands moments d’aventures et de rigolades.

Ce nouvel album d’Astérix est publié un an et demi après la disparition d’Albert Uderzo. À cette occasion, les Éditions Albert René s’associent à Jean-Yves Ferri et Didier Conrad qui déclarent « Albert nous a fait confiance pour respecter les valeurs des personnages qu’il a créés avec René Goscinny en leur faisant vivre de nouvelles aventures. C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons travaillé en son absence sur cet album qui, nous l’espérons, fera la joie de tous les lecteurs ».

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