Le mercredi 6 avril 2022, sous la Coupole du Palais de l’Institut de France, le chorégraphe Thierry Malandain (°1959) était officiellement installé au fauteuil n°1 de la section de chorégraphie de l’Académie des beaux-arts par son confrère Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel et membre de la section de composition musicale…
Depuis 30 ans, Thierry Malandain a créé, dans une esthétique qualifiée de néo-classique, plus de quatre-vingts chorégraphies – au sein notamment du Centre Chorégraphique National qu’il fonda à Biarritz, en 1998, le « CNN Malandain Ballet Biarritz ».]
Dans son discours d’installation, Laurent Petitgirard soulignant la passion pour la musique du récipiendaire – évoqua sa récente chorégraphie sur L’Oiseau de Feu, le chef-d’œuvre d’Igor Stravinski (dont nous pûmes, en outre, voir sur écran de généreux extraits).
Il cita également ses créations sur La Pastorale (Beethoven), Roméo et Juliette (Hector Berlioz), Daphnis et Chloé(Maurice Ravel), Le Sacre du Printemps (Igor Stravinski), La Péri (Paul Dukas), Le Festin de l’Araignée (Albert Roussel), Lucifer (Guillaume Connesson)…
Relatant, au fil de son propos, tous les riches épisodes de la carrière du danseur/chorégraphe, non moins que du sourcilleux historien de l’univers de la danse.
Et concluant : « Votre passion pour la danse, votre intimité avec la musique, votre tendresse pour les danseurs, pour cette vie si réglée et si imprévisible dont vous connaissez intimement les contraintes, les corvées et les gloires, votre détermination à surmonter tous les obstacles financiers & administratifs que d’autres auraient fait mine de ne pas voir, votre fidélité dans l’amitié comme dans l’Art – tout cela vous a donné une stature qui s’est imposée naturellement dans le monde de la danse, sur lequel vous faites flotter un souffle d’amour et de liberté ».
Dans son discours de remerciements, Thierry Malandain rendit tout d’abord hommage à ses consœurs Blanca Li et Carolyn Carlson et à ses confrères Jiří Kylián et Angelin Preljocaj, mais aussi à – « tout là-haut » – Maurice Béjart et Serge Lifar…
Eu égard à la toute récente création de la section « Chorégraphie » (9e section de l’Académie), le récipiendaire n’eut pas – comme il est de tradition – à rendre hommage au précédent occupant de son fauteuil.
Il retraça ensuite l’histoire de l’art de Terpsichore – depuis notamment Louis XIV, « lui-même danseur à s’en rendre malade », qui créa l’Académie royale de Danse, et Pierre Beauchamp, compositeur des Ballets du Roi et des spectacles de Molière…
Thierry Malandain (cliquer pour voir la video de l’installation solennelle et écouter les discours, ) cita aussi la Gavotte de Vestris, réglée à l’Opéra par le célèbre maître de ballet Maximilien Gardel (1741-1787), qui trouva ensuite une place de choix au Pays basque, où on la danse encore de nos jours. (Intervinrent alors, pour notre heureux public, un violoniste et un remarquable danseur.)
Concluant : « Si j’avais un seul souhait d’académicien à formuler, il serait que la Danse, dont on connaît les bienfaits depuis le premier slow d’Adam et Ève, soit aujourd’hui enseignée dans les établissements scolaires ».
Puis nous eûmes droit à une danse d’honneur que les Basques appellent « l’Aurresku », avec txistu (flûte à bec à trois trous) et ttun-ttun (petit tambour à cordes)…
À l’issue de la séance, son « bâton » d’académicien fut remis au récipiendaire par Catherine Pégard (présidente du « Centre Chorégraphique national Malandain Ballet Biarritz » et également présidente de « l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles »).
Non pas « épée » d’académicien (comme il est de tradition), mais « bâton » de chorégraphe – en le même bois de néflier dont est fait le célèbre makila basque, avec pommeau d’argent, singulièrement ouvragé.