La Martinique, c’est presque le Paradis, surtout quand on s’aime. Mais la Martinique c’est aussi un morceau de terre, cette terre où les hommes peuvent être tristes, souffrir. Et Lancelot, jeune journaliste brillant, souffre, énormément. Son Amour, Rose est touché par une leucémie. Si la chimiothérapie s’avère positive, il est vital qu’elle ait une greffe de moelle osseuse. Le plus facile est de trouver un donneur dans la famille. Mais elle est fille unique et sa mère vient de disparaître en mer. Il faut dire que ses parents vivaient sur un bateau, sillonnant les vastes océans. A 13 ans Rose avait exigé de rester sur terre, en Martinique, ce qui ne les avait pas empêchés de continuer leur errance. Reste donc David, le père tombé dans l’alcoolisme. Après bien des menaces, ce dernier accepte de faire une prise de sang pour voir la compatibilité avec sa fille. Mais les résultats sont sans appel : David n’est pas le père de Rose. Et il est reparti ne laissant qu’une carte de l’île d’Ouessant avec une simple phrase « Là où tout à commencé ».
Pour sauver Rose, Lancelot part pour le continent, puis à Ouessant. Là, grâce à l’institutrice locale, il finit par trouver une piste sur la vraie histoire de Rose. S’il arrive à remonter le fil du drame qui s’est joué, il apprend que le père biologique, un médecin urgentiste, est décédé dans un accident de la circulation. S’il a toutes les cartes en main, il se trouve dans une impasse et finit, désespéré, par retourner en Martinique. Mais son amie Lucie, sa colocataire alors qu’il était en école de journalisme, en attente de son accouchement, finit par trouver un nouvel atout qui peut tout faire changer et surtout expliquer le passé et donc le présent.
Ce livre est un aller-retour permanent entre le passé et le présent, comment comprendre quand on ne connaît pas les motivations que certains ont du prendre. Cette tragédie familiale trouve son centre, son point d’orgue où tout de fait se noue, dans un petit îlot de naufrageurs entourés de récifs au large d’Ouessant. Si Lancelot est en quelque sorte le fil conducteur de l’histoire, ce roman est avant tout une série de portraits de femmes : Rose bien sûr, mais aussi Christine, sa mère, Eve, la femme d’affaire qui ne comprend pas son fils et qui, prise par ses affaires, ne fait rien malgré les alertes d’Hannah, son professeur d’histoire et puis Lucie, la résignée qui rêvait d’être journaliste et qui a du renoncer face à la réalité de ce milieu, Anaïs, l’inspectrice de police, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, Gwenola, celle qui a repris les affaires d’Eve. Toutes sont mues par leurs passions, leurs espoirs, parfois brisés, par les non-dits de leurs enfances.
Qui voit son sang un roman d’Élisa Vix, se lit d’une traite, impossible de sortir de cet atmosphère lourde et légère à la fois, la fin de chaque chapitre appelle la lecture dans l’urgence. Soit, c’est loin d’être gai, mais que c’est plaisant. Un très bon livre que l’on se doit de lire.
Qui voit son sang
Élisa Vix
éditions du Rouergue. 18€50