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Pie VII le pape qui s’est opposé à Napoléon

par Félix Delmas

Rien ne prédisposait   Barnaba Niccoló Maria Luigi Chiaramonti à devenir l’un des symboles de la lutte contre la dictature en général et celle de Napoléon Ier en particulier. Et pourtant, son destin, celui que lui a assigné l’histoire, a fait que Pie VII, avec aucun moyen militaire est devenu un opposant à l’Empereur.

Né le 14 août 1742, en Romagne, alors partie intégrante des états pontificaux dans une famille de petite noblesse totalement désargentée, il entre très vite en religion (il est novice à 14 ans) et prend l’habit deux ans après. Il montre une grande appétence aux études jusqu’à sa thèse en théologie en 1765, date à laquelle il est ordonné prêtre. Il enseigne quelque temps à la faculté de Parme, s’intéresse aux idées des lumières de Condillac à l’Encyclopédie de Diderot et d »Alembert. Il poursuit sa carrière universitaire comme professeur de théologie et de droit canonique. Puis il est nommé abbé abbé du monastère Santa Mazri del Monte puis prieur de l’abbaye de Saint-Paul-hors -les-murs par le pape Pie VI dont il est le confesseur et un petit cousin éloigné. En 1782, ce dernier le nome évêque de Tivoli puis en 1785 évêque cardinal d’Imola.

Il ne se comporte pas comme un prince de l’église. Loin de là. Non seulement il visite régulièrement toutes ses paroisses mais fait preuve d’une vraie politique de charité qui le ruine plus ou moins. Quand il invite à l’évêché, les familles nobles doivent lui prêter la vaisselle. Durant les guerres d’Italie, son diocèse est envahi par les troupe du général Augereau et montre une grande modération et même appelle à l’apaisement. On est loin des prêtres fanatisés et fanatiques dans d’autres endroits d’Italie ou en Espagne. D’ailleurs, il pense sincèrement qu’il n’y a aucune incompatibilité entre le catholicisme et la démocratie.

On connaît l’histoire, la mort du général Duphot à Rome entraînant la mise en surveillance surveillée de Pie VI à Valence où il décède en 1799 non sans avoir laissé des instructions canoniques pour le conclave suivant sa mort.

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Le conclave se réunit à Venise et après trois mois, sans avoir été candidat, sans désirer cette charge,  Chiaramonti est élu pape. Il rejoint Rome en 1800, Bonaparte lui ayant restitué les états pontificaux dans la limite du traité de Tolentino de 1797, ce qui signifie la perte de la Romagne.

Il s’attelle avec le cardinal Consalvi (qui l’a fait élire) à réformer l’église, fait rentrer des fonctionnaires laïques, réforme la fiscalité etc, se qui heurte le Sacré Collège et les évêques. Le pape ratifie en 1801 le concordat avec la France qui reconnaît que le catholicisme est la religion de la majorité des citoyens (et non religion d’État). Mais les 77 articles organiques et leur interprétation par Napoléon engendre les premiers conflits. Pour essayer d’y mettre fin, il se rend à Paris en 1804 pour le couronnement. Il n’y assiste qu’à condition que Napoléon et Joséphine soient mariés religieusement.

Ce voyage n’arrange rien d’autant que le pape refuse que les états pontificaux participent au blocus continental contre l’Angleterre en 1806. Il s’ensuit que les états pontificaux sont annexés en 1809. On connaît l’histoire, l’arrestation du pape et son placement en résidence surveillé d’abord à Savone puis à Fontainebleau. Puis son retour à Rome sous la liesse populaire, la restitution des états pontificaux au traité de Vienne, le rétablissement de la Compagnie de Jésus et la continuation des réformes de ses états. Il meurt en 1823 à 81 ans.

pape Pie VII

Pie VII est sûrement le symbole de l’opposition, pacifique à Napoléon. Il n’a jamais changé de conduite, même pendant ses années d’exil. Il défendait son temporel, ne voulait aucune atteinte à la remise en cause de son pouvoir spirituel. Il a même fait brisé l’anneau du Pêcheur alors qu’il était à Savone. Durant ses années d’exil, son attitude n’est pas sans faire penser à celle de Pie XI en 1871 avec la fin définitive des états pontificaux.

C’était aussi un homme bon, qui a délivré plus d’un message pastoral sur la bonté. D’ailleurs n’a-t-il pas accueilli des membres de la famille impériale en 1815 dont Madame Mère ? Indéniablement il admirait Napoléon, et la réciproque était vrai, même si ce dernier l’a successivement traité de Jacobin (alors qu’il n’était qu’évêque d’Imola) de moine, de fou, de sénile. Mais on connaît le langage parfois cru de l’empereur ! C’était aussi un homme de grande culture, bibliophile averti, grand amateur des œuvres antiques. Discret, secret parfois, sachant s’entourer et ayant besoin de conseils variés avant de prendre une décision. Bien que doté de infaillibilité papale, il n’a cessé orls de son exil de réclamer la présence de la Curie à ses côtés.

L’arrestation de Pie VII a fait couler beaucoup d’encre. Malgré les dénégations du général Radet, ce dernier à largement outrepassé les ordres non seulement du général Miollis, gouverneur militaire de Rome mais aussi de Napoléon qui a toujours regretté cet acte. Les ordres visaient l’arrestation du cardinal Pacca, le secrétaire d’état. Et que dire du colonel Lagorse le remplaçant du général Berthier (le frère du maréchal) pour le surveiller à Savone et à Fontainebleau. Encore un gendarme qui su être à peine plus flexible que Hudson Lowe à Saint-Héléne.

Une belle biographie qui retrace la vie d’un homme qui a su, avec ses faibles moyens, devenir un symbole de résistance, bien au-delà de la communauté catholique.

Pie VII
Jean-Marc Ticchi
éditions Perrin. 23€

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