Le musée Granet présente du 29 avril au 28 août 2022, une exposition consacrée à l’œuvre photographique de l’artiste Bernard Plossu sur le thème de l’Italie. La visite met en parallèle deux techniques différentes : les dessins, les lavis, les aquarelles de François-Marius Granet et les photographies de Bernard Plossu. Cette exposition est dédiée à Françoise Nuñez son épouse, également photographe de grand talent, disparue en 2021. Elle a joué un rôle important dans le cheminement artistique de Bernard Plossu, en réalisant notamment des tirages subtils et délicats, le plus souvent dans des petits formats.
L’exposition Italia discreta se développe selon trois thématiques : paysages et vedute, Plossu et le procédé Fresson, Rome.
Toutes ces œuvres ont en commun d’avoir été réalisées en Italie et de montrer principalement des paysages. Deux cents ans séparent ces deux artistes et pourtant, tant de choses les rapprochent, les petits formats déjà, On découvre des petits bijoux, des croquis de Granet réalisés le plus souvent dans des carnets. Lui font écho des photos de petits formats, dont une photo superbe, pourtant pas plus grande qu’un timbre-poste. Cependant tout y est et elle est d’une qualité rare. « Il ne souhaitait pas prendre des photos grandiloquentes, impressionnantes. Plossu c’est la discrétion même, la modestie. Car ce qui rapproche encore ces deux artistes, c’est leur discrétion. » commente Bruno Ely, conservateur en chef, directeur du musée Granet.
« Ce qui nous a intéressé dans ce projet, c’est que le regard de l’un éclaire le regard de l’autre. »
Les deux œuvres ensemble, ce sont deux points de vue qui se rejoignent.
Une vitrine présente les ouvrages de Bernard Plossu sur l’Italie. « Le pays rêvé l’endroit où il se sent vraiment chez lui pour photographier, pour travailler » nous dira Bruno Ely. Un livre recommandé par l’artiste : Le Voyage du Condottière d’André Suarez. « C’est pour Bernard Plossu, le meilleur livre jamais écrit sur l’Italie ».
Une centaine de photographies exposées sont pour la plupart inédites. Elle couvre la période de la fin des années soixante-dix à 2017. L’artiste utilisera beaucoup le noir et blanc, mais il expérimentera aussi la couleur et ce sera une révélation pour le public. En effet, le procédé pigmentaire utilisé est très particulier. Il s’agit du tirage Fresson, découvert en 1967. Ces tirages mats au charbon, connus dans le monde entier, donnent un rendu délavé, granuleux, doux et presque poudré à ses photographies. Il faut reconnaitre que notre regard s’attarde longuement sur la vingtaine de photos, issues du tirages Fresson.
On aime Rome, ville éternelle, mais on pourrait dire qu’on la découvre, différente. On croyait la connaitre, mais sous ces éclairages si singuliers pour l’un, et ses lavis en clair obscurs pour l’autre, Rome se révèle tout aussi secrète que ces paysages comme suspendus dans le temps, solitaires, et énigmatiques. Tiens, un personnage ici, et un autre là, au détour d’une rue, ou au bout du chemin. Il semble surgir de nulle part, se fait oublier sur le papier, mais il est à jamais immortalisé, évocation subtile et là encore discrète, du photographe comme du peintre.
Tous les deux offrent au regard, de magnifiques contre-jours. « Plossu est un photographe marcheur. Il s’interdit volontairement tout matériel lourd. Il voyage léger, libre avec un objectif de 50 mm, le seul qui ressemble au regard humain. Pas de sophistication », confie Bruno Ely. On est dans la délicatesse comme dans la proximité. « Le photographe ne cherche pas à nous impressionner ».
On apprend encore que l’aquarelle pour Granet était, dans un premier temps, davantage un coloriage sur le dessin. Des dessins qui comprenaient des annotations pour pouvoir être terminés en atelier. « Toutes les sensations encore à l’esprit, il pouvait alors mettre en couleur et effectuer quelques rehauts à l’aquarelle ». Même le monochrome, dont on pourrait penser qu’il serait facile à appliquer en extérieur, était mis en couleur en atelier.
L’huile sur le papier était aussi une technique souvent utilisée. Il s’agissait d’appliquer l’huile sur le croquis papier. Là encore, le peintre travaillait en atelier, car la peinture à l’huile n’existait pas encore en tubes pour peindre sur le motif.
On s’attarde sur une vue d’Assises de Granet dont la réserve du blanc du papier est parfaite pour signifier la lumière. Les contrejours romantiques, les contrejours « fantaisistes », un paysage superbe, Vue de la porte San Paolo à Rome envisagé depuis une grotte, « imaginaire », mise en scène efficace. Tous les deux du reste aiment les perspectives, portes, arcades, portiques, arches.
Cette exposition s’inscrit dans une saison consacrée à l’Italie et à Rome en particulier. En effet, à partir du 11 juin et jusqu’au 2 octobre 2022, le musée Granet présentera, en partenariat avec la Neue Pinakothek de Munich, Via Roma. Peintres et photographes allemands de la Neue Pinakothek, une exposition sur les peintres allemands venus dans la Ville éternelle au XIXe siècle, devenue au fil des années le rendez-vous de tous les artistes d’Europe.
S’ajoutera à cette série de peintures, la présentation de photographies d’époque de la ville de Rome et de ses monuments et paysages célèbres
Exposition Italia discreta
Musée Granet, Aix-en-Provence
Commissaires : Bruno Ely, conservateur en chef, directeur du musée Granet
Paméla Grimaud, conservateur du patrimoine, responsable du pôle recherche et conservation du musée Granet
Avec la collaboration de Bernard Plossu.
http://www.museegranet-aixenprovence.fr/expositions/actuellement/plossu-granet.html