Un trentenaire, quelque peu « paumé ». Depuis la mort de sa mère, alors qu’il n’avait que quatorze ans, il ne fait rien, strictement rien, tout au plus il passe le temps. Il n’a pas de problèmes matériels vivant chez son père, « travaillant » une fois par semaine dans l’entreprise de ce dernier qui lui donne une sorte d’argent de poche symbolique… Pas un dilettante, loin de là, plutôt un individu en totale déroute psychique, vivant en totale marge du quotidien et de la société.
Un jour, passant devant un libraire, dans un bac à 1 euros, sans pouvoir s’expliquer pourquoi, il achète La tentation de Saint Antoine de Flaubert. La lecture est loin de le réjouir. Mais suite à un coup de tondeuse malencontreuse, lui qui hait les coiffeurs, se retrouve, suite à un nouveau malentendu, chez un styliste. Soit le résultat est remarquable, mais l’addition, largement supérieure à ses moyens. Il est sauvé par le livre qu’il a toujours dans sa poche, se dit spécialiste de Flaubert et propose de venir au salon pour faire une série de conférences sur l’auteur et de transformer l’établissement en salon visagiste littéraire. Sauf qu’il ne connaît strictement rien aussi bien en littérature en général que sur Flaubert en particulier. Aussi retourne-t-il à la librairie pour essayer de trouver des éléments pour la compréhension de l’œuvre de l’auteur.
Il trouvera bien plus. Le libraire, Florimond, est une sorte d’ermite, vivant au milieu des livres, passant à recopier des poèmes chinois, quelque peu bourru mais prêt à transmettre son savoir sur Flaubert en particulier et sur la Littérature en général. Un lien profond se tisse entre eux, le narrateur, quittant le domicile paternel, vient même s’installer dans la librairie en échange d’un travail de classement de stocks de livres jamais sortis des cartons.
Grâce à Florimond, il tient sa promesse et connaît un vrai succès dans le salon de Fabrice. D’ailleurs, ce dernier finit vite par lui montrer l’attirance qu’il a pour lui.
Roman de passage, d’initiation, Le salon porte sur ce moment où un être humain passe de l’adolescence à l’âge d’adulte, sauf qu’ici l’adolescent a 39 ans… Mais peu importe l’âge légal, ce qui importe c’est le vecteur, le « guide » permettant de passer entre ces deux états, ces deux univers. Ici, c’est Flaubert en particulier et la littérature en général, ce qui nous vaut de beaux développements sur cet auteurs romantique mais aussi sur Gérard de Nerval et quelques autres. Et surtout un grand principe qu’assène Florimond, ne jamais lire des études sur les écrivains, mais se pencher sur leurs écrits et se pencher sur leur vie, ce qui nous vaut un beau pèlerinage à Rouen. L’œuvre et la vie sont étroitement liées, interagissent l’une sur l’autre.
Si on devait résumer Le salon d’Oscar Lalo, en quelques mots, tout de suite on penserait à un hymne à la lecture. On pourrait ranger sans mal ce court roman à côté de Comme un roman de Daniel Pennac, et de tous ces livres, essais, qui nous disent que la lecture est plus que nécessaire à la vie, à la structuration tout comme au développement de notre personnalité, de notre humanité.
Le salon
Oscar Lalo
éditions Plon. 18€