Le Musée de l’Homme présente cet automne une grande exposition temporaire consacrée aux arts et à la Préhistoire. Une occasion unique de voyager dans les temps immémoriaux et de ressentir, à travers l’expression artistique, notre stupéfiante proximité avec les Homo sapiens du Paléolithique et du Néolithique. Au-delà des célèbres Vénus ou des incontournables fresques de Lascaux et de Chauvet, l’exposition présente plus de 90 pièces préhistoriques originales et des centaines d’images numériques de peintures et gravures, montrant des œuvres d’art ancestrales venant de toutes les régions du monde. Riches d’une diversité de formes et d’expressions insoupçonnée, elles illustrent le pouvoir de l’imagination et de la créativité humaine depuis la nuit des temps. Un hommage à la Vénus de Lespugue, mise au jour il y a tout juste cent ans, permet également de découvrir à quel point les artistes modernes et contemporains ont été inspirés par les œuvres des humains préhistoriques.
Des joyaux inestimables rarement réunis
Le premier espace de l’exposition est consacré à l’art mobilier, incarné par ces objets sculptés, gravés ou peints, souvent de petite taille, qui accompagnaient nos ancêtres dans leur vie de nomades : Vénus paléolithiques, outils décorés, représentations sexuelles, animaux sculptés, en ivoire, en roche, en os, en bois de rennes ou de cerf…. Les pièces originales, issues de différentes collections européennes, sont présentées de manière thématique. Certaines d’entre elles comptent parmi les plus anciennes (- 35 000 à – 40 000 ans) retrouvées à ce jour.
Les objets phares des collections du Muséum national d’Histoire naturelle, comme la Vénus de Lespugue, la Vénus impudique de Laugerie-Basse, le propulseur aux bouquetins affrontés d’Enlène, le mammouth de La Madeleine... côtoient des prêts exceptionnels, tels la Vénus de Laussel, le petit cheval de la grotte des Espélugues à Lourdes, le propulseur au faon du Mas d’Azil, et une saisissante plaquette de la Marche représentant un profil humain. La plaquette dite « de l’Auroch rayonnant », découverte récemment sur le site du Rocher de l’Impératrice en Finistère, est dévoilée pour la première fois au public.
Une vision mondiale de l’art pariétal et rupestre
Un deuxième espace convie le visiteur à s’immerger dans l’art pariétal et rupestre du monde entier, à l’aide de dispositifs audiovisuels et multimédia conçus pour l’occasion. Dans une ambiance sombre et feutrée, cet espace numérique invite à contempler le foisonnement des œuvres qui ornent les parois et les roches de tous les continents : des étroites grottes de Dordogne aux vertigineuses falaises chinoises, des îles indonésiennes aux canyons de l’Utah, des cavernes espagnoles aux abris sous-roche australiens ! La pluralité des styles, la palette des outils utilisés et la diversité des animaux et des signes représentés sont décryptés. Des sites fascinants se révèlent, comme celui de Sulawesi, à Bornéo, où certaines des plus anciennes peintures figuratives connues (45 000 ans) ont été découvertes récemment, ou celui de Foz Côa, au Portugal, qui déploie ses gravures rupestres sur plus de 20 km de vallée. Les dispositifs permettent aussi de comprendre l’importance du support dans le geste artistique, de découvrir comment la forme de la roche peut conditionner, engendrer le geste de l’artiste.
Une chose devient certaine avec ce voyage dans l’espace et le temps : si l’on identifie différents styles qui coexistent ou se succèdent, ils ne s’inscrivent certainement pas dans une évolution qui irait du plus simple au plus sophistiqué, comme on pouvait encore le penser au siècle dernier.
Un hommage contemporain à la Vénus de Lespugue
L’exposition se prolonge sur le Balcon des sciences, par un hommage à la Vénus de Lespugue, l’un des plus précieux joyaux du Musée de l’Homme, découverte il y a tout juste 100 ans, le 9 août 1922. Présentée en majesté dans la première partie de l’exposition, elle est ici revue et réinterprétée par les artistes des XXe et XXIe qu’elle a inspirés. Réunissant sculptures, installations et œuvres vidéo, ce tour d’horizon auquel participent, entre autres, Yves Klein, Louise Bourgeois, Brassaï et Jean Arp permet d’interroger aussi bien l’aura de la célèbre vénus en tant qu’icône de la féminité, que la convoitise artistique dont elle fait l’objet depuis sa découverte. Une manière de découvrir à quel point Lespugue est devenue symbole de fécondité… artistique !
Arts et Préhistoire
Muséum d’histoire naturelle
exposition du 16 novembre 2022 au 22 mai 2023
Illustration de l’entête: Propulseur aux bouquetins affrontés d’Enlène, Paléolithique supérieur (Magdalénien) – Muséum national d’Histoire naturelle © MNHN – J.-C. Domenech