75è édition : 7 opéras, 21 opéras en versions concert, 28 concerts et récitals
Pierre Audi, directeur général du Festival, a présenté ce mardi 24 janvier, au Théâtre de l’Archevêché la programmation complète du Festival d’Aix-en-Provence 2023 (du 4 au 24 juillet). Il a commenté, devant la presse, les partenaires, les mécènes, les activités menées à l’année par le service éducatif et socio-artistique Passerelles, l’Académie et l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée.
On découvre le programme de cette édition anniversaire qui, plus que jamais, « renouvellent les approches et le répertoire, élargissent les contours de l’opéra, dialoguent avec les autres arts », comme on peut le lire dans la nouvelle plaquette. Un Festival de l’excellence. Pourtant Pierre Audi reconnait que le climat économique reste compliqué. « Le succès des deux éditions précédentes, 2021 et 2022, nous aident en ce moment. On a fait revenir un public à Aix. Je pense qu’il y a un appétit pour ce que nous proposons et cela nous porte. » nous dit-il.
« On reste dans l’aventure, dans la surprise et l’avant-garde. L’édition 2020 a été annulée, il a donc fallu la redistribuer sur trois éditions et étendre l’offre sur plusieurs années. » nous a t-il confié. « Je rends hommage à nos équipes, qui tiennent à bout de bras tous ces projets extrêmement complexes . C’est un art particulier l’art de composer un festival ! »
On trouve au programme des opéras transportés de l’année 20. Le Wozzeck de Berg , mis en scène par Simon McBurney et dirigé par Simon Rattle avec le London Symphony Orchestra et le Choeur de Chambre de la Philharmonie d’Estonie, qui devait ouvrir l’édition 2020 (touchée par le Covid) sera présentée au Grand Théâtre de Provence.
Un moment grandiose : co-production avec la troupe de la Comédie-Française, une œuvre magique, l’opéra de Quat’sous de Bertolt Brecht/kurt Weill, un chef-d’œuvre de théâtre musical qui marque les débuts de Thomas Ostermeier sur une scène lyrique.
Le public pourra découvrir des chanteurs acteurs de la Comédie Française qui se produiront sur dix dates au théâtre de l’Archevêché.
« Le mot opéra au théâtre musical est à conjuguer de différentes façons et c’est justement ce qui est passionnant. » s’enthousiasme le directeur programmateur.
Depuis 75 ans, la musique contemporaine occupe une place de choix et Pierre Audi met plus que jamais à l’honneur les créations. Après le triomphe de Written on Skin, en 2012, George Benjamin offre au Festival un opéra de chambre. « Cela a pris 5 ans pour que Picture a day like this existe. Elle sera présentée en première mondiale au Théâtre du Jeu de Paume et sera dirigée par le compositeur. » commente Pierre Audi.
Voilà encore le type de belles surprises que le festival peut offrir à son public. La découverte de nouvelles œuvres, de nouvelles formes, avec des créations qui peuvent aussi répondre aux thèmes d’aujourd’hui. Il est essentiel pour Pierre Audi de commander un opéra chaque année. « Il faut découvrir » dit-il encore. « Il faut faire avancer l’art lyrique. »
Au programme encore une autre création européenne, « The Faggots and their friends between revolutions », avec Yshani Perinpanayagam, à la direction musicale, Il s’agit de la troisième une collaboration lyrique entre Philip Venable et le metteur en scène Ted Huffman. Une création d’une heure trente originale, le compositeur a en effet choisi un orchestre baroque pour l’interpréter. Un opéra « barockqueer » coloré et joyeux, aussi rock que baroque, à découvrir au Pavillon Noir.
Pas d’opéra baroque dans la programmation 2023 ce qui est assez inhabituel. En revanche, un opéra baroque va jouer cette œuvre contemporaine. « Chaque année on doit faire des choix. « explique Pierre Audi.
Et le public de suivre car les succès des créations ont été éclatants. Il a envie d’ajouter à leur « menu » une œuvre contemporaine. « Ces œuvres sont certes jouées moins fréquemment qu’une « Traviata » ou encore « Cosi Fan tutte », mais sont passionnantes à découvrir » précise Pierre Audi.
On se réjouit que le festival développe les opéras en concert. Le Prophète de Meyerbeer, Otello de Verdi, ou encore Lucie de Lammermoor de Donizetti, entre autres évènements du festival programmés au Grand théâtre de Provence.
« Les mélomanes, les visiteurs du festival ont envie d’un bouquet très coloré et de contrastes. » constate Pierre Audi. C’est l’une des ambitions universelles que nous gardons à l’esprit.
Contraste assuré avec le Stadium de Vitrolles entre Aix et Marseille. Ce nouveau lieu pour le festival est resté fermé pendant 25 ans. Il a réouvert en 2022 avec la « Résurrection » de Gustav Mahler. Il s’agit bien aussi d’une résurrection pour cet impressionnant « pavé de béton noir conçu en 1994 par Rudy Ricciotti. Il accueillera une triple création cinématographique autour des Ballets Russes » d’Igor Stravinski, trois commandes, à trois cinéastes.
Ce défi visuel d’envergure fera dialoguer musique de ballet et créations vidéo, avec l’orchestre de Paris en live, dirigé par Klaus Mäkelä. L’aventure du festival dans des lieux inédits comme ce Stadium « inspire les artistes ».
Revenir en arrière pour parler du futur
Mozart, sans doute déjà le nom le plus attractif pour le public au début du festival. Le festival a une mémoire. « Chaque édition propose un univers particulier. Ces aventures sont des évènements singuliers, uniques, car pas reproduits, et se souvenir de tout cela est important. » confie le directeur du Festival.
À l’époque, il était déjà question de faire collaborer différentes disciplines. Des artistes créaient des décors notamment. Ils sont toujours là, ils s’abiment dans un coin. Nous sommes en train de répertorier l’histoire du festival afin qu’elle soit accessible à tous, et surtout à la prochaine génération. Ce travail est simplifié grâce au numérique.
Cosi Fan tutte qui était là en 1948 lors de la toute première édition, à la cour de l’Archevêché. Mozart revient d’année en année et le Cosi fan Tutte de 2023, direction musicale Thomas Hengelbrock, va tenir toute ses promesses grâce à la mise en scène du grand Dmitri Tcherniakov entouré d’une distribution audacieuse. Bien sûr, le public s’intéresse aux chefs d’œuvres absolus du compositeur, comme Don Giovanni, ou encore Cosi Fan tutte. On s’interroge sur les « Mozart » restés dans l’ombre que l’on aimerait bien voir ressurgir du passé. Sont-ils plus difficiles à programmer ?
Toujours est-il que ce festival pour tous a de quoi séduire et cette 75è édition se fête dès le mois de juin, avec le très attendu Aix-en-Juin, prélude au festival de juillet. Rappelons-le, il s’agit d’un évènement gratuit, qui se déroulera du 8 au 30 juin.
En partenariat avec Aix-Marseille Université et les institutions culturelles de la Ville d’Aix, le Festival organise des rencontres autour de son patrimoine à l’occasion de ce 75è anniversaire : découverte des coulisses, de l’histoire et des collections du Festival d’art lyrique, grâce à des vidéos, des créations sonores, des tables rondes et des interventions d’experts des arts de la scène. Il y aura aussi des masters-classes, un cycle-ciné, des passerelles de sensibilisation à l’opéra, des rendez-vous entre professionnels, d’autres avec le public… Difficile de tout relater ici.
On se prépare à avoir en juillet prochain un nouveau moment d’éblouissement.
Toutes les informations sur le site officiel du Festival (cliquer)
La billetterie est ouverte depuis le mercredi 25 janvier à 10h pour les abonnements et le mercredi 1er février à 10h pour les places à l’unité !
Illustration de l’entête: Théâtre de l’Archevêché. 16-07-2021. ©Vincent Beaume
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