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Mars fait parler d’elle

par Pierre-Alain Lévy

Il y a bien longtemps que je n’ai traité de la planète Mars, pourtant notre voisin ( enfin quand même et au bas mot au minimum de 220 à 405 millions de kilomètres de la Terre ! ) ne cesse pas de faire l’actualité scientifique dans le domaine de la recherche spatiale.

Les plus anciens de mes lecteurs doivent au fond de leur mémoire se rappeler les Shadoks portés par la voix unique de Claude Piéplu, ces Shadoks qui pompent, pendant que les Gibis creusent

L’infini est notre horizon

C’est un peu cela la recherche martienne, c’est même et surtout cela la recherche scientifique, les Shadoks et les Gibis, c’est à dire deux mondes parallèles – soit des petites équipes de scientifiques discrètes partout dans le monde et dont les travaux encore de diffusion restreinte voire confidentielles impacteront peut être un jour notre quotidien – et d’autre part la majorité de la population, nous-mêmes, qui vaquons indifférents aux travaux des chercheurs. Telle est bien la question fondamentale que doit résoudre la vulgarisation scientifique et ce n’est pas là une mince affaire !

Jamais et à si courte vitesse quasi quotidienne, les chercheurs ne découvrent tant et tant concernant l’astrophysique. Mars constitue à cet égard un exemple fabuleux. Au moment même où nous nous entretenons, le Rover Perseverance après avoir extrait du sol martien des échantillons, constitue un dépôt de secours pour préserver ces précieux échantillons, plan B s’il n’était possible de rapatrier ces carottes sur Terre, lors d’une prochaine mission de retour Mars-Terre !

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Ainsi le rover Perseverance qui a la taille d’une voiture, vient de déposer le dernier des dix tubes d’échantillons qui composent le dépôt. Dix échantillons qui pourraient être ramenés sur Terre pour une analyse approfondie à l’avenir.

Les derniers événements martiens

Perseverance s’est posée en février 2021 sur le sol du cratère Jezero, large de 45 kilomètres, qui abritait un grand lac et un delta de rivière il y a de cela des milliards d’années.

Le robot à six roues recherche des signes de vie ancienne sur Mars et collecte des dizaines d’échantillons qui seront ramenés sur Terre par une campagne conjointe de la NASA et de l’Agence spatiale européenne (ESA) dès 2033, si tout se déroule comme prévu.

L’architecture de base du retour d’échantillons prévoit que Perseverance livre plusieurs dizaines d’échantillons à un atterrisseur de la NASA équipé d’une fusée sur la planète rouge. Cette fusée enverra ensuite les échantillons en orbite autour de Mars, où ils seront accrochés et ramenés sur Terre par une sonde de l’ESA. Perseverance est le seul de ces engins spatiaux qui soit actuellement opérationnel ; le lancement de l’orbiteur de l’ESA et de l’atterrisseur de la NASA est prévu respectivement en 2027 et 2028.

Perseverance a déposé les 10 tubes au dépôt de Three Forks en zigzag, plaçant chacun d’eux à une distance de 5 à 15 mètres de son voisin le plus proche afin d’en faciliter la récupération ultérieure par hélicoptère. Credit image: NASA/JPL-Caltech/MSSS

Perseverance est actuellement en bon état, mais beaucoup de choses peuvent se passer d’ici cinq à six ans. Aussi l’équipe de la mission a donc imaginé le dépôt comme un plan de secours, au cas où le rover ne serait pas en mesure de livrer lui-même les échantillons. Dans ce scénario de secours, deux petits hélicoptères iront chercher les tubes au dépôt, qui se trouve dans une parcelle de Jezero que l’équipe appelle Three Forks, et les ramèneront un par un à l’atterrisseur.

Ces hélicoptères seront lancés à bord de l’atterrisseur en 2028. Ils s’inspireront fortement d’Ingenuity, nous en avons déjà parlé dans WUKALI, l’hélicoptère de 1,8 kilogramme qui a été lancé avec Perseverance à titre de démonstration technologique et qui continue de fonctionner après 40 vols sur la planète rouge.

Les échantillons de Three Forks, d’ailleurs, sont des doubles ; chacun d’eux a un jumeau que Perseverance transporte sur son corps.

Perseverance a déposé les 10 tubes au dépôt de Three Forks en zigzag, plaçant chacun d’eux à une distance de 5 à 15 mètres de son voisin le plus proche afin de faciliter la récupération par hélicoptère.

«En plus du processus de création du dépôt, l’équipe a dû cartographier avec précision l’emplacement de chaque combinaison de tube et de gant (adaptateur) de 18,6 centimètres de long, afin que les échantillons puissent être trouvés même s’ils sont couverts de poussière », ont écrit les responsables du JPL (Jet Propulsion Laboratory). «Le dépôt se trouve sur un terrain plat près de la base de l’ancien delta fluvial surélevé, en forme d’éventail, qui s’est formé il y a longtemps lorsqu’une rivière s’est écoulée dans un lac à cet endroit.» c’est ce qu’a déclaré l’équipe en charge du projet aux journalistes.

Maintenant que son travail de dépôt est terminé, Perseverance va remonter l’ancien delta, examinant les roches dont on cherche à connaître la composition au fur et à mesure. Une fois que le rover aura dépassé un affleurement que l’équipe appelle Rocky Top, il sera en position d’entamer une nouvelle phase de sa mission scientifique, appelée la campagne Delta Top.

«Nous avons constaté que de la base du delta jusqu’au niveau où se trouve Rocky Top, les roches semblent avoir été déposées dans un environnement lacustre », a déclaré Ken Farley, scientifique du projet Perseverance, membre de l’Institut de technologie de Californie à Pasadena.

«Et celles qui se trouvent juste au-dessus de Rocky Top semblent avoir été créées dans ou à l’extrémité d’une rivière martienne se jetant dans le lac», a-t-il ajouté. «En remontant le delta dans un environnement fluvial, nous nous attendons à trouver des roches composées de plus gros grains – du sable aux gros blocs. Ces matériaux proviennent probablement de roches situées à l’extérieur de Jezero, érodées puis emportées dans le cratère

La campagne Delta Top devrait durer environ huit mois, selon les membres de l’équipe de la mission.

Cet article a pu être écrit grâce à la collaboration pointue et érudite de Mike Wall et de Space Com.
Mike Wall est un vulgarisateur scientifique de talent, diplômé des universités de Sydney en Australie, de l’Université d’ Arizona et de l’Université de Californie, Santa Cruz aux USA. Non seulement est-il spécialiste dans le domaine de la recherche spatiale mais aussi de la biologie et d’herpétologie, pas moins.
Mike Wall est l’auteur d’un livre intitulé en anglais «Out There» et publié en novembre 2018 par les éditions Grand Central Publishing.

Illustration de l’entête: Le rover martien Perseverance de la NASA a pris ce selfie en regardant l’un des 10 tubes d’échantillons déposés dans le dépôt d’échantillons qu’il a créé dans une zone surnommée Three Forks. Cette image a été prise par la caméra WATSON sur le bras robotique du rover le 20 janvier 2023, à savoir le 684e jour martien de la mission. (Crédit photo : NASA/JPL-Caltech/MSSS)

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