Après l’Atlas mondial des sexualités, du développement durable , de l’empire napoléonien et de maints autres thèmes, les éditions Autrement viennent de publier un Atlas des guerres de l’époque moderne. Une somme documentaire qui s’étale sur trois siècles et qui débute par les Guerres d’Italie à la Renaissance pour terminer aux guerres de la Révolution (la dernière, celle de la campagne de Moreau sur le Danube en 1800).
Trois siècles où les affrontements entre pays sont plus que multiples, non seulement en Europe mais aussi en Asie, en Afrique ou en Amérique. Des affrontements, des batailles qui ont lieu aussi bien sur terre que sur mer (il faudra attendre deux siècles et pour cause, pour avoir des batailles aériennes).
Pour chaque événement abordé, une double page lui est consacrée riche de cartes et de notes explicatives. Le texte a chaque fois est loin d’être factuel, mais restitue la bataille, ou les faits abordés, dans leurs contextes, qu’ils soient politiques, économiques, ou sociaux. L’École des Annales n’a pas développé son enseignement pour rien.
Bien sûr, l’Europe est le continent le plus étudié, et les auteurs nous montrent parfaitement l’évolution dans la manière de faire la guerre tant de façon défensive ( l’évolution des méthodes de fortifications qui connaîtront leur apogée avec Vauban), qu’offensive. On ne fait pas du tout la guerre de la même façon à Valmy qu’à Marignan. Et à Marignan, les nouvelles technologies telle l’artillerie ont largement évolué, le Siège de la Réole en 1345 où pour la première fois le canon fut utilisé. D’ailleurs les témoins des guerres d’Italie s’interrogeaient sur la redoutable efficacité des armes à feu de tout calibre qui, en plus, mettaient à mal tout l’esprit chevaleresque qui présidait, en théorie, les guerres passées.
Il en est de même au niveau des batailles navales : l’introduction de l’artillerie sur les navires aura pour conséquences la création des vaisseaux de ligne qui vont entraîner la disparition progressive des galères.
Quelque soit l’endroit au monde où se déroulent ces batailles, l’emploi de ces nouvelles armes particulièrement meurtrières conduit les belligérants à trouver toujours et encore de nouveaux combattants, ce qui finira par la conscription en France et le début des guerres de Vendée. N’en déplaise à certains révisionnistes du Puy du fou, l’une (mais pas la seule, je le conçois) des causes de la guerre de Vendée, c’est le refus d’aller se battre pour défendre la Patrie en danger.
Au-delà des changements dans « l’art de faire la guerre », c’est la structure même des états qui évolue : réformes fiscales (la guerre coûte très cher et il faut trouver des moyens pour la financer), développement d’une vraie économie de guerre à travers la métallurgie et la gestion des forêts (pour faire des navires et pour l’industrie) afin de ne plus être dépendant d’autres pays (essentiellement ceux du Nord). Un thème au demeurant qui est toujours d’actualité au XXIè siècle.
Il est a remarquer, essentiellement au XVIè et XVIIè siècle combien le motif religieux est employé pour faire la guerre. Guerres civiles comme en France et en Angleterre, voire aux Pays-Bas, mais aussi guerres de conquêtes comme la Suède durant la guerre de Trente ans, ou les coups de boutoir des Turcs tout au long de cette période.
Ainsi, à travers plus de 200 cartes que ce soient des plans de batailles, de la géographie des empires, des innovations technologiques ou des techniques de combats, se déroulent sur 3 siècles, l’évolution du monde, avant de connaître la révolution industrielle qui va à son tour énormément changer les façons de faire les guerres.
Atlas des guerres
Époque moderne : XVI-XVII-XVIII siècles
Olivier Aranda – Julien Guinand – Caroline le Mao
éditions Autrement. 29€90
llustration de l’entête: La Bataille de San Romano (1432) : la contre-attaque de Micheletto Attendolo da Cotignola. Paolo Ucello (1397-1475). Face recto, avers, avant, vue d’ensemble, 182cm/317cm. Tempera(?) sur bois. @1997RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/ Jean-Gilles Berizzi
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