Heureusement que le sous-titre, en tout petit sur la couverture est : Poésies visuelles et jeux de (mauvais) caractères, car sinon, impossible de classer ce livre. D’ailleurs pourquoi le classer, il est assez unique en son genre. Tout au plus peut-on penser à l’absurde, au dadaïsme, voire au surréalisme. Mais ce qui en dernière instance se dégage à sa lecture est une vraie forme poétique qui fait voler, avec légèreté, l’esprit, voire l’âme des lecteur.
Mais avant faut-il préciser que sous l’appellation L’indéprimeuse se cachent deux sœurs, Félicia et Davina Sammarcelli, imprimeuses corses depuis quatre générations. Deux sœurs, féministes qui connaissent parfaitement les codes régissant le monde du papier et de la typographie sans compter notre univers en voie de numérisation.
Connaissant les codes, elles les utilisent, les détournent, allant jusqu’au bout de l’idée sous entendue dans les mots, dans les phrases. Une couverture de livre, avec elles, doit être en accord parfait avec le titre et elles servent de tous les outils à la disposition des imprimeurs pour y parvenir. Inutile de préciser que souvent, il est impossible de s’essayer de décrire ce que les yeux voient avant même de lire. La typographie est du visuel, pas des mots et les variations qu’elles nous offrent nous mènent dans de beaux univers. Oui, une certaine façon d’imprimer le caractère O et nous avons toute la force du cri de Munch ou alors des baisers. Tout est une question de forme, de volume. Pensons à Apollinaire et à son recueil Calligrammes ! Comment donc décrire la forme de ces géniaux poèmes dont le texte est justement en accord avec cette forme. Indescriptible, mais ô combien génial. Et il est certain que ces jeux typographiques si bien maîtrisés par L’indéprimeuse, ont un côté poétique indéniable.
Tous les titres ne sont pas aussi indescriptibles, mais ceux qui pourraient l’être, attirent l’attention du lecteur par l’humour qui s’en dégage comme cette couverture : Comment aimer sa vie quand les réseaux sociaux vous ont appris que vos amis sont tous cons. Autobiographie. Ou encore: Toutes les fois où vous auriez du vous taire et l’embrasser roman d’amour loupé. Et j’en passe. Tout est (parfaitement, clairement et aussi drôlement) dit !
Et que dire des aphorismes qui parcourent ce livre. C’est du niveau des meilleurs d’Oscar Wilde, jugez en donc : C’est dingue le nombre de plats qui sont nés d’une erreur. Par exemple la cuisine anglaise. Ou encore : Attention quand on dit de vous que vous êtes quelqu’un de brillant, c’est parfois à cause de l’excès de sébum. Parfois, ils peuvent faire montre d’un vrai engagement : Un féminisme qui ne dérange personne, ce n’est pas du féminisme. C’est du marketing ou encore : Femme : avec un « e » prononcé « a », on a tout de suite su qu’on allait rien nous simplifier. On est pas féministe pour rien !
Ce livre permettra à certains de découvrir L’indéprimeuse et ses créations à suivre sur les réseaux sociaux où s’exprime tout son humour parfois décalé, jamais vulgaire, et surtout Jambonlaissé de Guillaume Remuepoire qui n’est qu’autre qu’Hamlet traduit par Google. Vous imaginez le résultat, d’ailleurs il est précisé que c’est un livre qui vaut vraiment de ne pas être lu, c’est tout dire.
Alors découvrez l’univers de l’indépendante qui offre une grande dose d’humour et de détente pour nous sortir de la grisaille dominante.
T’as pas l’impression de prendre toute la couverture ?
L’indéprimeuse
éditions de La Martinière. 14€90
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