En 1930 Henri Matisse (1869-1954) fait une pause dans sa création, il quitte la France pour un voyage à Tahiti et engage un tournant dans son œuvre. L’exposition Matisse Cahiers d’art – Le tournant des années 1930 qui se tient au Musée de l’Orangerie du 1er mars au 29 mai 2023, revient sur cette période décisive qui va remettre l’œuvre du peintre au centre de l’art international pendant l’entre-deux guerres.
Cette promotion de l’œuvre de Matisse s’effectue par le truchement des Cahiers d’art une revue artistique et littéraire française fondée en 1926 par le critique d’art Christian Zervos.
L’exposition se consacre exclusivement à la période située entre 1930-1940, portée par trois lieux emblématiques de ce moment de l’œuvre : Le Philadelphia Museum of Art, Le Musée de l’Orangerie et le Musée Matisse de Nice où le peintre vit depuis 1917. Elle met en lumière le renouvellement créatif qui marque l’œuvre de Matisse dans les années 1930.
Le parcours de l’exposition comporte quatre temps qui se déploient dans un ordre chronologique faisant écho aux numéros de la Revue dont les premiers, datant de 1926 et 1927, installent Matisse sur la scène artistique, avec des œuvres récentes comme Odalisques réalisées à la fin de son séjour niçois.
Le tournant des années 1927-1930
Ces années sont marquées par une longue période de crise et de doute pendant laquelle Matisse, qui entre dans la soixantaine, se consacre essentiellement au dessin et à la gravure et à quelques toiles complexes dont Femme à la voilette qui marque un retour aux recherches formelles des années 1910, au dialogue avec le cubisme abandonné depuis son installation à Nice. Cette œuvre décrite comme « tout aussi tragique que La Joconde » par le poète Louis Aragon annonce la crise qui paralyse le peintre au début des années 1930.
Pendant cette période de remise en cause une rétrospection de son œuvre est soutenue par la revue Cahiers d’art dans laquelle Georges Duthuit publie son texte sur le fauvisme. Des œuvres de jeunesse sont reproduites çà et là ainsi qu’un numéro spécial qui accompagne les rétrospectives de 1931.
Le second thème de l’exposition, la Danse
La lutte d’amour correspond au voyage à Tahiti et aux Etats-Unis. Au cours de ce voyage Matisse reçoit la commande d’une grande composition murale sur le thème de la danse par Albert C. Barnes, son nouveau mécène et collectionneur, avec lequel il séjourne à Merion dans la banlieue de Philadelphie.
Cette commande offre au peintre l’occasion de se renouveler en se lançant dans un grand format et de reposer les fondements de son art. Dans le cadre de ce projet, Matisse développe une réflexion sur le dessin autour du thème de la lutte d’amour, inspiré par la présence à ses cotés de Lydia Delectorskaya, son assistante et son modèle.
La méthode, troisième thème de l’exposition
Cette méthode nous est rendue accessible par la photographie des différentes étapes d’élaboration de La Danse, publiée pour la première fois dans Cahiers d’art en 1935. Dans le même temps Matisse relance son approche réflexive de la série ou de la variation en sculpture. Sa peinture évolue ainsi qu’en témoigne Le Grand nu couché, La dame en bleu ou Le Chant.
Le parcours s’achève sur un quatrième thème : Jardin d’hier
On est à la fin de la décennie marquée par une production picturale, foisonnante et inventive, réalisée dans les nouveaux ateliers de Nice qui évoquent un « jardin d’hiver ». Matisse peint un ensemble de nus et de jeunes femmes vêtues de blouses roumaines dont la beauté des broderies retient l’œil du peintre. Il en transcrit les détails dans des compositions épurées dont la dernière Danseuse au repos nous offre la quintessence.
Pour ceux qui n’auront pas eu la possibilité de se rendre à Paris pour voir cette très belle exposition, ils pourront la voir à Nice du 23 juin au 24 septembre 2023 au Musée Matisse
.Vous souhaitez réagir à cette critique
Peut-être même nous proposer des textes et d’écrire dans WUKALI
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité
N’hésitez pas !
Contact : redaction@wukali.com (Cliquer)
Illustration de l’entête: Matisse, Grand nu couché, 1935, The Baltimore Museum of Art ( Lydia Delectorskaya servant de modèle)