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Le Budapest Festival Orchestra et Iván Fischer

par Pétra Wauters

Les musiciens du Budapest Festival Orchestra investissent pour la deuxième fois le Festival de Pâques à Aix-en-Provence. À la baguette, Iván Fischer, fondateur en 1983 de l’orchestre

A l’honneur, trois compositeurs d’Europe centrale, Ernő Dohnányi, Béla Bartoket Richard Strauss.   

Lors de cette soirée, on retrouve Renaud Capuçon qui interprète le Concerto pour violon n° 1, Sz 36 de Béla Bartók. 


Le programme débute avec Ernő Dohnányi (1877-1960)
Minutes symphoniques pour orchestre, op. 36  

Olécio partenaire de Wukali

On redécouvre ce compositeur hongrois, et c’est un réel bonheur car la musique d’Ernő Dohnányi est peu présente dans les programmes de concert. Ce pianiste virtuose, professeur, pédagogue influent, était aussi chef de l’orchestre philharmonique de Budapest où il mettait en avant la musique de son époque, sans pour autant programmer ses propres œuvres. Comme c’est étrange.

Festival de Pâques Aix-en-Provence et le Budapest Festival orchestra , Iván Fischer
Iván Fisher

On se souvient de ses « variations sur une chanson enfantine » dont le thème principal est le célèbre : «Ah ! vous dirai-je, maman » , voilà qui parle à beaucoup d’entre nous, pourtant il y a tant d’autres belles partitions à découvrir dans la musique romantique d’Ernő Dohnanyi.  Si l’influence de Brahms est bien réelle, il y a chez le compositeur une touche très personnelle, comme on a pu l’entendre dans les minutes symphoniques  » qui ont glissé à nos oreilles avec grâce et volupté.  Tous les instruments, tous les musiciens sont impressionnants, dans cet orchestre dirigé avec maestria. La baguette d’Iván Fischer combine la précision, le sens de la narration, et le public peut tout lire et tout comprendre de cette musique. Un bravo appuyé pour le cor anglais,  magistral dans son interprétation. 

Béla Bartok et Renaud Capuçon, à la suite du programme avec le Concerto pour violon n°1, Sz36

On se souvient encore de son Concerto pour violon n° 2 joué en 2018. Là encore, tout est réuni pour plaire. Le ton juste de Renaud Capuçon qui ne nous laisse pas voir cette partition comme un parcours d’obstacles, tant son jeu est fluide et propre. Pourtant les difficultés sont bien présentes dans ce concerto. Son violon aérien, livre des textures inouïes, tout en finesse, et des ombres et des lumières parfaites. Quand on connait le violoniste romantique Renaud Capuçon, on peut s’attendre à une telle interprétation, pleine d’ardeur et de mordant.  On aime L’Andante sostenuto, le soin apporté aux phrasés, la sonorité enjôleuse du violon. L’Allegro giocoso est incisif et tranchant, d’une vitalité débordante grâce à une approche très efficace de l’orchestre, là encore admirable dans ces deux mouvements. Le Budapest Festival Orchestra prouve encore qu’il est un grand spécialiste de ce répertoire. Le public a eu droit à des pages de hautes voltiges, avec un Renaud Capuçon bien inspiré par cette musique « d’un onirisme exalté. » pour reprendre ses propos. Une musique qui fascine le musicien, depuis son plus jeune âge. 

Après l’entracte, Richard Strauss 
Don Juan op. 20
Salomé, Danse des sept voiles op. 54
Till Eulenspiegel Lustige Streiche op. 28

Dans les grandes pages symphoniques du compositeur Strauss,  on est forcément séduit par Don Juan, et la musique qui met en scène l’immortel séducteur.

Des atmosphères variées et envoutantes pour tous ces thèmes, ce qui permet aux instrumentistes de cet orchestre, l’un des plus brillants d’Europe on le répète,  de dévoiler leur richesse de timbres. On savoure la danse des sept voiles op.54,  déjà, car elle nous emmène loin, avec ses sonorités exotiques, voire érotiques que l’orchestre traduit par des accélérations à couper le souffle, un complexe sonore « fiévreux,  d’une grande intensité dramatique.

Autre pur joyau orchestral, Till Eulenspiegel Lustige Streiche op. 28. Ivan Fischer et son orchestre mettent en lumière tous les détails de l’instrumentation, donnant à ses pages beaucoup de vie et de relief.

Un grand Bravo pour ces bis ! Le bonheur de jouer était palpable et la joie communicative. En bis 1 : du Monteverdi 

Bis 2 : Vogelfänger de Mozart, comme on ne les a jamais écoutés.  Joyeusement débridés ! 

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