Selon des scientifiques, l’astéroïde qui a anéanti les dinosaures n’a pas déclenché un hiver d’impact de longue durée, ce qui soulève de nouvelles questions sur ce qui s’est passé sur Terre juste après son passage. C’est en effet ce qu’indique un article publié le 20 avril dans LiveScience sous la plume de Joanna Thompson.
Il y a 66 millions d’années, un jour de printemps, un astéroïde de 10 kilomètres de large s’est écrasé sur la péninsule du Yucatán et a bouleversé la vie sur Terre. Cet événement, appelé impact de Chicxulub, a déclenché une extinction massive qui a fait disparaître 75 % des espèces, y compris tous les dinosaures non aviaires. Cette catastrophe globale a été largement documentée par une étude scientifique pluridisciplinaire et internationale, l’expédition 364, et les résultats ont bien entendu fait l’objet d’une publication. (cliquer)
Mais la manière dont l’impact a tué les dinosaures reste un mystère : après tout, ils n’étaient pas rassemblés sous l’astéroïde, attendant d’être écrasés. Pendant des décennies, les scientifiques ont supposé que l’impact avait projeté tellement de poussière et de saleté dans l’atmosphère qu’il avait déclenché un «hiver d’impact» (semblable à un hiver nucléaire), une période de refroidissement prolongé au cours de laquelle les températures ont chuté partout sur Terre.
«Nous avons constaté qu’il n’y avait aucune preuve de l’existence d’un «hiver nucléaire», c’est ce qu’explique Lauren O’Connor, géoscientifique à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas, et première auteure de l’étude. «Du moins, pas avec la résolution de notre étude», qui aurait permis de détecter des baisses de température s’étalant sur 1 000 ans ou plus, précise-t-elle.
Ainsi Lauren 0’Connor et son équipe ont analysé des bactéries fossilisées dans des échantillons de charbon prélevés avant, pendant et après l’impact de Chicxulub. En réponse aux changements de température, ces bactéries épaississent ou amincissent leurs parois cellulaires, «comme si elles mettaient ou enlevaient une couverture« , a-t-elle déclaré.
Les chercheurs ont constaté qu’au cours des millénaires qui ont suivi l’impact, les bactéries ne semblaient pas s’épaissir en prévision de l’hiver. Au contraire, ils ont constaté une tendance au réchauffement sur environ 5 000 ans, qui s’est stabilisée assez rapidement. Ces années chaudes pourraient être le résultat des super-volcans qui ont rejeté du CO2 dans l’atmosphère au cours des millénaires qui ont précédé la fin abrupte de la période crétacée.
Pour d’autres scientifiques, cela cependant ne signifie pas que l’hypothèse d’un hiver à impact soit totalement écartée. La couche de poussière soulevée par l’astéroïde pourrait n’être restée dans l’atmosphère qu’une dizaine d’années, voire moins, sans modifier sensiblement les températures mondiales, mais en plongeant la Terre dans l’obscurité. «Il n’est même pas nécessaire que cela dure aussi longtemps», fait observer Sean Gulick, chercheur à l’université du texas qui n’a pas participé à l’étude. «S’il n’y avait que quelques mois sans soleil, cela suffirait à tuer la plupart des plantes dans le monde».
De facto, avec la disparition de tant de plantes, les herbivores auraient eu du mal à trouver suffisamment de nourriture. La mort de ces espèces aurait provoqué une onde de choc dans la chaîne alimentaire, tuant les grands carnivores et les autres espèces qui en dépendaient. Cet événement, bien que dévastateur, n’aurait été qu’une parenthèse dans les archives fossiles. «C’est vraiment très rapide d’un point de vue géologique», a déclaré M. Gulick.
L’équipe d’O’Connor reconnaît qu’il y a probablement eu une courte période de froid et d’obscurité au début de l’extinction de la fin du Crétacé. Mais cela ne semble pas avoir déclenché une tendance au refroidissement à long terme.
Vous souhaitez réagir à cet article
Peut-être même nous proposer des textes et d’écrire dans WUKALI
Vous voudriez nous faire connaître votre actualité
N’hésitez pas !
Contact : redaction@wukali.com (Cliquer)
