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Restauration de la charpente de Notre-Dame de Paris – Montage à blanc

par Communiqué musée

Restauration de Notre-Dame de Paris : l’établissement public annonce l’achèvement du montage à blanc, en Anjou, des premières travées de la charpente en chêne massif du choeur. Cette étape marque le bon avancement de ces travaux qui conduiront au montage de ces charpentes sur le choeur de la cathédrale, dans les tout prochains mois. 

  • • La charpente du choeur est un ouvrage en chêne massif d’une taille exceptionnelle, d’une longueur de 32 mètres, d’une largeur de près de 14 mètres et d’une hauteur de 10 mètres. Elle est composée de 35 fermes, principales et secondaires, et 22 demi-fermes, formant 6 travées et une abside de forme semi-circulaire. 
  • • Cette charpente qui datait de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle, entièrement détruite par l’incendie du 15 avril 2019, est reconstruite en bois de chêne massif selon un dessin fidèle à l’ouvrage médiéval, conformément aux avis de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). Elle utilise la taille manuelle, particulièrement adaptée au dessin de ces charpentes, respectueuse du fil du bois, et garantissant une très bonne pérennité. 
  • • Ces travaux ont été confiés par l’établissement public, à partir des études menées par les architectes en chef des monuments historiques, maîtres d’oeuvre, au groupement d’entreprises Ateliers Perrault, mandataire, chargés plus particulièrement de la reconstruction de la charpente du choeur, et Ateliers Desmonts, chargés de celle de la nef. 
  • • Le montage à blanc est une étape nécessaire, conforme à l’art multiséculaire des charpentiers. Effectué en atelier, il permet de vérifier la bonne exécution de tous les assemblages avant le montage au-dessus des voûtes de la cathédrale, qui interviendra dans les tout prochains mois. Le montage de l’ensemble de la charpente du choeur dans la cathédrale sera achevé en début de l’année 2024, en cohérence avec la réouverture de la cathédrale en décembre 2024. 
Restauration cathédrale Notre-Dame de Paris-la charpente
Vue 3D du tabouret de la flèche avec mention des différents éléments composant le tabouret
© Etablissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris – Groupement Le Bras Frères/Asselin/Cruard Charpente/MdB Métiers du Bois

L’achèvement du montage à blanc de ces deux premières travées de la charpente du choeur dans les délais prévus démontre la capacité des entreprises du groupement à réaliser les charpentes en utilisant la taille manuelle. 

A l’été 2022, l’établissement public, maître d’ouvrage, a retenu par appel d’offres un groupement de deux entreprises de charpente : les Ateliers Perrault (Maine-et-Loire), mandataire, reconnus pour leur expérience de chantiers complexes en monuments historiques, et lesAteliers Desmonts (Eure), pour leur savoir-faire en taille manuelle. 

Restauration cathédrale Notre-Dame de Paris-la charpente
Schéma d’une travée du chœur de Notre-Dame de Paris
Source : synthèse réalisée par les agences de Philippe Villeneuve, Rémi Fromont et Pascal Prunet, architectes en chef des monuments historiques

La restitution à l’identique des charpentes médiévales de la nef et du choeur mobilise de nombreux savoir-faire : ceux des forestiers de l’ONF pour la sélection des bois, des ingénieurs en structure pour les calculs, des dessinateurs et projeteurs pour les modélisations numériques, plans de taille et d’assemblage, des conducteurs de travaux pour les études méthodologiques et logistiques, des taillandiers pour la fabrication des haches et doloires et enfin de charpentiers pour les tracés d’épure, le lignage, le piquage, la taille et le pré-assemblage des bois en atelier, puis leur assemblage sur site. 

Depuis janvier 2023, les charpentiers du groupement taillent les bois à partir des 1200 grumes sélectionnées. Ils procèdent aux étapes suivantes : 

Olécio partenaire de Wukali

– un dégrossissage selon une technique mixte utilisant le sciage mécanique de deux faces des grumes, puis un équarrissage manuel – ou l’art de transformer un arbre entier en poutre à l’aide d’une hache – ; 

– la taille, entièrement à la main, de chaque pièce de bois ; 

le tracé de l’épure, soit le dessin détaillé et coté à l’échelle 1 de l’ouvrage à construire, réalisé à même le sol de l’atelier ; 

– la « mise sur ligne » qui consiste à assembler horizontalement la vingtaine de pièces de chaque ferme au-dessus du tracé d’épure, pour vérifier le parfait ajustement de leur cinquantaine d’assemblages, tous réalisés sans aucune pièce métallique ; 

– le montage et le liaisonnement des six fermes (deux fermes principales et quatre secondaires) entres-elles, par des liernes, pour former une travée complète. 

Particularité de ce chantier, les charpentiers utilisent en grande partie des outils manuels : la hache de dégrossi et la doloire, pour tailler les pièces de bois. Cette technique, qui avait été délaissée par les compagnons depuis le 19ème au profit d’outils mécaniques, a été préférée pour ces charpentes fidèles au dessin médiéval. Pour ce faire, le groupement a souhaité s’appuyer sur le savoir-faire de la Maison Luquet (Haut-Rhin) et de ses quatre partenaires – l’Atelier Les Frappantes (Gers), l’Atelier Let (Isère), la Taillanderie Claudel (Ille-et-Vilaine) et la Taillanderie Sauvage (Nièvre) – pour produire la cinquantaine de haches de dégrossi et de finitions nécessaires au façonnage de la centaine de fermes qui composent la charpente de la nef et du choeur. 

« Je suis heureux de constater l’excellence des savoir-faire mobilisés pour la restitution de la charpente du choeur. La mobilisation et l’enthousiasme des dizaines d’experts forestiers de l’ONF, taillandiers et charpentiers venus de toute la France, voire pour certains de l’étranger, qui ont souhaité se réunir pour réaliser cette oeuvre collective sont une nouvelle preuve de l’engagement de tous pour permettre la réouverture de la cathédrale au culte et à la visite, en décembre 2024 » déclare le général d’armée Jean-Louis Georgelin, représentant spécial du président de la République, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris.(cliquer)

La restitution des charpentes de la nef et du choeur 

Le choix d’une reconstruction des charpentes respectant le dessin initial des ouvrages, dans leur état médiéval, se justifie par la qualité de l’ouvrage disparu, témoignage rare d’une révolution technique et conceptuelle dans l’art de la charpente au début du XIIIe siècle qui a permis d’augmenter la résistance et la portée des couvertures. Par l’emploi – nouveau à l’époque – des assemblages par tenons et mortaises, couplé au développement de l’art du trait de charpente, les compagnons du début du XIIIe siècle ont élaboré des fermes dont le dessin était très bien documenté avant l’incendie, grâce aux relevés réalisés en 2014 par Rémi Fromont et Cédric Trenteseaux

« Les charpentiers du groupement travaillent actuellement sur la base des relevés que nous avons réalisé en 2014 avec mon confrère et aujourd’hui associé Cédric Trentesaux et sur l’analyse des vestiges de l’ouvrage incendié. La charpente de Notre-Dame telle qu’elle existait avant l’incendie représente un témoignage patrimonial unique de l’art des compagnons du XIIIe siècle. Plus nous l’étudions, plus nous comprenons à quel point elle a représenté un jalon important dans l’évolution technologique des charpentes à cette époque. » explique Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques.

Communiqué : Établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris.(Cliquer))

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